La répression judiciaire ne peut éliminer la dissidence populaire

Zeghmati répression
Belkacem Zeghmati a dévoyé la Justice. PPAgency

Par Youcef Benzatat – L’époque où tout le monde se contentait de se cacher derrière son ombre pour échapper à la répression du pouvoir et de soupçonner tout le monde d’être un informateur des services de renseignement est définitivement révolue. Le 22 févier et les réseaux sociaux sur internet ont fini par libérer la population de la peur d’appeler un chat un chat, de dénoncer la corruption et nommer les corrompus, y compris dans les hautes sphères de la hiérarchie militaire et de qualifier le pouvoir de dictature militaire sans aucune crainte ni aucune nuance. Depuis, on est entré dans une nouvelle époque dans laquelle le peuple exprime ouvertement son désir de liberté sur la place publique.

Face à cette mutation psychologique de la société où la majorité du peuple est entré en dissidence, pour se constituer en un véritable contre-pouvoir, toutes les anciennes pratiques de répression sont devenues inopérantes. Il n’y a plus de sécurité militaire pour assassiner, interner et forcer à l’exil les opposants politiques. Pas de DRS non plus pour infiltrer les partis politiques, les associations de la société civile, d’affecter des officiers de la police politique dans les rédactions de la presse et de créer des journaux et des partis politiques pour semer la confusion et désorganiser l’opposition. Pas de surveillance obsessionnelle non plus des universités et des entreprises publiques par l’affectation d’officiers du renseignement dans leurs directions.

Jusqu’à février 2019, la dictature militaire n’avait pas grand-chose à faire pour neutraliser toute tentative d’émergence d’un contre-pouvoir. Son système de contrôle de toute opposition politique et de sa répression reposait essentiellement sur ces pratiques qui étaient rodées depuis le tournant de l’indépendance nationale et parfaites après l’ouverture du champ politique au pluralisme en 1989. C’était plus aisé de neutraliser tout contre-pouvoir luttant contre la dictature, qui était pour l’essentiel une affaire de personnalités politiques agissant au sein de partis sans base populaire, de journalistes et d’intellectuels indépendants.

Aujourd’hui, le pouvoir doit faire face à la propagation de l’esprit de dissidence généralisé au sein de la population qui s’exprime à travers le Hirak. Pour cela, il a dû se doter d’une nouvelle arme de contrôle et de répression : la justice. Celle-ci frappe arbitrairement tout militant qui se distingue par sa potentialité d’influence sur le mouvement populaire pour le galvaniser et le sensibiliser à la poursuite de la dissidence.

Depuis que la machine judiciaire s’est ébranlée dans la répression de ces militants, un nombre important a été arrêté et condamné arbitrairement sous de fallacieux délits, dont l’essentiel sera qualifié «d’atteinte à la morale de l’armée, à l’unité nationale, voire de trahison envers la patrie». Alors que la seule motivation de leur condamnation est leur volonté d’exprimer leur dissidence publiquement, qui se résume à un délit d’opinion. Ce qui fait d’eux de véritables détenus d’opinion. Bien que beaucoup parmi eux appartiennent effectivement à des réseaux subversifs liés à des officines étrangères, beaucoup d’autres sont pourtant d’authentiques patriotes engagés politiquement pour mettre fin à la dictature et l’instauration d’un Etat de droit, démocratique et républicain.

Cette nouvelle forme de répression massive a réussi du moins, à ce jour, à faire taire les élites, les médias, beaucoup de partis politiques dits d’opposition et surtout les figures autoproclamées représentatives du mouvement populaire. Ceux qui sont restés actifs soit se sont exilés, soit vivaient déjà en exil.

Avec la pandémie du coronavirus qui a suspendu le mouvement populaire sur le sol national et avec la menace de la répression judiciaire du pouvoir, le Hirak s’est trouvé délocalisé à l’étranger. Cette délocalisation a produit un effet pervers sur le mouvement populaire par la bipolarisation du débat entre deux courants minoritaires et antagoniques, les islamistes et les identitaires, excluant la partie la plus importante de la population qui ne s’identifie ni dans l’une ni dans l’autre de ces deux mouvances idéologiques. Si la confrontation de leur antagonisme avait dévoilé au grand jour leurs intentions réciproques, celles de vouloir s’écarter de l’objectif tracé par le mouvement populaire, elle a surtout mis en évidence leur impertinence et l’importance d’une troisième voie dont l’objectif serait l’édification d’un Etat républicain et souverain de toute intrusion idéologique.

La fin de la pandémie, la reprise ou non du Hirak sur le sol national verront sans aucun doute cette troisième voie devenir la cible privilégiée de la répression du pouvoir, car elle véhicule la véritable solution à la crise politique engendrée par le mouvement populaire. Avec ou sans sa participation aux prochaines échéances électorales, selon qu’elle aurait été structurée et organisée ou non, elle constitue désormais un véritable contre-pouvoir qui s’inscrit dans la durée sous forme d’un processus révolutionnaire irréversible et inaliénable. Le pouvoir saura-t-il inventer un nouveau système de répression pour la neutraliser ou devra-t-il cette fois se résigner et se rendre à l’évidence qu’il ne pourra plus confisquer indéfiniment la souveraineté populaire ? Car l’arme de la répression judiciaire est de toute évidence inefficace devant la dissidence pacifique d’une population entière.

Y. B.

Comment (10)

    abdou
    2 août 2020 - 20 h 49 min

    TITRE PARTIAL
    « Bien que beaucoup parmi eux appartiennent effectivement à des réseaux subversifs liés à des officines étrangères ».
    « Séparer le bon grain de l’ivraie » c’est le rôle de la JUSTICE IMPARTIALE dont ses personnels ne doivent obéir qu’à leur conscience , pour préserver les acquis du Mouvement Populaire et non un »hirak pollué » au service d’ennemis du PEUPLE ALGERIEN, cela est prouvé chaque jour que DIEU FAIT.

    Anonyme
    2 août 2020 - 15 h 29 min

    J’attends toujours que l’on me dise qui sont les leaders des identitaires. Les islamistes ont les Zitout, Dhina, Ali Belhadj etc… mais je n’ai pas la liste des identitaires. Je ne sais pas si certains pensent aux indépendantistes de Mehenni qui ne sont pas des identitaires et ne sont pas concernés par le Hirak car ils ne veulent pas de changement de régime mais tout simplement l’indépendance. Merci de m’éclairer

      Belveder
      2 août 2020 - 17 h 41 min

      le MAK veut l indépendance???? de quoi ??? ils ont délimités un Térritoir???

      ZORO
      3 août 2020 - 15 h 13 min

      Les idenditaires sont tous ceux qui poussent mehenni au séparatisme sans oser le dénoncer pour récolter le fruit de son chantage aux algériens.
      les idenditaires sont tous qui osent lever un drapeau différent de celui des chouhaddas pour nous dire qu’ils sont différents des algériens et pour pousser d’autres algériens à confectionner leur drapeau pour faire valoir leur origine .
      Parmi les idenditaires se cache Louisa Hanoun qui ne qui à travers ses lorgnettes troiskiste refuse de voir des Algériens arabes.
      SigneZORO….Z.

        Anonyme
        3 août 2020 - 21 h 13 min

        @Zoro C’est bien ce que je pensais, tu ne sais même pas de qui il s’agit. C’est normal, parceque c’est juste un leurre !! Ceux qui ont brandi l’emblème amazigh et j’en fait partie, sont au moins aussi nationalistes que toi!! J’ai toujours manifesté avec les deux drapeaux sans jamais remettre en cause le SEUL drapeau algérien (il y en aura jamais deux). J’ai manifesté avec l’emblème tout en étant le plus anti-MAK des algériens. Après 58 ans de propagande baathiste il est tout à fait normal qu’il y ait des algériens qui veulent que cela cesse, mais ce ne sera jamais un programme politique. Ce soi-disant courant identitaire n’est qu’un mythe car il n’y a pas d’autre courant que celui des indépendantistes de Mehenni.

      Abdelouahab GT
      4 août 2020 - 22 h 49 min

      Zoro:
      De quoi je me mêle le Marocain.
      C’est un problème algero-algerien.
      N’est autorisé à parler des constantes algériennes que les Algeriens.
      Tu rentres dans ta tanière dès qu’il s’agit d’un article sur la Maroc.Tu n’as jamais dénoncé le Maroc pour ses attaques contre l’Algerie et les occasions sont nombreuses sur algeriepatriotique.

    loklan
    2 août 2020 - 12 h 31 min

    Vous dites : » la délocalisation du hirak à vu naître deux courants minoritaires et antagoniques, les islamistes et les identitaires, excluant la partie la plus importante de la population qui ne s’identifie ni dans l’une ni dans l’autre ». Je dirais plutôt et de manière honnête, que les deux courants antagonistes MINORITAIRES sont les islamistes et les athéïstes et ce sont bien ces deux résidus de l’ ère communiste qui tentent imploser le Hirak de la majorité écrasante du peuple Algérien qui lui, ne se reconnait ni dans l’ integrisme ni dans l’ athée- grisme, deux face d’ une même pièce. Puis de quelle délocalisation parlez vous ??? Le soutien au hirak en france à toujours eu lieu, de quoi parlez vous ? Les Algériens sont déterminés à redevenir eux même identitairement en imposant leur souverainisme, en opposant ce qu’ ils sont racinairement à la doxa colonialiste arabo- hybridante et à tirer la chasse d’ eau sur les « bureaux arabes », ce résidu colonial, crée par napoleon III. El djazayer madania mechi 3askaria, la irhabia, la KOUFFARA.

    58 ans
    2 août 2020 - 10 h 25 min

    Qu importe le mal est fait ,comme on ne peut revenir en arriéré pour corriger faut aller de l avant d ou la nécessité absolue vitale et urgent pour le bien du pays et ses habitants de se embarrasser des restes des résidus et porter la loi au dessus de tous je dit bien de tous y compris ceux qui la composent l appliquent et la dirigent pour c est meilleur solution appropriée et ça marchera si la plupart des citoyens y croient et je croit que si tout les les algériens ne rendent pas maître leurs opinons et ne prennent l avenir en main on risque de patauger très longtemps encore encore encore

    Belveder
    2 août 2020 - 9 h 29 min

    J ai du Mal a suivre ce raisonnement «  » » la fin de la pendémie la reprise du Hirak » »??? c est un programme ca ??
    personne ne peut se projétté une semaine a l avance.. les états recollent les morceaux et essyent de remonté la pente…En Algerie on devrait se soucier de se remettre a travail ouvrir les ecoles les universités les usines et remettre l economie en marche
    Un travail enormé de nettoyage a été entrpris par de jeunes officiers dans l armé,, de jeunes magistrats laissons les faire et arrétons ces querelles des CONTRIBUTEURS souvent a des milliers de KMS de nous et de nos problemes
    Bonne féte a Tous

    Autour Du pot.
    2 août 2020 - 9 h 23 min

    Rien de nouveau meme son de cloche et aucune preuve solide ds tous ca.

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