Michel Gbagbo : «200 prisonniers politiques dans les prisons en Côte d’Ivoire»

Michel Gbagbo
Michel Gbagbo. D. R.

Le fils de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien destitué par Alassane Ouattara avec l’aide des Français en 2011, Michel Gbagbo considère que la crise politique dans son pays est restée en l’état et qu’elle perdure. Il a jouté que la réconciliation nationale est très secondaire pour le président Ouattara, alors qu’elle est primordiale pour une solution viable et durable.

Dans une interview accordée au journal français Marianne, Michel Gbagbo, qui est secrétaire national au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, considère que les jeux de la Francophonie, qui s’achèvent dans son pays, sont «incontestablement un échec en termes de mobilisation populaire, et cela tient beaucoup au manque récurrent de légitimité du président Ouattara». Il a ajouté que «nombre de nos concitoyens ont le moral au plus bas, ils ne voient pas les bénéfices concrets de cette supposée renaissance, les emplois manquent, la vie est dure et ils n’avaient pas le cœur à s’amuser». Pour Michel Gbagbo, «beaucoup estiment que ces jeux ont été une source de gaspillage inutile. On a rasé des quartiers, des étudiants ont été privés de leurs chambres, alors que les conditions de scolarité sont déjà précaires».

Le fils de Gbagbo a indiqué que, depuis 2011, date de la destitution de son père à l’issue d’une élection présidentielle contestée, «Alassane Ouattara s’efforce de séduire les milieux d’affaires et les milieux diplomatiques». Si les chiffres macro-économiques sont bons et que les affaires marchent bien, «le système est structurellement très fragile, car la crise politique, elle, n’est pas réglée et empire. Croyez-moi, bien des investisseurs étrangers ne sont pas dupes et certains font leurs bagages».

A propos des prisonniers politiques, Michel Gbagbo voit que «depuis l’accession de M. Ouattara au pouvoir, elle reste entière». «Aujourd’hui encore, près de 200 personnes sont encore détenues dans une dizaine de centres pénitentiaires, en attente d’un procès et d’un jugement, la plupart dans un état de santé délétère».

Selon le secrétaire nation au FPI, «jamais la justice ivoirienne n’a vraiment fait la preuve de son indépendance, et la nouvelle Constitution, qui supprime l’inamovibilité des juges du siège, va accentuer la pression du politique sur la magistrature».

A propos de l’appel lancé par Guillaume Soro, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2011, pour la libération des détenus politiques en Côte d’Ivoire, Michel Gbagbo, tout en accueillant politiquement cette déclaration, estime que «seule cette libération et celle du président Laurent Gbagbo permettront d’enclencher un authentique processus de réconciliation nationale et une stabilité durable». Cependant, il ajoutera en ce qui concerne Guillaume Soro, qu’il s’agit de quelqu’un «qui a été porteur d’une culture de la mort» et qu’il «pense évidemment à 2020 et aux électeurs du FPI».

Ramdane Yacine

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