L’Algérie avertit : «Nous ne laisserons pas la Libye se diriger vers l’inconnu !»
Par Abdelkader S. – Le ministre des Affaires étrangères n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour exprimer le ras-le-bol de l’Algérie face à l’interminable guerre civile libyenne, malgré tous les efforts internationaux auxquels l’Algérie a apporté son soutien. «Cela fait neuf ans que la Libye est enlisée dans une crise qui pèse lourdement sur les Libyens, d’abord, mais aussi sur la communauté internationale et principalement les pays voisins, dont l’Algérie», a affirmé Sabri Boukadoum, ce mercredi, lors d’une visioconférence organisée par l’Allemagne.
«Permettez-moi de le dire aussi clairement que possible : l’Algérie n’est pas disposée à laisser la Libye se diriger vers un avenir inconnu», a mis en garde le chef de la diplomatie, en affirmant sans ambages que la Libye «fait partie de nous et nous ne laisserons pas cette partie de nous continuer de souffrir ainsi». «La sécurité de tous les Etats voisins, dont l’Algérie, dépend de la paix, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de la Libye», a insisté Sabri Boukadoum, qui s’est exprimé en anglais. «Personne ne doit ignorer que nos liens profondément enracinés, notre histoire commune et notre avenir commun imposent naturellement notre position», a-t-il ajouté, en expliquant que «l’approche algérienne, massivement réclamée et acceptée par tous les Libyens, est basée sur les éléments suivants : cessez-le-feu immédiat et désescalade dans tous les domaines, y compris en ce qui concerne la répartition des richesses qui doivent profiter à tous les Libyens».
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé la position de principe de l’Algérie qui n’a eu de cesse d’appeler les Libyens à s’assoir autour d’une même table de négociations car, a-t-il soutenu, «il n’y a pas d’alternative à la solution politique». Or, a encore souligné le représentant algérien, «il ne peut y avoir de solution politique si les forces extérieures continuent d’intervenir en Libye».
L’Algérie a également fait part indirectement de sa colère suite au sabotage de la nomination de Ramtane Lamamra par Antonio Guterres en tant que représentant de l’ONU en Libye. «Nous espérons que le secrétaire général des Nations unies aura enfin son mot à dire sur la désignation d’un représentant spécial, avec notre soutien et celui de la communauté internationale et des Etats voisins», a asséné Sabri Boukadoum. Il a ajouté que cela serait un signal positif pour relancer le processus de paix qui tarde à voir le jour, en raison d’«absurdités cyniques», formule empruntée à son homologue allemand Heiko Maas.
A. S.
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