L’islamisme pour brimer la voix des peuples musulmans

islamistes peuples
Janvier 1992. Un policier arrête deux islamistes à Bab El-Oued. D. R.

Contribution de Saadeddine Kouidri – Qu’aurait été le jugement des peuples, si l’Allemand Paul Von Hindenburg, président élu le 10 avril 1932 au second tour face à Hitler, avait refusé de nommer ce dernier comme chancelier du Reich en janvier 1933 ? En Algérie, l’Armée nationale populaire (ANP) a refusé les élections législatives du 26 décembre 1991 qui allaient porter une majorité de députés islamistes à l’Assemblée nationale.

En inscrivant dans la première Constitution, en 1963, l’islam religion de l’Etat et l’arabe, comme identité, le nationalisme décadent profitant des divisions qui régnaient aux lendemains de l’indépendance avait introduit le ver dans le fruit que nourrira le Code de la nationalité puis le Code de la famille, que la légalisation anticonstitutionnelle du Front islamique du salut (FIS) en 1989 va transformer en épouvantail dans la scène politique, et pas seulement.

Il est utile de noter que la première victime de l’islamisme dans le mouvement populaire déclenché le 22 février 2019 communément appelé le «Hirak» est le groupe de femmes qui portait la banderole de la revendication «Pour l’abrogation du code de la famille».

Ce code rappelle par sa discrimination celui de l’indigène. Cet indigène avait été élevé à l’identité de «Français musulman», par la puissance coloniale au lendemain de la victoire contre Hitler, pour faire de lui un citoyen ; en le qualifiant de musulman, elle en a fait un citoyen de seconde zone. Voilà que la France, République laïque, persévère dans l’utilisation de la religion pour circonscrire la montée du nationalisme dans ses colonies. Cette arme fourbie permet à la colonisation impuissante de faire face au Mouvement de libération nationale (MLN), de shunter le néocolonialisme à l’islamisme pour se requinquer.

On nous serine l’infiltration comme motif de la désertion de jeunes officiers français musulmans de l’Armée française qui avaient rejoint l’Armée de libération nationale (ALN). Dans ce cas, on peut se demander pourquoi le pouvoir algérien s’est limité à l’enquête, confiée à Benyoussef Mellouk, inspecteur au ministère de la Justice, aux seuls faux moudjahidine et non pas sur les cadis et muftis de la colonisation.

Si les officiers déserteurs ont été adoptés par les officiers supérieurs de l’ALN, la question devient non pas qui est faux moudjahid, mais quelle est la force qui a réhabilité ces magistrats et ce clergé qui étaient aux services de la France coloniale et particulièrement pendant la Révolution ?

L’article 2 de la Constitution, qui fait de l’islam religion de l’Etat, le code de l’infamie, l’arabisation prématurée, la suppression de la liberté de conscience… sont des actes fondateurs de ce courant politique qui utilise la religion, à l’instar de la colonisation pour brimer la voix du peuple. Le sort qui a été réservé Mellouk, inspecteur du ministère de la Justice chargé d’enquêter sur l’authenticité de moudjahid, est une preuve flagrante non seulement de leur existence mais de leur rôle prépondérant dans la sphère politique. Abdelmadjid Chikhi, conseiller du président Tebboune, ne dit-il pas, en conséquence, qu’une partie des archives est «sensible et non communicable au risque de provoquer le chaos dans le pays» ?

Pourquoi s’appesantir sur les Déserteurs de l’armée française (DAF) et non pas sur les cadis, ces juges et les muftis, ces ex-fonctionnaires à la solde de la justice française, si ce n’est pour nuire à l’ANP, l’unique institution qui a su préserver la patrie du sort réservé aux Républiques comme la Somalie, l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, le Yémen, et qui reste à ce jour dans le collimateur des «qui tue qui» ?

Il est évident que l’abrogation des lois scélérates vis-à-vis de la République est la condition sine qua non qui permettra les libertés et démocratisera le processus électoral. Depuis que le socialisme a été abrogé de la Constitution, il est de plus en plus évident que l’appareil de l’Etat est aux mains de la réaction que les officiels qualifient de bureaucratie et que le secret des archives préserve officiellement.

En France, et selon Patrice Bouveret, co-porte-parole de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, «l’ouverture des archives pourrait conduire, par exemple, à des actions juridiques à l’encontre de certains responsables». Encore un témoignage qui prouve que le secret des archives protège des coupables aux dépens de leurs victimes forcément !

Les islamistes, à leur début, reprochaient au socialisme de Benbella-Boumediene sa laïcité ! Nous savons que le socialisme était une suite logique de la victoire de la lutte de Libération nationale. A ce sujet, Ben M’hidi écrivait, en juillet 1956, dans son article «Les objectifs fondamentaux de notre Révolution» : «Le peuple algérien reprend une autre fois les armes pour chasser l’occupant impérialiste, pour se donner comme forme de gouvernement une République démocratique et sociale, pour un système socialiste comportant notamment des réformes agraires profondes et révolutionnaires, pour une vie morale et matérielle décente pour la paix au Maghreb.»

Aujourd’hui, l’absence de solidarité avec Saïd Djabelkhir et l’approbation de la présence de Rachad par certains hirakistes clivent le camp des progressistes et marquent d’une pierre noire la sphère politique. La mauvaise gestion de ces deux événements consolide l’anti-Hirak.

C’est révoltant mais ce n’est pas étonnant de voir un juge accepter la plainte d’offense à l’islam. C’est toujours révoltant mais ce n’est toujours pas étonnant qu’un universitaire se dit affecté par les déclarations et les publications du chercheur islamologue Saïd Djabelkheir car ceux qui refusent l’évolution de la société aspirent à vivre au temps de Dar essoltane el-âalia que chantait Abderrezak Bouguettaya (1938-1979).

El-djounoud fi stouh harsine (les soldats sur les toits, surveillent)

Ya wih li yirfid el aâïnine (gare à celui qui lèvent les yeux)

Yasbah masjoune fil hine (il sera fait prisonnier instamment)

Yi terma fi zaouïa (il sera jeté dans un coin)

Pourquoi le pouvoir français parle-t-il de repentance quand l’Algérie parle de la restitution de ses archives ? La France parle d’amitié et ne lève pas le secret des archives, particulièrement celles concernant les essais nucléaires, dont la radioactivité continue à porter préjudice à nos populations du grand sud comme elle l’avait fait pour la cartographie des mines. Pour leurrer encore, elle parle de la repentance et tente de nous amarrer à son historique qui nie nos victoires, et particulièrement celle remportée par la Résistance populaire pour la survie et celle de la lutte pour la libération. L’histoire n’est-elle pas que la politique du passé quand elle n’est pas une généalogie ?

La politique du passé de la France est encore antagonique à la nôtre. C’est une évidence aux yeux de tout le monde, sauf aux yeux du pouvoir de la droite, et tous ceux qui positivent la colonisation. Si la France veut une histoire commune avec l’Algérie, elle doit commencer par reconnaître politiquement sa défaite face au mouvement anticolonialiste. Elle doit l’illustrer par la reconnaissance en premier de ses propres enfants, ces héros, qui étaient avec l’Algérie dans sa lutte d’indépendance et en faire un fait historique de solidarité entre les peuples.

S. K.

Comment (3)

    Brahms
    19 avril 2021 - 8 h 16 min

    Technique des bédouins de la bédouinerie,

    Tous ces islamistes radicaux servent à attiser la haine t à brider la société civile algérienne avec des codes vestimentaires et la farniente à la Mosquée pour inciter les citoyens à se rendre à la Mecque pour remplir la musette d’argent des bédouins de la bédouinerie qui en retour recycle l’argent de la Mecque dans des terres chrétiennes et juives en club de football, en hôtellerie de luxe, en chaine de magasins, en participations dans des entreprises européennes et américaines, en joaillerie, en or afin d’avoir d’avoir le prestige et le respect.

    Pour ma part, le musulman n’a pas vocation à enrichir les MOABITES du Golfe Persique, qu’ils se débrouillent avec leurs cousins de la juiverie (qui se ressemble, s’assemble et se préfère).

    L’Algérien doit rebrousser chemin par la pédagogie et faire avancer son pays en laissant un héritage à d’autres algériens qui pourront faire plus ou mieux comme l’ont fait nos chouhadas, Boumédiène et bien d’autres. L’algérien doit faire quelque chose dans son pays, on appelle ça le bien commun pour le vivre ensemble et non faire l’inverse c’est à dire détruire, casser, bruler, tuer pour ensuite se sauver sous d’autres cieux comme les Bouchouareb, Saadani qui seront la risée du lieu où ils vivent (étiquette de voleur à vie).

    Kouidri
    19 avril 2021 - 7 h 21 min

    Le business est la maffia

    Business is Business
    18 avril 2021 - 18 h 13 min

    Libérons Commerce Extérieur et établissons la transparence
    Libérons la Douane et établissons la transparence
    Libérons la Somatrach et établissons la transparence
    Etablissons une Justice indépendante,
    Libérons les medias
    PAS PLUS…
    Cela fera sortir au Grand Jour et a la Lumière tous les Rapaces et les Maffieux qui se gavent sur les Dos du Peuple Algérien et veulent le Garder Divisé et sous Contrôle.
    – Le Reste n’est que Diversion, Foutaises et Propagande –
    …Business is Business

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