Washington tranche : le Maroc hangar à clandestins, l’Algérie puissance avérée
Par Anouar Macta – Le verdict diplomatique est tombé, et il est sans appel : le Maroc devient officiellement un pays de transit migratoire, désigné par l’administration américaine comme espace tampon dans la gestion des flux humains que les Etats-Unis ne souhaitent plus accueillir. Ce repositionnement constitue une gifle diplomatique pour Rabat, qui aspirait à un rôle de premier plan au Maghreb. Washington a tranché : l’Algérie incarne la puissance, le Maroc devient un hangar à clandestins.
Dans sa politique migratoire révisée, l’administration américaine a identifié plusieurs pays tiers pour accueillir les migrants expulsés. Le rapport 2024 de l’OIM classe désormais le Maroc comme pays d’émigration, de transit et d’immigration, soulignant sa fonction logistique dans les corridors migratoires vers l’Europe. Washington ne voit pas d’autre rôle à confier au royaume que celui de gestionnaire de flux humains. Un rôle technique, subalterne, loin des ambitions diplomatiques affichées ces dernières années.
Ce repositionnement diplomatique intervient alors que les Etats-Unis renforcent leur partenariat stratégique avec l’Algérie, qu’ils considèrent désormais comme un interlocuteur régional incontournable. La visite officielle d’Uzra Zeya, sous-secrétaire d’Etat américaine à la Sécurité civile, à la Démocratie et aux droits de l’Homme, en novembre 2024, l’a clairement montré. Accompagnée de Barbara Leaf, responsable des Affaires du Proche-Orient, elle est venue à Alger pour consolider la coopération bilatérale sur des dossiers majeurs : sécurité régionale au Sahel, lutte contre la traite des êtres humains, gouvernance démocratique et innovation technologique.
Ce déplacement diplomatique, hautement symbolique, s’inscrit dans une dynamique assumée par Washington : bâtir une relation exclusive et structurelle avec Alger, fondée sur la souveraineté politique, la stabilité institutionnelle et la capacité d’influence continentale. L’Algérie est saluée pour sa posture indépendante, son engagement militaire maîtrisé, ses investissements massifs dans le numérique et l’industrie de défense, et sa capacité à intervenir efficacement sur les crises régionales.
Le contraste est saisissant. Le Maroc, qui se rêvait en tête d’affiche maghrébine, se retrouve cantonné à une fonction logistique. Ni ses partenariats diplomatiques multiples ni ses postures médiatiques n’ont convaincu Washington de lui confier un rôle stratégique. Le message est clair : l’Algérie gère les équilibres régionaux, le Maroc gère les flux migratoires. Une hiérarchie diplomatique qui ne se discute plus. Elle s’exécute.
A. M.
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