Extradition imminente d’Abdelmoumen Ould-Kaddour par les autorités émiraties
Par Mohamed K. – L’ancien président-directeur général de Sonatrach, Abdelmoumen Ould-Kaddour serait sur le point d’être extradé des Emirats arabes unis vers l’Algérie. Le «feu vert» aurait été «donné par les autorités émiraties à la justice algérienne», rapporte le quotidien El-Watan dans son édition de ce jeudi. Arrêté le 20 mars dernier alors qu’il faisait escale à l’aéroport de Dubaï, le concerné a été maintenu en garde à vue puis relâché sous caution et interdit de quitter le territoire.
L’ancien PDG de Sonatrach est le principal accusé dans l’affaire de l’achat controversé de la raffinerie d’Augusta, en Italie, malgré les nombreuses mises en garde d’experts qui avaient essayé de dissuader le gouvernement algérien de s’engager dans une transaction coûteuse qui, non seulement est sans bénéfice aucun pour le groupe pétrolier national, mais risque de grever le budget de l’Etat dans un contexte de grande crise économique.
A l’affaire de la raffinerie d’ExxonMobil s’ajoute une autre, celle du «contrat conclu par Sonatrach avec Air Products, une entreprise américaine leader mondial dans les gaz industriels», rapportait le quotidien El-Watan dans une précédente édition. L’affaire remonte à 2018, date à laquelle Air Products et Sonatrach annonçaient des contrats d’investissement en Algérie, portant sur l’approvisionnement en hélium et la création de deux nouveaux sites de séparation des gaz de l’air, précise le quotidien, qui parle d’un «scandale à 200 millions de dollars». Deux unités de production livrées à l’Algérie dans le cadre de cette joint-venture «ont été déclarées non conformes par les experts de Sonatrach», toujours selon El-Watan.
Les démêlés d’Abdelmoumen Ould-Kaddour avec la justice algérienne sont vieux. Et graves. Inconnu dans le secteur de l’énergie, il n’y a pas fait ses preuves grâce à quelque prouesse particulière, mais pour sa proximité avec le ministre de l’Energie de l’époque, Chakib Khelil, et l’ancien véritable patron de Sonatrach sans mission précise, Réda Hemch. Il avait été placé par Chakib Khelil à la tête de Brown & Root-Condor (BRC), une joint-venture algéro-américaine détenue à hauteur de 51% par Sonatrach et 49% par Haliburton. Après quelques années de gestion, Ould-Kaddour s’est trouvé au cœur d’une grave affaire d’espionnage et d’intelligence avec des puissances étrangères. Une affaire qui remonte à 2007. L’enquête menée par les services de sécurité avait abouti à des preuves accablantes contre l’ex-PDG de Sonatrach. Et c’est le Tribunal militaire de Blida qui l’a condamné, le 26 novembre 2007, à trente mois de prison ferme pour «divulgation d’informations classées secret défense». Il quittera la prison en mars 2009 après avoir bénéficié d’une liberté conditionnelle.
L’opacité qui entourait les activités de BRC avait poussé l’ex-président Bouteflika à exiger la dissolution de cette société mixte en janvier 2007. Jamais BRC n’avait présenté de bilan de ses treize années d’activités intenses en Algérie, touchant à la fois à l’énergie et à d’autres domaines. Elle avait obtenu, tout au long de son existence, des marchés de sous-traitance pour une valeur de plus de 70 milliards de dinars. Mais le gros avait été décroché durant la période où Abdelmoumen Ould-Kaddour occupait le poste de PDG et Chakib Khelil celui de ministre de l’Energie et des Mines.
M. K.
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