Le pape Léon XIV reçoit le président Abdelmadjid Tebboune ce jeudi à Rome

pape Léon XIV
Le pape Léon XIV porte une estime particulière à l'Algérie.. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Sitôt annoncée dans des cercles restreints hier, la rencontre privée de ce jeudi entre le pape Léon XIV et le président Abdelmadjid Tebboune a tenu en haleine les rédactions des principaux médias accrédités auprès du Saint-Siège. Certains y sont allés par des prévisions certaines : «Le président Tebboune est à Rome pour inviter le pape à se rendre en Algérie», entend-on ici et là. Et d’autres de jurer que la première étape internationale de Léon XIV ne sera ni Nice ni Buenos Aires. Le nouveau souverain pontife entamera son pontificat par un voyage là où tout a commencé pour lui : Annaba, en Algérie, dans l’antique cité d’Hippone, susurre-t-on.

Loin d’être une destination fortuite, a-t-on pu lire, cette ville plurimillénaire symbolise la région, le pays au cœur de la terre qui a vu naître et prêcher saint Augustin, le docteur de l’Eglise que le pape considère comme son véritable père spirituel.

D’autres sources bien informées ont indiqué au quotidien Avvenire que Léon XIV aurait exprimé le désir de se rendre à Annaba, où se trouvent les ruines de l’ancien diocèse d’Hippone et, surtout, le siège épiscopal d’Augustin, témoin silencieux de sa prédication et de son engagement pastoral. Un pèlerinage personnel et symbolique, au nom d’une vocation née sous le signe du penseur chrétien qui a façonné des siècles de théologie et de spiritualité. Dès son premier discours en tant que pape, Léon XIV avait déclaré publiquement : «Je suis fils de saint Augustin.»

C’est donc avec grande attente que la rencontre de jeudi est appréhendée ici à Rome. D’aucuns rappellent que lors de la messe d’investiture, l’ambassadeur d’Algérie près le Saint-Siège, Rachid Bladehane, a transmis les salutations du président Abdelmadjid Tebboune au pape, lui adressant ses «sincères félicitations» pour son élection et soulignant la valeur historique du lien entre l’Eglise catholique et la figure de saint Augustin.

Le président Tebboune pourra, jeudi, rappeler à son illustre hôte les trois piliers qui fondent son action politique : la paix, la justice et la vérité. Trois principes qui, nous dit un expert, s’inscrivent parfaitement dans l’engagement de l’Algérie de 2025, pour la réalisation d’un dialogue sincère entre les civilisations, loin des amalgames et des préjugés.

De son côté, le pape Léon XIV avait assuré vouloir poursuivre le chemin voulu par son prédécesseur, le pape François, portant sur un dialogue spécial avec l’autre grande religion universelle du monde, l’islam, les deux fois constituant les 3/5 de l’humanité.

La visite du président Tebboune s’inscrit, donc, dans ce sillage, en rappelant que l’Algérie a toujours été au service des causes justes et des opprimés, un thème cher au nouveau pape.

Le cœur du pape bat pour Annaba l’algérienne

Pour rappel, le Vatican a élu le cardinal Robert Francis Prevost comme 267e souverain pontife, en mai dernier. Cet Américain est néanmoins affectivement très proche de l’Algérie, plus particulièrement d’Annaba. En effet, le pape Léon XIV est lié à l’Ordre de Saint-Augustin (OSA), qui se réfère à la règle d’Augustin d’Hippone, ancienne appellation de cette ville de l’Est algérien.

Le curriculum vitae du nouveau pape nous apprend qu’en 1987, il a discuté sa thèse de doctorat sur «le rôle du prieur local de l’Ordre de Saint-Augustin» et qu’il a été nommé directeur des vocations et directeur des missions de la province augustinienne Mother of Good Counsel à Olympia Fields, dans l’Illinois, aux Etats-Unis. En 1999, il a été élu prieur provincial de la province augustinienne Mère du Bon Conseil, à Chicago, et deux ans et demi plus tard, lors du chapitre général ordinaire de l’Ordre de Saint-Augustin, ses frères l’ont choisi comme prieur général, le confirmant en 2007 pour un second mandat. En octobre 2013, il est retourné dans sa province augustinienne, à Chicago, et a été directeur de la formation au couvent Saint-Augustin, premier conseiller et vicaire provincial.

Le pape Léon XIV a pour devise épiscopale «In Illo uno unum», des mots empruntés à saint Augustin.

M. R.

Comment (4)

    Abou Stroff
    22 juillet 2025 - 13 h 35 min

    « Le pape Léon XIV reçoit le président Abdelmadjid Tebboune ce jeudi à Rome » titre M. R..

    au delà de la symbolique politique, je pense que la rencontre entre Le pape Léon XIV et le président Abdelmadjid Tebboune « réveillera » beaucoup d’algériens lambda qui ont été « éduqués » dans l’idée saugrenue qu’il n’y avait que les musulmans qui croyaient en Dieu et qu’il n’y avait que l’islam, comme religion, qui devait être respecté.

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part qu’un voyage du pape à Annaba ouvrirait d’immenses perspectives en terme de dialogue des religions d’une part et en termes d’essor du tourisme d’autre part.

    Rabah
    22 juillet 2025 - 12 h 35 min

    Le président Tebboune devrait inviter le pape à visiter aussi le monastère de Tibéhirine (près de Médéa).

    Anonyme
    22 juillet 2025 - 12 h 08 min

    Y a un truc que je n’arrive pas à comprendre.
    Comment rencontrer officiellement un diplomate (le pape) qui n’existe pas en islam et qui n’est pas souverain au sens strict du mot puisque il dépend ecomiquement de l’Italie?
    Il va essentiellement parler si j’ai bien compris des formalités d’une visite officielle du pape en Algérie.Va t’il venir pour l’archevêque ou pour les chrétiens d’Algérie?
    Si oui, pourquoi ne pas reconnaître officiellement cette religion en interdisant par exemple le fait que les chrétiens mangent pendant le jeûne islamique?
    L’entrisme chrétien est bel et bien une voie de déstabilisation de l’unité nationale.
    Il est critiqué en Europe alors pourquoi ne pas prévaloir la réciprocité en Algérie?
    Le pape fait partie intégrante des institutions qui nous insulte en ne prenant pas position sur notre ostracisme religieux.

    🇩🇿 Fodil Dz
    22 juillet 2025 - 11 h 23 min

    Pour faire écho à la récente contribution de Mrizek Sahraoui, « Louis XIV numériques », on peut aussi parler de « Léons XIV numériques » concernant cette ‘fachosphère franco-on-ne-sait-plus-qui’ qui font mine de défendre une prétendue judéo-chrétienté, une notion inventée au début du XIX ème siècle par un certain ferdinand christian baur.
    On ne peut qu’être étonné face à ces faux chrétiens des plateaux comme ceux de cnews qui sont soumis à un zemmour qui ose déclarer qu’il croit en l’église et qui rejette en même temps la figure de Jésus le fils de Marie (paix et salut de Dieu sur eux) car il représente selon lui la mort! En fait, l’église à laquelle croit le séfarade dont les ancêtres furent accueillis en terre algérienne après la reconquista est tout simplement celle de satan!
    Le diable se cache souvent dans les détails …

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