Colifichets et déchéance : islamisme et berbérisme

FIS Khider
Les résidus du FIS dissous détournant la protesta comme en octobre 1988. D. R.

Une contribution de Saâd Hamidi – Dans son article «Islamisme et populisme : ces deux pestes verte et brune du capitalisme», Khider Mesloub affirme ce qui suit : «Une chose est sûre : ce n’est pas la conscience qui détermine l’être, c’est l’être social qui détermine la conscience. En d’autres termes, l’esprit ne guide pas le monde. Ce sont les conditions socio-économiques qui impriment leurs modèles à l’évolution d’une société.» Si dans les grandes lignes, je souscris tout à fait à l’analyse de l’auteur, il se trouve que sur ce point précis, des recherches scientifiques récentes avancent le contraire de l’assertion précédente de l’auteur. Je vais donner quelques arguments qui plaident pour le renforcement de cette thèse tout en indiquant que le sujet est loin d’être consommé. C’est un jeu intellectuel, à plusieurs niveaux, enchevêtré et fécond. Je ne vais pas m’appesantir sur les notions de métacognition et la relation Sujet-Objet, point de ralliement de toutes les philosophies orientales qui soulignent la primauté de la conscience sur la matière.

Plus que cela, la plupart des pères fondateurs de la mécanique quantique au début du XXe siècle ont tous souligné le primat de la conscience lorsqu’il s’agit d’étudier les phénomènes physiques à l’échelle quantique. Mon propos est d’avancer que l’analyse des moyens de production, aussi bien celle du capital que celle se rapportant à la maximisation du taux de profit, puisent toutes leurs racines profondes dans le paradigme cartésien qui s’appuie essentiellement sur la physique newtonienne, elle-même héritière de la logique aristotélicienne. La pensée marxiste est, à certains égards, dichotomique de même que le réflexe politique manichéen occidental lorsqu’il envisage le monde uniquement sous la lorgnette du bien contre le mal. On se souvient comment le président Bush en a fait la démonstration malheureuse lors de l’invasion de l’Irak. On le voit sous nos yeux comment les Occidentaux envisagent le conflit russo-ukrainien. Insidieusement, on voit également comment ils sont à l’œuvre à travers leurs médias pour imposer et forcer une lecture exclusive et à sens unique des évènements du monde.

Pour revenir à la question qui nous intéresse, nous pouvons la formuler en ces termes : la conscience est-elle émergente, c’est-à-dire est-elle le produit de l’activité neuronale ou bien est-elle préexistante à la réalité ? Depuis le début de ce siècle, plusieurs chercheurs scientifiques soutiennent l’idée que la conscience n’est pas le produit de l’activité cérébrale et cela nous éloigne de Descartes et son fameux «Je pense, donc je suis». Par conséquent, cela met à notre portée un paradigme englobant qui nous offre une vision d’analyse plus large des phénomènes et des conflits qui traversent toute société. Si la contribution de l’auteur s’inscrit dans une approche de logique aristotélicienne, basée sur le tiers exclu, alors l’analyse reste valable et pertinente mais si c’est dans le cadre d’une logique multivaluée du tiers inclus, l’analyse reste toute relative et je dois souligner que cela n’enlève rien à la justesse du propos de l’auteur.

Mais, pourquoi alors je soulève ce point alors que certains vont voir que cela manque d’importance ? Cela est essentiel, de mon point de vue, afin de situer les dégâts causés par le système éducatif, largement imposé par l’Occident, qui nous plonge dans le paradigme cartésien qui est aussi synonyme d’une approche mécaniste et réductionniste des évènements du monde. Cela vient d’une lignée commençant par Aristote, Newton, Galilée, la révolution industrielle, la machine à vapeur et pour finir le capitalisme triomphant et son corollaire le colonialisme, mettant à l’honneur l’égo de l’individu ainsi que la démocratie marchande qui est fondamentalement prédatrice et mue par le besoin créé par l’égo. Et la boucle est bouclée. D’une manière générale, dans nos sociétés, nous n’avons pas laissé de place à un paradigme plus englobant qui, au fond, introduit une autre approche infiniment plus riche et nuancée de la réalité. La spiritualité, ou la religion bien comprise qui peut être considérée comme une philosophie de la vie, est une interrogation permanente sur le sens de la vie et sur la conscience elle-même. Tout comme l’auteur, j’ai eu à dénoncer sur les colonnes d’Algeriepatriotique l’islamisme et le berbérisme comme la peste et le choléra.

Si dans une perspective marxiste, l’analyse de l’auteur est largement vraie, il en va tout autrement lorsque l’horizon de cette analyse dépasse les notions du capital, la lutte du prolétariat, l’islamisme… Pour exemple, l’islamisme est une indigence intellectuelle manifeste avant d’être une fraude morale qui s’habille des oripeaux du capitalisme le plus véreux et qui veut justifier toutes les dérives de la société au seul profit du principe sacro-saint du consumérisme.

Entendons-nous bien, le capitalisme dans son essence est aussi ravageur que l’islamisme, le populisme, le combat identitaire, que le socialisme soviétique mené à la hussarde.

Pour le reste, je vais tenter de discuter les thèses de l’hypothèse suivante. Nous sommes le produit de la conscience mais la plupart du temps nous ne considérons que les aspects concrets et tangibles d’une réalité qui s’impose directement à nos sens. Je vais prendre un exemple très simple. Dans le paradigme de la physique classique, on considère l’eau comme la formule chimique H2O et toutes les explications physiques et mathématiques qui vont avec. Mais, nous pouvons aussi considérer l’eau sous différents angles et de plusieurs manières différentes. Considérée du point de vue de la mécanique ondulatoire (Schrödinger), l’eau est un paquet d’ondes vibrant à une certaine fréquence si, par contre, elle est étudiée du point de vue de la mécanique matricielle (Heisenberg), elle est dans ce cas l’ensemble des particules qui ont une certaine énergie sur une échelle donnée.

Dans cet exemple simple, l’école et notre façon de raisonner habituelle nous amènent à ne considérer que la physique classique qui ne laisse aucune place à la mécanique quantique. Durant les dernières décennies, de nombreuses études ont établi une certaine correspondance entre la spiritualité et la mécanique quantique. C’est un sujet aussi vaste que complexe, et il n’est nullement dans mon intention de l’aborder dans cette modeste et amicale contribution. Pour résumer cette dernière approche, le cerveau (l’esprit ?) est considéré comme un filtre réducteur de la conscience globale. Précisons que dans la philosophie d’inspiration cartésienne, l’esprit est la substance non étendue, non matérielle, qui se manifeste chez l’homme par la pensée.

La conscience globale, quant à elle, serait dissociée de la conscience analytique cérébrale. Ce modèle explique bien des phénomènes parmi lesquels on peut citer le principe d’intrication quantique pour lequel trois chercheurs ont été récompensés par le dernier prix Nobel. Le cadre de pensée le plus approprié serait donc celui de l’immatérialisme ou, dit autrement, c’est le cadre de la physique quantique des champs. La physique et la lumière ne sont ici que la conséquence de l’excitation de divers champs quantiques qui portent, à eux seuls, la réalité physique. C’est donc ce qui n’est pas accessible aux sens qui gouverne ce qui est observable ou pas. Très jeune, j’étais intrigué par l’absurdité de la Salat El-Istiska (Saint Patern pour les chrétiens) pour faire tomber la pluie. Considéré strictement sous l’angle de la physique classique, cette attitude est une monumentale absurdité. Mais cette question peut être envisagée autrement en faisant appel aux notions scientifiques les plus récentes.

Un jour, devant ma patente incrédulité concernant le non-sens de la pratique de la prière pour faire tomber la pluie, un chercheur, spécialiste de l’eau et qui, de surcroît, n’est pas musulman, m’a répondu ceci : «Le fait de prier pour avoir la pluie quand on est musulman découle de ce passage du Coran (Sourate 21, verset 30) : Les incroyants ne savent-ils pas que les cieux et la terre étaient réunis en un tout unique et que nous les avons séparés ? Et que nous avons créé par l’eau toute chose vivante ? Ne croiront-ils donc pas ? Pour l’eau qui est dans toute chose vivante, c’est exactement la position de la science. Si vous êtes croyant et musulman, prier Allah, le créateur de l’eau, peut très bien faire tomber la pluie. Si vous êtes scientifique, tout va dépendre de votre cadre de pensée. Si vous pensez que le monde n’est pas quantique, alors prier ne sert absolument à rien. Si, par contre, vous vous placez dans le paradigme de la gravitation quantique, où temps, espace, matière et pensée sont une seule et même chose, alors prier peut se révéler être très efficace car ce sont vos pensées qui créent le monde. Donc, dans les deux cas, croyant ou scientifique, prier ne peut être qu’une bonne chose.»

Le paradigme de l’immatérialisme nous ouvre des perspectives immenses et qui sont souvent contre-intuitives. Jugez-en : le vide est plein d’énergie, il est plein d’informations, le temps au niveau quantique, donc au niveau de la réalité profonde, n’existe pas, le visible est structuré par l’invisible, etc. Pour faire écho à cette réalité insaisissable, Saint-Exupéry, dans une fulgurante intuition a dit : on ne voit bien qu’avec le cœur car l’essentiel est invisible aux yeux. Le Coran le précise aussi dans [22,46] : «[…] Car ce qui deviennent réellement aveugles, ce ne sont pas les yeux, mais ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines.»

Si dans nos sociétés l’accent a été mis sur ce paradigme, l’islamiste sera ouvert sur le monde et tout simplement il se reconnaitra comme sunnite et chiite, il se reconnaitra également dans toutes les religions et toutes les spiritualités et vivra la religion (religare=lien) comme un véritable lien entre lui et ses semblables, ce qui donnera plus de sens et de vigueur à sa foi. Le berbériste qui ne sera plus adepte du «ou exclusif» se reconnaitra dans toutes les ethnies qui ont façonné et fécondé la dimension algérienne. Il ne vivra plus la détresse psychologique qui le pousse vers l’abîme de la haine de soi puisqu’il veut nier et haïr l’autre.

Enfin, dans ce paradigme englobant à l’image de la théorie de la relativité qui englobe la physique newtonienne, les islamistes, les berbéristes, les Zemmour, les bataillons Azov, les sionistes auront tous besoin d’être inspirés pour bien voir avec le cœur.

S. H.

Comment (7)

    Abou Stroff
    27 février 2023 - 7 h 29 min

    Plus que cela, la plupart des pères fondateurs de la mécanique quantique au début du XXe siècle ont tous souligné le primat de la conscience lorsqu’il s’agit d’étudier les phénomènes physiques à l’échelle quantique. » avance S. H.
    je pense que nous sommes face à une tentative de « réinterpréter » le monde grâce à la mécanique quantique, branche de la physique qui décrit la manière dont se comportent les objets microscopiques, i. e. les atomes, les particules etc..
    je pense que, malgré le pouvoir d’attraction de la mécanque quantiques et des « mystères » qu’elles soulèvent, elle n’a aucune chance d’expliquer quoi que ce soit lorsqu’il s’agit de la dynamique des sociétés humaines et plus précisément de l’Histoire.
    je me contente de souligner:
    – qu’en mécanique quantique, grâce à la dualité onde-corpuscule, un objet microscopique peut se trouver dans plusieurs endroits à la fois. On peut même imaginer une particule qui soit dans une infinité d’endroits à la fois.
    – mais
    -que dans le monde macroscopique au sein duquel nous évoluons, il est impossible que S. hamidi puisse se trouver, en même temps à Paris et à Tataouine les Bains.

    conclusion imparable: quels que soient les apports de la mécanique quantique à notre compréhension de monde physique, sa contribution à l’explication de l’histoire me semble tout à fait insignifiante, pour ne pas dire nulle.

    PS: l’auteur pose la question: la conscience est-elle émergente, c’est-à-dire est-elle le produit de l’activité neuronale ou bien est-elle préexistante à la réalité ?
    l’auteur semble avoir déjà la réponse en tête puisqu’il développe son argumentation en citant: [22,46] : «[…] Car ce qui deviennent réellement aveugles, ce ne sont pas les yeux, mais ce sont les cœurs qui sont dans les poitrines.»
    et la boucle est bouclée, puisque, pour l’auteur la conscience est préexistante à la réalité et cette soi-disant conscience ne peut être que le produit d’une puissance extrahumaine, c’est à dire le Bon Dieu, himself.
    en termes crus, il me semble que l’auteur essaie, par des moyens détournés (en faisant appel à la mécanique quantique) pour remttre en selle le projet mortifère de la vermine islamiste.
    ceci étant dit, je pense que les algériens vivants en Algérie ont des préoccupations plus terre à terre et tout algérien sensé peut remarquer les ravages causés, à tous les niveaux, par la vermine islamiste.

    wa el fahem yefhem.

    Qu'est ce qui est au dessus ?
    26 février 2023 - 13 h 37 min

    Les Islamistes et les Berberistes considèrent respectivement le drapeau Islamique et le drapeau Amazigh comme le leurs et que notre drapeau national n’a aucune valeur. MOI , le drapeau national est au dessus de ces étendards, je suis Algerien avant tout, ce qui enlève en rien que je sois musulman et berbère MAIS d’Algérie. Je ne me sens pas beaucoup d’affinités avec les Berberes et les musulmans des autres pays. Les Berberisme et l’Islamisme sont la 5eme colonne qui sont les collabos de pays tiers, heureusement ils sont une minorité mais active et agissante.

    pourquoi .....berbérisme & islamisme ????
    25 février 2023 - 17 h 30 min

    Monsieur Saâd Hamidi merci pour votre contribution mais comme le titre de votre contribution est « colifichets et déchéance : islamisme et berbérisme » et aussi que vous citez au début de votre contribution Monsieur Khider Mesloub , moi je peux avancer qu’il y a toujours chez lui (et chez beaucoup d’autres aussi) cette facilité à mélanger, amalgamer, mettre sur le même plan d’analyse les islamistes et les berbéristes ! On met tout dans le même sac et ce n’est pas juste . C’est connu comme tactique politique chez les personnes qui font ce genre d’amalgame ! Cela fait longtemps que je réponds à chaque fois à Monsieur Khider Mesloub par le biais de Algérie Patriotique lors de ces contributions sur cette question là pour lui dire ce que j’en pense. Berbérisme et islamisme sont deux choses complétement , diamétralement différente.

    Il feint d’oublier que le berbérisme est une revendication politique pacifique dont le but n’est pas la conquête du pouvoir mais tout simplement un combat politique pacifique pour la réhabilitation de la langue amazigh et de sa culture afin qu’elle prenne sa place au même titre que la langue arabe et la culture arabo islamique !

    Les islamistes fondamentalistes par contre ont un objectifs clair celui de conquérir le pouvoir sur la base de la Charia et donc en utilisant l’islam à des fins politiques ! Ils ont pour objectif de régir la société d’une manière autoritaire par des préceptes coraniques ! C’est quand même autre chose, grande différence y’a el khoua, kounou 3ha’kline! La violence est du côté des islamistes fondamentalistes mais pas du côté des berbéristes ! Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître cette différence fondamentale.

      Avec tout mes respects pour vous, oui
      25 février 2023 - 23 h 30 min

      Il faut mettre dans le même panier l’Islamisme et le berberisme car tout 2 usent soit de la religion soit l’identité pour faire de la politique et fracasser l »unite Algerienne. Sachant que nous sommes à 99% des Algeriens Musulmans et Berberes, et un mélange de brassage par les différentes invasions et arabise par l’Islam. Mais dans les camps vous avez des minorités d’extrémistes, pour l’un la finalité doit primer la Charia a la République et la douma islamya et pour l’autre la laïcité, un concept étranger à notre pays concept importé de la France . Ces 2 extrêmes s’alimentent et fragmentent l’unité de notre pays. Retrouvons notre spécificité, notre Algeriannite, notre histoire et faisons de nos différences une richesse, une force dans une République apaisée n

    Les 3 maux de l'Algerie sont
    25 février 2023 - 13 h 53 min

    1/ Les dogmatiques gauchistes qui veulent que l’Algerie reste un pays ferme et sclérosé. Des fonctionnaires, universitaires,… passéistes et obsoletes, minoritaires mais influents 2/ les extremistes islamistes qui utilisent le récipiendaire religieux à des fins politiques pour arriver au pouvoir et nous enfermer dans un.environnement arabo musulman obscurantisme, rétrograde et fachiste qui sont leurs ADNs. 3/ Les Berberistes extremistes qui manipulent les thématiques identitaires pour fragmenter le pays à des fins sécessionnistes principalement francophone. L’ADN de ce groupuscule est raciste, fermé et sectaire. Ces 3 maux nous empêchent de nous émanciper, de nous développer et de penser que nous sommes avant tout une Republique dont les citoyens ont des droits et des devoirs , que notre Constitutuon reconnait les 3 a notre pays les dimensions : Berbère, Arabe et Musulman MAIS que quelques soit notre douar, notre croyance, nous pouvons être Algerien, si nous respectons notre drapeau, notre hymne, nos frontières et notre Constitution. Il nous faut revenir aux fondamentaux de ceux qui nous ont offerts par leurs sangs la liberté et ce grand et beau pays. Si nous arrivons à nous libérer de ces 3 maux, les apprentis sorciers qui sont tentés par l’aventure autocratique n’auront plus de grain à moudre pour le bien des Algeriens et de notre pays.

    La colonie halal
    25 février 2023 - 10 h 37 min

    Amusez-vous avec l’argent du contribuable!

    Belveder
    25 février 2023 - 10 h 13 min

    Le simple citoyen en Algérie est à des Années lumières de ce genre de débat
    Son quotidien c est l inflation son pouvoir d achat l avenir de ses enfants

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