Le ridicule gouverne

Macron Bayrou
Le président français et «son» Premier ministre. D. R.

Par A. Boumezrag – Dans l’ère moderne, la politique a trouvé un nouveau carburant : le ridicule. Si, jadis, il suffisait d’un faux pas pour être condamné à l’oubli, aujourd’hui, le ridicule n’est plus un frein, mais un tremplin. Bienvenue dans une époque où l’absurde se métamorphose en stratégie et où les politiques à la tête des Etats semblent tout droit sortis d’une mauvaise comédie. En 2025, le ridicule gouverne en toute liberté. Et il a bien l’intention de s’installer.

Les temps ont changé. L’ancien modèle, celui des leaders gravement élégants et des politiques bien calibrées, a laissé place à un tout autre genre. Désormais, il n’est plus question de paraître sage ou réfléchi. Non, ce qui importe, désormais, c’est l’apparence, la gestuelle, la mise en scène. Plus de profondeur, plus de réflexion. Juste de l’image. Et que l’image soit, tant pis si la substance s’effondre.

Prenons l’exemple de la scène politique française. Ce n’est plus le talent ou l’expérience qui compte. Non, le dirigeant se doit d’être d’abord photogénique, de répondre aux attentes d’une culture médiatique qui préfère le divertissement à l’analyse. La politique ? Un jeu de rôles. Les réseaux sociaux ? Des podiums de la mode. Une crise ? Un prétexte pour organiser une conférence en ligne avec des filtres Snapchat et des transitions dynamiques. Le ridicule devient ainsi une valeur de substitution, presque une arme de gouvernance.

Et n’allez pas croire que ce phénomène se limite à la France. Dans de nombreux pays, la gestion politique semble désormais faire la part belle au plus grand spectacle. Et le ridicule, loin d’être une anomalie, devient la norme. Il est tellement intégré dans le processus qu’il est parfois difficile de discerner si le leader en question est en train de gérer un pays ou d’enregistrer un vlog pour YouTube. Le ridicule a infiltré l’arène politique avec l’enthousiasme d’un influenceur en quête de likes, et personne ne semble s’en soucier.

Rappelez-vous, tout ça n’est pas un accident. Quand l’absurde et le grotesque s’invitent dans la gouvernance, c’est souvent qu’il existe une volonté sous-jacente : celle de banaliser les erreurs, de neutraliser l’opposition et d’effacer toute forme de remise en question. Le ridicule, comme le disait si bien l’ancien comique, est «une sorte de rébellion pacifique contre la pensée». Sauf que cette rébellion est devenue systématique. Elle est devenue une stratégie, un outil de pouvoir.

L’exemple de la gestion des crises sanitaires en France est parlant. Pendant que les experts débattaient des mesures à prendre, certains leaders ont préféré se concentrer sur l’image qu’ils allaient renvoyer. Réunions filmées à la lumière flatteuse, postures présidentielles sur des podiums en arrière-plan numérique, discours «pleins d’empathie» qui n’étaient en réalité que des exercices de communication. Tout cela n’a rien à voir avec la gestion d’une crise réelle, mais plutôt avec la gestion de l’opinion publique à court terme. Pourquoi ? Parce que, dans ce nouveau monde, l’apparence prime sur l’efficacité.

Le ridicule n’est plus une menace. Il est un atout. Il protège celui qui l’embrasse et l’adapte. En 2025, au-delà de la politique, ce phénomène se propage dans tous les domaines. Les spectacles, les talk-shows, les débats publics, tout est orchestré pour maximiser l’impact visuel. Peu importe si les idées sont vides, tant qu’elles font le buzz. La substance a cédé sa place à la forme, et le ridicule, loin d’être une honte, est devenu un business. Qui veut un discours sérieux quand on peut avoir un tweet viral ?

Certains affirment que le monde politique actuel est en crise de crédibilité. Mais ce n’est pas la crédibilité qui est en crise, c’est la profondeur de la politique elle-même. Le ridicule, en fait, est le seul moteur qui reste en marche, et pour ceux qui le maîtrisent, il est plus puissant que n’importe quel programme ou vision. Il fait de la politique un spectacle en continu. Un show où l’on «like» et «share» avant même de comprendre le fond. Où les prises de parole sont devenues des performances.

Et c’est bien là que réside le danger. Quand le ridicule gouverne sans opposition, il parvient à se légitimer. Il fait des erreurs un jeu. Il rend la politique lointaine et ennuyeuse, une série d’événements sans réel enjeu. Ceux qui crient au ridicule sont ceux qui ne comprennent pas la dynamique : le ridicule est le nouveau pouvoir, l’outil incontournable pour occuper le terrain politique.

En 2025, qui a encore le courage de s’opposer à un tel pouvoir ? Après tout, comment lutter contre un clown quand tout le monde rit de lui ? Plus personne ne sait ce qui est sérieux. Quand le ridicule ne tue pas, il gouverne. Et cette gouvernance a trouvé sa liberté – celle de détruire toute forme de dignité sans jamais en payer le prix.

En politique, la démagogie a remplacé la démocratie, et le spectacle a pris la place du débat. Dans ce monde où l’image prime sur le fond, les dirigeants n’ont plus à se cacher derrière des apparences de compétence ou de sincérité. Tout ce qui compte, c’est de briller à l’écran. Le ridicule, loin de nuire, devient la clé de la réussite. Tout est permis tant que les yeux restent braqués sur le spectacle. Et c’est dans cette liberté que la démocratie s’éteint lentement, absorbée par la machine à rire et à applaudir.

La politique moderne ? Un grand show où personne n’a besoin de talent, tant qu’on a le public.

A. B.

Comment (9)

    Elkendy
    4 mai 2025 - 13 h 18 min

    asinus asinum fricat où le diner de cons

    Abou Stroff
    4 mai 2025 - 7 h 15 min

    la photo qui accompagne le texte de A. B. me rappelle les deux « vieux » du « muppet show », pas vous?

    Lahouaria
    3 mai 2025 - 8 h 47 min

    Ras Jaja

    Brahms
    2 mai 2025 - 14 h 35 min

    Le Roi Soleil veut faire élire le nouveau Pape en faisant pression.

    Avec 3305 milliards d’€ + 65 milliards d’€ à payer en intérêts, il a vraiment besoin du Sahara Occidental, voulant faire comme Donald Trump en UKRAINE avec plus de 1 millions de morts et d’innombrables
    familles brisées à tout jamais, à cause de politiciens inaptes à l’emploi.

    Quand le costume est trop grand, on s’en va.

    Mohamed El Maadi
    2 mai 2025 - 14 h 09 min

    Le phénomène du ridicule dans le discours politique contemporain mérite une analyse philosophique qui interroge les fondements mêmes de la conception de la gouvernance et de la citoyenneté. Dans une époque où l’apparence a pris le pas sur la substance, il est pertinent de se demander comment cette dérive affecte la compréhension du pouvoir et de la responsabilité.

    Le ridicule, en tant que concept, soulève des questions sur la nature du sérieux et de l’engagement civique. Dans la tradition philosophique, le sérieux est souvent associé à la gravité des enjeux et à la responsabilité des acteurs. Or, lorsque le ridicule s’impose comme norme, il remet en cause cette gravité, créant un espace où les décisions politiques sont perçues comme des jeux de rôles plutôt que comme des actes de responsabilité collective. Cette dévaluation du sérieux peut être interprétée comme une forme de désengagement de la part des acteurs politiques, un abandon de leur rôle de gardiens des valeurs et des intérêts de la société.

    De plus, cette situation peut être analysée à travers le prisme de la dialectique hégélienne, où le ridicule pourrait être perçu comme une manifestation de l’aliénation du citoyen face à un pouvoir qui ne lui parle plus. En se concentrant sur l’image et le spectacle, les dirigeants se détournent de la substance des questions qui devraient mobiliser la réflexion citoyenne. Cette aliénation peut engendrer une perte de confiance envers les institutions, conduisant à une apathie généralisée qui fragilise le tissu social.

    Dans ce contexte, il est essentiel de redéfinir le rapport au politique. La philosophie politique enseigne que le pouvoir doit être exercé au service du bien commun, et non comme un simple outil de divertissement. Ainsi, la récupération du sérieux dans le débat public pourrait nécessiter une réévaluation des attentes et des pratiques démocratiques. En s’éloignant du ridicule, il serait possible de retrouver un espace de dialogue authentique, où les enjeux sont traités avec la profondeur et la rigueur qu’ils méritent.

    En somme, le ridicule, loin d’être un simple divertissement, révèle une crise profonde dans le rapport à la politique et aux valeurs qui la sous-tendent. Pour restaurer la confiance et l’engagement citoyen, il est impératif de réaffirmer l’importance du sérieux et de la réflexion critique dans le débat public, tout en rappelant que la politique, dans son essence, devrait toujours viser à servir l’intérêt général.

    Luca
    2 mai 2025 - 12 h 22 min

    Je savais bien qu’il manquait renato à albin , maintenant c’est fait

    Cartouche
    2 mai 2025 - 11 h 40 min

    En France, le ridicule ne tue pas. On en vit.

    Anonyme
    2 mai 2025 - 10 h 20 min

    Michou et Mme Claude doivent se retourner dans leurs tombes. C’est bien triste n’est-ce pas.
    Avec ces 2 têtes de lascars il faut s’attendre à tout

    Anonyme
    2 mai 2025 - 10 h 17 min

    Le clown ukrainien a bien fini par imposer ses volontés aux clowns européens! il continue tjrs à ramasser des sous surtout pour lui

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