Dreysal et Sanfus

Sansal
Boualem Sansal. D. R.

Par Khaled Boulaziz – Ce lundi 2 juin, l’Assemblée nationale française s’apprête à élever Alfred Dreyfus, à titre posthume, au grade de général de brigade. Oui, vous avez bien lu. Dreyfus, le capitaine humilié, traîné dans la boue de l’antisémitisme d’Etat, déjà réhabilité en 1906, honoré mille fois, fera un saut de deux grades, un siècle après sa mort. Ce n’est plus un geste historique : c’est une opération de taxidermie républicaine.

Bien que cette affaire demeure résolument franco-française – embrochée dans les plis d’un drapeau tricolore que le vent d’outre-mer n’agite guère –, et ne nous touche ni par le sang, ni par le droit, ni même par la moindre ligne de nos lois, il nous est néanmoins donné, sinon impérieusement suggéré, d’y apposer un regard. Tel est le privilège que nous concède, dans son infinie onction républicaine, Mme Elisabeth Badinter en personne, laquelle, un jour d’inspiration hyperbolique, s’avisa de reconnaître dans Boualem Sansal l’ombre portée d’un «Dreyfus algérien».

A partir de là, tout s’ouvre, tout vacille, tout s’autorise. La digue de la raison cède sous les flots tièdes de l’analogie. Les comparaisons s’emballent, les figures se brouillent, les mots déraillent, les morts échangent leurs visages, et les vivants – ah, les vivants ! – sont désormais taillés sur mesure, recyclés au gré du marché mémoriel. Les siècles se confondent, la justice devient pastiche, et l’Histoire elle-même s’écrit à l’encre soluble des salons.

Alors, on nous rejoue la scène. Les bancs de l’Assemblée s’emplissent d’émotion programmée. Les députés se recueillent, les caméras s’installent, les discours s’écrivent à la colle morale. On parle de réparer, d’honorer, de tirer les leçons. On ne pense pas, on répète. Le rituel remplace l’analyse. L’hommage devient procédure.

La République n’élève pas Dreyfus, elle s’effondre dans sa propre mise en scène. Incapable de produire une grandeur présente, elle se gave de grandeur passée. Elle fouille dans ses placards, sort ses martyrs, les habille à neuf et les expose. Elle promeut les morts comme on recycle les vieux slogans : pour ne pas avoir à répondre aux questions qui brûlent.

Dreyfus général. Pourquoi pas Jeanne d’Arc ministre ? Pourquoi pas Napoléon promu sous-lieutenant de la transition écologique ? On ne vit plus, on bricole des symboles. On fait semblant de gouverner en agrafant des galons sur des fantômes. Même les républiques les plus délirantes ne gratifient pas les cadavres. C’est une invention française : la nécro-politique d’apparat.

Car, pendant que Dreyfus monte en grade, la République, elle, descend dans les abysses du ridicule. Le pays tangue, les profs s’effondrent, les hôpitaux implosent, les pauvres crèvent, les enfants meurent ailleurs – mais ici, à Paris, en grande pompe, un capitaine devient général. On appelle ça un acte républicain. On devrait dire : un acte de désespoir symbolique.

Et pour donner une allure universelle à ce simulacre, on convoque Sansal, le grand oublié des salons germanopratins, soudain requalifié en Dreyfus algérien. Comme si un désamour littéraire valait une condamnation au bagne. Comme si être snobé par le lectorat valait une dégradation publique. On plaque des étiquettes sur l’Histoire, on distribue des analogies comme des badges.

La République ne pense plus. Elle compense. Elle produit de la mémoire comme d’autres fabriquent de la lessive : en promettant le propre, en dissimulant les taches. Mais ici, rien ne se lave. Tout s’accumule. Les cérémonies remplacent les actes. Les médailles recouvrent les échecs. On honore les martyrs d’hier pour ne pas avoir à affronter les drames d’aujourd’hui.

C’est une République aux gestes lents, aux mots creux, aux pompes funèbres automatisées. Une République qui ne gouverne plus mais administre le passé. Une République qui a perdu la force d’aimer ses vivants, et se réfugie dans le culte stérile de ses morts.

Alors oui, Dreyfus devient général. Et la République ? Elle devient figurante. Spectatrice d’elle-même. Décoratrice de cercueils.

Et puisqu’on est lancés dans les promotions spectrales, pourquoi s’arrêter là ? Notre Dreyfus algérien, Boualem Sansal, est déjà dans les starting-blocks mémoriels. Encore quelques années d’indifférence locale, une poignée de prix européens, une ou deux phrases bien senties contre l’islam, et le voilà prêt à rejoindre le Panthéon narratif des héros homologués.

Il est parfait, Sansal : discret, discipliné, désavoué à domicile, adulé à distance. C’est exactement le profil recherché pour devenir trésor national postcolonial. Pas besoin d’avoir été condamné injustement, il suffit d’avoir été incompris utilement. Pas besoin de souffrance réelle, juste d’un manque d’applaudissements aux bonnes heures. L’indignation calibrée fait le reste.

On l’inscrira dans les manuels – pas en Algérie, bien sûr, mais en France. On le célébrera dans les colloques, entre deux conférences sur la tolérance. On l’évoquera comme on récite un psaume : «Vous voyez, nous avons notre Dreyfus à nous… Et il écrit bien, en plus.» Il faudra bien un jour le décorer. Peut-être pas général, non, mais chevalier de l’ordre du rappel sélectif, officier dans la division de la raison vigilante. Peut-être même académicien, s’il promet de rester sourd.

Ainsi se referme la boucle : on commence avec une victime réelle, persécutée par l’appareil d’Etat, et on finit avec un écrivain décoratif, persécuté par l’indifférence. On passe de la tragédie à la performance symbolique, de l’engagement au musée. Et on appelle cela justice.

Le rideau tombe. Le cercueil brille. L’applaudimètre moral s’emballe. La République est sauvée. A coup de médailles.

K. B.

Comment (33)

    Anonyme
    4 juin 2025 - 15 h 31 min

    Dreyfus et Sansal deux personnages incomparables, deux éducations incompatibles, antinomiques !

    Nasser
    4 juin 2025 - 14 h 27 min

    Excellente intervention de Khaled Boulaziz !!

    NASSER: Ce Sansal n'a et n’aura que ce qu'il mérite ! "Dreysal", "Sanfus" ou "Amar Bouzouar" !
    4 juin 2025 - 14 h 21 min

    Ce Sansal n’a et n’aura que ce qu’il mérite !

    Les principes, l’état de droit, les lois imposent que tous doivent répondre de leurs actes condamnables, tôt ou tard, devant la justice algérienne où qu’ils se trouvent sans aucune condition ! Rien n’y fait ! Ce qui est fait et à faire est irréversible en Algérie quand il est conforme à la loi ! « Dreysal », « Sanfus » ou « Amar Bouzouar » !
    Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il grêle, le dernier mot revient à la justice algérienne! Et la justice a jugé en le condamnant à la prison ferme. Le reste c’est de la couillonnade franco-française !
    C’est un idiot de service qui fait ce que les franco-sionistes lui demandent de faire et de dire !
    S’il avait l’ »intelligence » qu’on lui prête, il ne se serait pas fait avoir, manipulé de la sorte. Devenir traître à son pays ! Pour quels avantages ? S’il y a « avantages » à son âge (75 ans) !
    Il était directeur général au ministère de l’industrie, une belle villa aux environs d’Alger. Il vivait très correctement. Parce que ça ne lui a pas suffi qu’il est allé se prostituer en France tout en devenant informateur et traître ?
    Il récolte donc le « produit » de cette prostitution !
    Le gracier ou le libérer ? Bien-sûr que la France n’a cure des conséquences, qu’elle souhaite, sur l’Algérie. Que cela mette dans la gêne, voire la révolte, tout le peuple algérien, surtout tous les journalistes et analystes algériens qui ont pris parti dans cette affaire en ne cessant de défendre l’Algérie et ses principes par des centaines d’articles et de commentaires, cette France s’en fout !!
    Dans ce cas l’Algérie devra aussi gracier tous les corrompus, mais non des traitres (civils et militaires ) qui purgent leur peine !

    Algéro-Tunisien
    3 juin 2025 - 8 h 19 min

    Avec tout ce que produit la machine de propagande éditoriale ces derniers temps et sachant comment elle crée et défait les femmes et hommes, suivant les intérêts des oligarques, nous devrions se méfier de tout ce qu’écrit en France sur l’anisémistisme (ou plutôt antijudaisme). Et donc aussi sur l’histoire de Dreyfus.

    D’ailleurs, Adolfe Crémieux était lui-même juif et minsitre de la (in)justice et c’est lui qui par communitarisme juif odieux accorda la citoyenneté aux juifs algériens en 1872, créant le schisme en Algérie.
    Emile Zola était lui-même juif. C’est lui aussi qui a écrit le pamphlet « J’accuse » pour laver blanc leur Dreyfus.

    Ne répetons pas bêtement les histoires fabriquées. L’affaire Dreyfus n’aurait jamais été une, s’il n’était pas juif et seulement un petit Mohamed

      zembla
      3 juin 2025 - 14 h 46 min

      Désolé mais Emile Zola n’était pas juif mais catholique

        Anonyme
        3 juin 2025 - 19 h 35 min

        Si Emile Zola était catholique (certains juifs furent aussi des cardinaux), moi je suis hindou.

          zembla
          4 juin 2025 - 4 h 58 min

          Dison que Zola avait été baptisé catholique mais qu’il était Athée ,mais en aucun cas il n’était juif

        Anonyme
        3 juin 2025 - 19 h 40 min

        Certains disent que Erdogan est un « dönme » (c.a.d. musulman en apparence, mais juif réellement et adapte du kabbaliste Sabbataï Tsevi)

        Nasser
        4 juin 2025 - 15 h 02 min

        Émile Zola, est athée. Dans « Mon voyage à Lourdes », il écrit: : « Je ne suis pas croyant, je ne crois pas aux miracles, mais je crois au besoin du miracle pour l’homme »

    Anonyme
    2 juin 2025 - 23 h 02 min

    @Mirland
    2 juin 2025 – 9 h 41 min

    C est tant mieux pour vous que vous ayez gardé de bon souvenirs de votre séjour en Algérie .
    Mais tourner autour du « Pot » , en faisant appel aux 2Peuples ( qui ,en réalité en leur immense majorité n en ont pas besoin ) pour « …. s’entendre paisiblement…… » ne résoudra ni ne mettra fin au Processus de Pourrissement actionné par ceux qui « …..les excitent… » depuis des Lustres .
    Pour ne pas tourner autour du Pot justement , je veux parler des Nazisionistes dont les Objectifs ont été suffisamment exposés par des Actes depuis leur arrivée au Pouvoir en 1981 avec Mitterrand . Pas la peine de dresser la Liste de la Secte qui a fait une OPA sur le Système Politique Français en pavant une Avenue en bonne et due forme à J.M le Pen dans le cadre d un Plan Machiavélique à long terme , tout en poussant ( a l intention de Français crédules) des petits « cris d orfraies » devant ses «  Outrances » ( ce qui n empêchait pas , de la part du CRIF , d avoir des relations « ……..courtoises avec MR Le Pen – dixit le président du CRIF – et d appeler à « ….sa victoire aux élections présidentielle s de 2002 » ….- Dixit Roger Cuckierman du CRIF )
    L Objectif stratégique était fixé : désagréger et Fasciser la Société Française .
    Ne vous méprenez pas sur mon propos. Si vous êtes de ceux qui «  Tirent » leur « Antisemitisme ». dès qu ils entendent CRIF ou l Entite Nazisioniste qui genocide en Palestine occupée , ca serait …..Balle Perdue !!
    Je suis SÉMITE et toute la Camarilla qui s est permise une OPA sur une République Souveraine ne l est Absolument pas . Ils ne maîtrisent même pas l Hébreu . Le CRIF est le nom « Nouveau » de l UGIF qui a collaboré avec la Gestapo et les SS en France jusqu en Mai 1944( pour lister , fixer , , arrêter et envoyer les « juifs etrangers » – SIC!!- à la Mort ). et qui a été dissoute en Septembre 1944 par ….…………..DE GAULLE !!
    On ne se refait pas !!!!
    Des milliers d Algériens Israélites («  juifs » est une invention Khazars) continuent à vivre et servir leur Pays l Algérie le plus naturellement du monde puisque c est ………….Leur Pays .
    Les Nazisionistes s ils sont majoritairement « Khazars »convertis au judaisme par intérêts  , ils partagent leur Exécrable RACISME , leur. ZZzzzelutude , donc leur CRETINISME INCURABLE , avec des soi disant Chrétiens , des soi disant Musulmans , des soi disant boudhistes , des Athées , des Agnostiques etc…….
    C est pourquoi j estime que mon Pays , qui a vaincu les soi disant Musulmans qui voulaient nous Asservir à leur Perversité , sait à quoi s en tenir avec les Pieds Nickelés qui agissent pour ordre et compte des …………Nazis , en espérant en tirer un hypothétique bénéfice électoral alors que les jeux sont déjà fait ……….Demandez à Attali ce qu il en pense .

    La boucle est bouclée
    2 juin 2025 - 20 h 55 min

    Bof, ils peuvent en faire un dernier épisode de kirikou arrêter, menoter et embarqué en cellule

    Tu rentreras plus jamais chez toi
    2 juin 2025 - 20 h 38 min

    Une affaire « propre » aux alcooliques .
    Merci de tenir compte de ce paramètre chez un grand producteur de vins.

    Bou-vilène
    2 juin 2025 - 20 h 28 min

    Ils font déjà pitié sans tous ce ramdam mais la ils atteignent les sommets .

    Anonyme
    2 juin 2025 - 19 h 20 min

    En plaçant ses mains de cette façon, il renifle sa merde sortant de sa bouche d’égout.

    Assia
    2 juin 2025 - 19 h 00 min

    On à laisser que 3 crayons de couleurs à votre agent et quelques feuillets pour sa thérapie. .
    Le vert, le rouge et le blanc.

    Mongson
    2 juin 2025 - 18 h 49 min

    Ou comment rendre la plèbe encore plus stupide mais cela ne marche pas puisque une personne équilibrée garant de ses choix individuelles ne pourra que se sentir rebuter par ces simulacres obscures , obscènes et ridicules .

    Les coqs en foire
    2 juin 2025 - 18 h 35 min

    Ça les émouvera d’avantage quand ils perderont leurs emplois vu le changement opérer par l’Algérie au niveau de ses fournisseurs.

    Sorter les kleenex
    2 juin 2025 - 18 h 28 min

    Dreyfus ou sansal , qu’est ce que l’on en à rien à cirer . L’affaire Dreyfus au passage est une montagne de mensonges , de rajouts pour émouvoir ce qui arrange politiquement.

    Le coq en foire
    2 juin 2025 - 18 h 20 min

    Vla que léa sala(…) remet le couvert avec une proposition indécente comme sa condition de bougnoula qui se prend pour une française qu’elle ne sera jamais.
    Les bougnouls toujours plus zélés que ceux de souche.. .

    Oud
    2 juin 2025 - 18 h 15 min

    La démoniaque badinter écrit en 1992
     » Le lien érotique entre la mère et l’enfant ne se limite pas aux satisfactions orales. C’est elle, qui, par ses soins, éveille toute la sensualité, l’initie au plaisir, et lui apprend à aimer son corps. La bonne mère est naturellement incestueuse et pédophile. » Élisabeth Badinter en elle sensal à trouver un appuie de poids
    Qui se ressemble s’assemble il n’y a qu à voir l expression de leurs visages pour percevoir la noirceur diabolique de leur âme.
    Deuxièmement
    La question est de savoir combien il y a de sensal en activité dans la fonction publique dans les postes clef l administration responsable politique voir militaire ainsi que les corps diplomatique?
    Il serait temps de les débusquer et sonner l’hallali .
    L’état algerien doit se montré intransigeant envers ceux qui sont au manettes et qui ne font pas preuve de probité,intégrité, et rigueur

    Anonyme
    2 juin 2025 - 17 h 12 min

    « ……Peut-être même académicien, s’il promet de rester sourd……. »

    L Auteur semble dubitatif quant à UNE énième Esbroufe …..Mais c est tout VU !!
    Nous avons eu le Faussaire , l Excité du Bulbe en liquéfaction Affublé du Titre de Philou….sophe , et surtout le RRRRRAAAACCCISTE et pas du tout ……………..Sémite Finkiel Crotte .
    Ce qui a inspiré une RÉPLIQUE , en son temps , a D ‘Ormesson pour dire son Mépris à ceux ( Académiciens) qui ont courbé l Échine pour accepter un tel ESCROC en leur Sein .

    Nous somme « Obilgés » de leur Reconnaître la PERSÉVÉRANCE dans
    la Schutzpah . Ehhhhhh…Oui….Comment devient on une Secte Puissante au point ou un État jadis Souverain et respecté est Asservi pour en faire une Simple autorité ayant même Statut que la Fumeuse Autorité Palestinienne de Abbas ??
    On « Travaille » Monsieur ….on Travaille depuis 1981 . On Infiltre , On Ose , On défie l Entendement , On fait sa toilette du matin avec l Urine de Truie pour se constituer une carapace des fois que les …….Humains osent dévoiler les Mensonges que nous débitons à longueur de ….Siecle…

    À l’exemple des………Badinter« Socialistes…..Droitsdelhommistes….itou…itou » mais surtout Nazisionistes donc RACISTES , doncCRETINS indecrottables Croyant »Dur comme Fer«  en Leur Zzzzelutude et leur « Destinée » de DIRIGEANTS du TOUT VENANT constitué de milliards d Etres Humains vivant sur cette Planète .
    Les Casseroles de Badinter et les escroqueries « Zintellectuelles » de ce soit disant avocat droitdelhommiste sont nombreuses et le CRIF a toujours était là pour Brandir la Chape à qui oserait y faire référence .

    Alors un sansal à l Académie, qui n en est plus , cela n étonnera que ceux qui ne font pas attention à la descente aux Enfers de la France de Jean Moulin .
    Il a déjà offert un Gage : «  le village de l Allemand »

    Z
    2 juin 2025 - 16 h 52 min

    @dzman

    Parce que les Zouaves sont toujours présentes en Algérie et les ennemis de l’Algérie vivent en Algérie et travaillent en Algérie et sont Algériens.

    Mohamed El Maadi
    2 juin 2025 - 12 h 32 min

    (…)

    Il fallait un culot prodigieux — ou un cynisme sans fond — pour oser comparer Alfred Dreyfus à Boualem Sansal. L’un a été broyé par une machine d’État, l’autre promu par une logistique éditoriale. L’un est mort mille fois pour n’avoir jamais renié sa loyauté à la République ; l’autre, vivant et volubile, se distingue précisément par sa capacité à trahir tout ce qui l’a formé.

    Dreyfus, c’était l’honneur bafoué. L’accusation infâme. Le silence imposé. Le courage dans l’humiliation. Il fut ce Français qu’on exclut non pour ses actes, mais pour ses origines. Et parce qu’il refusait de se désavouer, il fut banni, isolé, sali.

    Sansal, lui, n’a jamais été exclu. Il s’est exclu de lui-même. Il n’a pas été expulsé de son pays : il l’a quitté, puis sali. Il n’a pas été condamné pour ses idées, mais pour des faits désormais **indiscutables** : des prises de contact et une compromission avec des services étrangers. Des faits que **n’importe quelle démocratie sanctionnerait sans rougir**. La France, d’ailleurs, le fait très bien : il suffit d’évoquer Gaza dans une manif pour finir en garde à vue — mais s’allier à des officines ennemies ? Non, ça, c’est de la « résistance ».

    La comparaison est non seulement grotesque : **elle est indécente**, **obscène**, **quasi criminelle**. Car elle efface la vérité historique, piétine la mémoire d’un véritable martyr de la République, et sanctifie un homme dont l’utilité géopolitique prime sur toute décence.

    Sansal ne dérange personne. Il récite ce qu’on attend de lui. Il joue son rôle : celui du bon indigène qui tourne le dos à ses racines pour obtenir une médaille. Il n’est pas un écrivain traqué. Il est un **fonctionnaire officieux de l’islamophobie acceptable**.

    Et pendant que certains veulent lui tisser une cape de Dreyfus, les véritables « Dreyfus » d’aujourd’hui — ces milliers de citoyens français de confession musulmane, loyaux mais toujours suspects, assignés à une intégration impossible — continuent de subir un climat d’inquisition molle.

    Alfred Dreyfus fut un patriote intègre, humilié pour ce qu’il était. Sansal est un intellectuel de confort, promu pour ce qu’il renie.

    Alors non, cette comparaison n’est pas seulement fausse. **Elle est une insulte** — à l’Histoire, à l’intelligence, et à toute idée de justice.

    dzman
    2 juin 2025 - 11 h 21 min

    Comment Boualem Sansal a-t-il pu rester si longtemps à un poste stratégique au sein du ministère algérien de l’Industrie ? La question mérite d’être posée. Ce personnage, connu aujourd’hui pour son hostilité envers l’État algérien, a évolué durant des années au cœur même de l’appareil d’État. On peut légitimement se demander s’il n’a pas, de manière directe ou indirecte, entravé certains projets industriels au fil du temps. Et surtout : combien de profils similaires restent encore aujourd’hui dans les institutions algériennes ? Cette question n’est pas anodine, car elle pourrait expliquer en partie pourquoi l’industrie nationale peine depuis des décennies à décoller.
    Il est également frappant de constater le soutien quasi immédiat dont bénéficie Sansal à l’étranger, notamment en France. Pourquoi une telle mobilisation, et surtout, pourquoi à ce niveau de pouvoir ? Sans sombrer dans une lecture complotiste, il est difficile d’ignorer la dimension politique de ce soutien. En quelques mois, un écrivain peu connu du grand public est propulsé en figure quasi mythique. Des personnes qui n’ont jamais ouvert un seul de ses livres se mettent soudain à le défendre comme s’il était l’écrivain du siècle. Cela en dit long sur la puissance de l’appareil médiatique, et sur la facilité avec laquelle l’opinion publique peut être façonnée lorsqu’il s’agit de servir certains récits.

    Le pouvoir algérien se retrouve aujourd’hui pris dans un dilemme diplomatique redoutable. S’il relâche Sansal, certains y verront une reddition face à une pression étrangère. Mais s’il le maintient en détention et qu’un incident venait à survenir, la réaction des cercles influents en France serait immédiate et virulente. Dans un cas comme dans l’autre, l’Algérie risque d’être humiliée ou affaiblie sur la scène internationale.
    Ce qui rend cette situation d’autant plus insupportable, c’est le deux poids deux mesures flagrant. Les mêmes qui crient au scandale à propos de Sansal sont souvent silencieux, voire complices, face aux massacres en cours à Gaza. Pourquoi certaines vies ou certaines causes mobilisent-elles plus que d’autres ? La réponse est aussi politique qu’idéologique.
    Il faudra sans doute une grande finesse et un sens aigu de la stratégie pour sortir de ce bourbier. Un stratège lucide, capable de naviguer entre les exigences de la souveraineté nationale et les pièges d’une opinion internationale instrumentalisée. Ce ne sera pas facile, mais c’est dans ces moments critiques que se révèle la véritable stature d’un État.

      MADANI
      2 juin 2025 - 17 h 29 min

      « Mais s’il (le pouvoir algérien ?) le maintient en détention et qu’un incident venait à survenir, la réaction des cercles influents en France serait immédiate et virulente. »
      A lire cette phrase, on croirait que la France est puissante et l’Algérie faible. C’était vrai avant 2019.
      Sansal est un gros poisson et un agent triple pris dans les filets de la sécurité algérienne d’où le désarroi des cercles influents en France et après que des pressions, des menaces, des médias chauffés à blanc, une algérophobie débridée sans aucun résultat, il y a eu l’appel à un geste humanitaire vu l’age et l’état de santé du prévenu
      Morale de l’histoire : les chiens aboient à Paris et la caravane de l’Algérie passe son chemin.

    MADANI
    2 juin 2025 - 9 h 44 min

    Mme E. Badinter : Comparaison n’est pas raison.
    Votre logique faussée par une idéologie rance équivaut à ceci : Dreyfus élevé un siècle plus tard au grade de Général de brigade par l’Assemblée Nationale française et Sansal futur Académicien voire Prix Nobel par le seul vote de la nomenklatura parisienne aigrie et prétentieuse.

    Le verdict de l’Histoire est sans appel, le génocidaire Bugeaud est défait par le Soufi Abdelkader : le syndrome algérien se manifeste par le doute lancinant, la déraison sur les rives de la Seine alors que les vents de l’optimisme et du renouveau soufflent sur l’Algérie.
    Le crime ne paie pas !

      Lyès
      2 juin 2025 - 11 h 15 min

      La france se réfugie symboliquement dans le passé pour se sentir encore une grande puissance. Ce n’est qu’elle n’est plus depuis bien longtemps.

    Mirland
    2 juin 2025 - 9 h 41 min

    Il serait peut-être temps que toutes nos autorités , aussi bien françaises qu’algériennes se calment. Idem pour les médias qui servent la soupe de leurs gouvernements respectifs. Il me semble qu’il n’y a que la seule chose qui compte ce sont les peuples. Peuples qui je le crois vraiment, pourraient s’entendre paisiblement en l’absence de ceux qui les excitent dans leur propre intérêt.
    Un type qui a vécu 4 années merveilleuses en Algérie dix ans après l’indépendance.
    Vive la Paix

      Toto
      2 juin 2025 - 16 h 22 min

      Tout à fait d’accord avec vous.
      Je me permettrais de rajouter: Vive la paix et la justice aussi.

    Abou Stroff
    2 juin 2025 - 9 h 38 min

    « pendant que Dreyfus monte en grade, la République, elle, descend dans les abysses du ridicule. Le pays tangue, les profs s’effondrent, les hôpitaux implosent, les pauvres crèvent, les enfants meurent ailleurs – mais ici, à Paris, en grande pompe, un capitaine devient général. On appelle ça un acte républicain. On devrait dire : un acte de désespoir symbolique » avance K. B..

    rien à ajouter à cette sublime sentence, à part que, comme l’a si bien dit K. Marx, « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. »

    en termes crus, si nous pouvons considérer que l’affaire Dreyfus fut une tragédie, il nous faut reconnaitre que l’affaire sansal est une farce remarquable.

    wa el fahem yefhem.

    Anonyme
    2 juin 2025 - 7 h 17 min

    L’Algérie est souveraine, ce minable a commis un délit il est jugé et condamné il doit purger sa peine. c’est un traitre à la nation qui l’a nourri éduqué et payé pour un travail (quel travail finalement) et a a été au service des ennemis!

      Dr Kelso
      2 juin 2025 - 10 h 59 min

      @Anonyme
      Exactement excellent commentaire.

    Brahms
    2 juin 2025 - 5 h 41 min

    Un espion cachait sous la fonction d’écrivain,

    Il a joué avec le feu, il a perdu, point barre. C’était aussi, le copain de Mr Abdeslam Bouchouareb donc normalement, il aurait dû alerter les autorités algériennes des escroqueries de son collègue Abdeslam mais comme il était de mèche avec lui, il l’a laissé poursuivre ses nombreuses carambouilles.

    On a vu le résultat, il voulait se sauver en France comme son copain Abdeslam.

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