Taxe citoyenne
Par Sid-Ali Mokhefi – En Algérie, le débat sur l’autonomie financière des communes reste un enjeu crucial pour l’avenir du développement local. Le modèle actuel, fortement administré, laisse peu de marge de manœuvre aux collectivités locales, qui dépendent en grande partie des dotations de l’Etat central. Or, face aux besoins croissants des citoyens en matière de services publics de proximité, il devient nécessaire de réfléchir à de nouveaux leviers de financement, à la fois transparents, équitables et adaptés à notre réalité nationale.
C’est dans cet esprit qu’une Taxe communale citoyenne (TCC) pourrait être envisagée. Il ne s’agirait pas d’un impôt supplémentaire, mais plutôt d’une contribution progressive, ajustée aux capacités financières de chacun. Une telle approche permettrait de renforcer les moyens d’action des communes tout en responsabilisant les citoyens sur le coût réel des services publics locaux.
La TCC vise à instaurer un lien direct entre les citoyens et leur commune. Elle favoriserait une meilleure compréhension des enjeux de financement des services essentiels tels que la voirie, l’éclairage public, la gestion des déchets, les espaces verts ou encore les activités culturelles. Sa mise en œuvre passerait par une plateforme numérique nationale garantissant la transparence de la collecte et de l’utilisation des fonds. Cette plateforme serait accessible aussi bien aux mairies qu’aux autorités de wilayas, permettant ainsi un contrôle équilibré entre le niveau local et le niveau central, tout en respectant l’autorité de l’Etat. Par cette modeste contribution, chaque citoyen renouerait avec l’esprit de ses aïeux : bâtir, avec fierté, une Algérie forte et solidaire.
Le chômage des jeunes constitue aujourd’hui l’un des défis majeurs pour nos communes. Plutôt que de se contenter de verser des aides financières ponctuelles, qui ne génèrent ni compétences ni dynamique durable, il serait plus pertinent d’orienter ces ressources vers la création d’activités concrètes et utiles à la collectivité.
Les communes pourraient ainsi mobiliser des jeunes pour des missions telles que l’entretien des espaces verts et de la voirie, la collecte et la valorisation des déchets, les petits travaux d’entretien du patrimoine communal ou encore le soutien aux services de proximité dans les domaines de la culture, du sport et de l’animation sociale. Une telle politique permettrait de dynamiser l’économie locale, de redonner de la dignité à ces jeunes à travers le travail, de renforcer le lien social dans les quartiers et de réduire, à terme, la dépendance aux aides sociales. Ces programmes pourraient être directement liés à la démarche de la Taxe communale citoyenne, offrant ainsi aux citoyens la preuve concrète que leur contribution participe au développement local et à la création d’emplois.
Loin d’être un simple outil fiscal, la Taxe communale citoyenne pourrait devenir un véritable levier de citoyenneté économique. Elle ouvrirait la voie à un modèle de gouvernance locale plus participatif, plus responsable et mieux adapté aux besoins réels de nos concitoyens.
En engageant cette réflexion de manière ouverte, en concertation avec l’ensemble des parties prenantes, il serait possible de poser les bases d’une nouvelle dynamique locale, au service de la population et du renouveau de nos territoires.
S.-A. M.
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