Déclaration de Lisbonne : quand Rabat maquille un cuisant échec en victoire

Bourita Lisbonne
Nasser Bourita à Lisbonne. D. R.

Par Karim B. – Si les médias marocains pavoisent en répercutant la déclaration finale ayant couronné la visite de leur ministre des Affaires étrangères à Lisbonne, c’est pour, encore une fois, cacher le soleil avec un tamis, comme dit l’adage algérien. Le Makhzen crie sur tous les toits, pour berner l’opinion publique marocaine, occupée ailleurs – soif, misère, expropriations au profit des Israéliens d’origine marocaine de retour dans le royaume après la soumission au régime de Tel-Aviv, etc. – à une «nouvelle victoire» dans le dossier sahraoui.

La déclaration conjointe, signée par Nasser Bourita et son homologue portugais, Paulo Rangel, est pourtant claire comme de l’eau de roche. La vérité est que le Maroc se plie aux résolutions de l’ONU et atteste se soumettre à la volonté de la République sahraouie. Si le plan d’autonomie, cité dans le texte, jouit du soutien de la partie portugaise, cela ne change absolument rien à Manhattan, où la question de décolonisation est sur le bureau du secrétaire général de l’ONU et de son Conseil de sécurité. Ce que le Portugal vend au Maroc, c’est du vent, en contrepartie de contrats juteux, bénéfiques au Portugal et desquels le peuple marocain ne tirera aucun avantage, comme c’est toujours le cas chez le roi Mohammed VI et le vice-roi André Azoulay (ou inversement).

Dans la déclaration finale, source de fierté et de joie chez les clairons du Makhzen, les Portugais ont évité le piège, se contentant du mot «Sahara», sans y ajouter «Occidental», pour ne pas offenser leur hôte, certes, mais se gardant d’y greffer l’adjectif imaginaire «marocain» par respect à la légalité internationale, de laquelle Lisbonne ne s’est aucunement éloigné. «Concernant la question du Sahara, le Portugal reconnaît l’importance de cette question pour le Maroc, ainsi que les efforts sérieux et crédibles déployés par le Maroc, dans le cadre des Nations unies, pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable pour les parties». C’est clair et net. La solution au conflit sahraoui n’est pas dans l’arnaque de l’autonomie, même si le Portugal affirme la soutenir du bout des lèvres, mais dans les résolutions onusiennes, qui ignorent totalement ce plan inventé par la France pour ses intérêts propres. En d’autres termes, ce pays européen ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.

«Les deux ministres [marocain et portugais, ndlr] ont réaffirmé leur soutien à la résolution 2756 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui souligne le rôle et la responsabilité des parties dans la recherche d’une solution politique réaliste, pragmatique, durable et fondée sur le compromis», insiste la Déclaration de Lisbonne. Où est donc la victoire marocaine ? Le fait est que Rabat perd sur deux plans : celui de la proposition d’autonomie qui sert d’attrape-nigaud à ses partenaires pour nouer des accords commerciaux lucratifs, et celui de l’accord avec l’Union européenne, à propos duquel, là aussi, le Portugal prend le dossier avec des pincettes.

A Lisbonne, en effet, le Makhzen s’est également plié à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), en consignant une déclaration dans laquelle le ministre portugais des Affaires étrangères souligne que, s’agissant du partenariat liant le Maroc à l’UE dans le domaine de la pêche, il «réitère l’importance de poursuivre le dialogue» afin que celui-ci soit établi «sur des bases saines». C’est-à-dire dans le strict respect du droit international qui interdit la pêche dans les eaux territoriales sahraouies.

K. B.

Comment (12)

    VADIM KIRPITCHENKO
    27 juillet 2025 - 8 h 11 min

    Décidément, la presse marocaine d’État – ou devrais-je dire la Pravda chérifienne – continue de se surpasser dans l’art de réécrire la réalité avec un pinceau trempé dans l’encre de la mythomanie. À Lisbonne, alors que le régime de Rabat se heurte à un mur diplomatique, voilà qu’on nous sert une énième opération de prestidigitation médiatique : transformer une débâcle en triomphe, un rejet en plébiscite, une claque en caresse. On croirait lire un bulletin de victoire de l’Armée Rouge… en pleine retraite.

    À ce stade, ce n’est plus du journalisme, c’est du théâtre d’ombres, avec des marionnettes qui gesticulent devant un écran de fumée. À Rabat, on ne commente pas les faits, on les réinvente, on les maquille, on les habille en héros tragiques combattant des moulins à vent diplomatiques. L’imaginaire médiatique marocain s’inspire de Don Quichotte, certes, mais en version soviétisée : on remplace les valeurs chevaleresques par la propagande d’État, le panache par la falsification, et la vérité par une ligne éditoriale dictée à la lampe à huile du makhzen.

    Le plus fascinant, c’est cette capacité à clamer victoire là où tout le monde voit un revers cuisant. On dirait un patient en phase terminale qui se félicite d’avoir survécu à une séance de chimiothérapie, tout en niant l’existence de la maladie. Lisbonne, pour Rabat, n’a été qu’un miroir brutal tendu par la communauté internationale, révélant une façade diplomatique fissurée, un discours isolé, et une stratégie qui fait eau de toutes parts.

    Mais peu importe : dans les salons feutrés des médias officiels marocains, on continue de jouer la symphonie du déni, en mode mineur, avec tambours crevés et trompettes muettes. Le roi est nu, mais la presse s’obstine à le décrire en empereur triomphant. À ce rythme, ils finiront par nous annoncer que le Sahara s’est déplacé de lui-même pour se lover tendrement dans le giron du trône alaouite.

    Pathétique ? Non. Tragique. Car à force de mentir à son peuple, on finit par croire ses propres mensonges. Et cela, même Don Quichotte n’en aurait pas rêvé.

    Anonyme
    24 juillet 2025 - 15 h 51 min

    Le Portugal reconnaît tout de même que la solution de l’autonomie marocaine est la plus probable. Pour moi, cela me suffit pour dire que le Portugal s’éloigne de nous et de la RASD

    Anouar Macta
    24 juillet 2025 - 8 h 14 min

    (…)
    Rabat pavoise. Encore. Comme à chaque signature creuse, chaque poignée de main fade, chaque déclaration conjointe tiède. Le Makhzen, pris dans une frénésie d’affichage diplomatique, brandit la déclaration de Lisbonne comme un trophée dans le dossier sahraoui. En vérité ? Un texte vague, où l’adjectif « marocain » n’apparaît jamais, et où le mot « Occidental » est soigneusement évité. Le reste n’est que poudre aux yeux pour une opinion publique fatiguée, priée de croire encore à des « victoires » diplomatiques qui n’aboutissent à rien.

    Pendant que Rabat s’agite, l’Europe observe, et compare. Et la comparaison est douloureuse. L’Espagne, elle, avance. Elle récolte, et surtout, elle inspire. En 2024, elle a accueilli 94 millions de touristes internationaux. Un record stratosphérique. Une réussite qui ne doit rien au hasard. Car l’Espagne ne vend pas que du soleil : elle défend des principes. Sa reconnaissance de l’État palestinien, son courage diplomatique face à Tel-Aviv, et son attachement clair au droit international lui ont valu le respect — et l’affluence. Le touriste ne va pas seulement là où il fait beau ; il va là où il se sent du bon côté de l’Histoire.

    À Rabat, c’est l’inverse. Le Maroc, en normalisant avec Israël contre la volonté de son peuple, s’est aliéné ses partenaires traditionnels. Il a perdu l’estime sans jamais obtenir la sécurité. Et sur le plan touristique, il paie cette dissonance symbolique : là où l’Espagne séduit par sa souveraineté morale, le Maroc déçoit par son alignement cynique.

    Dans les rues de France, de Belgique ou d’Espagne, une autre image du Maroc s’impose : celle de jeunes hommes à la dérive, sous tente, devant des supermarchés. Ce n’est plus un phénomène marginal. C’est un symptôme. Une génération perdue, fuyant un pays qui ne lui offre ni travail, ni avenir, ni dignité. Loin des riads de Marrakech et des villas de Rabat, c’est le royaume des tentes qui s’installe — celui de la misère exportée.

    Et pendant que le peuple s’effondre, les États-Unis renvoient l’ascenseur. Ou plutôt, l’humiliation. La Cour suprême américaine a validé l’expulsion vers des pays tiers des migrants refoulés : le Maroc en fait partie. Dans les cercles républicains, on le dit sans détour : ce pays ne rapporte rien. Il sert, au mieux, de dépôt géographique pour les rebuts de l’Amérique. Voilà donc où mène la normalisation : être l’allié docile d’une puissance qui vous traite comme un paillasson.

    En interne, le royaume est en apnée. Le roi Mohamed VI, absent et affaibli, gouverne entre deux examens médicaux. Moulay Hassan est trop jeune, et les clans s’observent, prêts à l’affrontement. Le Rif gronde. Les expropriations au profit de colons israéliens enflamment les campagnes. Les mosquées bruissent. La rentrée s’annonce lourde, sous tension. Et pendant ce temps, le palais continue de nier l’évidence : la monarchie tangue.

    Le Maroc s’était rêvé en hub africain, en modèle arabo-occidental, en pont entre les mondes. Il n’est, pour l’heure, qu’un carrefour déserté. Sa politique étrangère l’isole, son économie expulse, sa monarchie chancelle. Il est des royaumes qui tombent sans bruit. Et des peuples qui se réveillent d’un seul coup, comme on déchire un drapeau trop longtemps imposé.

    Abdel
    23 juillet 2025 - 21 h 04 min

    Bien joué l’ALGERIE !! FAUT CONTINUER COMME CA !!

    Kaboul
    23 juillet 2025 - 20 h 20 min

    Intéressant !
    Well done, good job !

    Mounir
    23 juillet 2025 - 18 h 58 min

    Ils disent quoi la RASD ?? C’est pas toujoursà L’ALGERIE de répondre !!!

    Anonyme
    23 juillet 2025 - 18 h 25 min

    Portugal ou autres bcp plus puissant n y pourront rien à la chute du Mahkzen et du royaume de la débauche. Votre seul sujet à l international fonc affaires étrangères c est ke Sahara occidental et pour cela vous avez même normaliser avec Satan contre un peuple frère innocent la Palestine donc vous avez vendu votre âme diable et vous savez qu il se tire tjrs qd ça pu pour lui et vous laisse seul et ça vaut pour tt individus qui fait ce monde idem pour les états qui ont signés avec le diable. . Vous ne pouvez donc vous en sortir et donc assumer votre alliance maléfique devt le tt puissant qui lui va vous infliger l Enfer pour aller rejoindre votre maître le diable. On peut pas troquer tt un peuple musulman innocent palestinien juste pour ces petites affaires personnelles voyons ?

    Sprinkler
    23 juillet 2025 - 17 h 03 min

    Un colon pouvant en cacher un autre, ce plan fumeux marocain d’autonomie que ce cloporte de NARCO VI – Bou GHITA l’enchanteur – porte et colporte de port en port, n’est qu’une « réminiscence » vivace du « rêve » colonial qui a plongé l’Algerie dans un cauchemar de 132 ans…Il est grand temps pour les Saharouis de se défaire par les armes de cet appendice néocolonial repos du guerrier de…Tozahal.

    Dr Kelso
    23 juillet 2025 - 12 h 09 min

    Il s’agit uniquement strictement et exclusivement d’une question de DÉCOLONISATION.
    FREE WESTERN SAHARA
    FREE NAÂMA ASFARI

    HANNIBAL
    23 juillet 2025 - 11 h 23 min

    Encore un pet dans l’eau , berwita le sujet de shlomo VI ne peut annoncer que des victoires a son roi
    qui lui meme n’est pas maitre de son destin , qui en réfère a Azou-laid leur maitre , créer un
    écran de fumé la ou ya pas de feu , c’est la spécialité du makhnaz de vendre du vent !
    Faut pas non plus que les Saharaouis , dorment sous le palmier il est le temps de prendre une
    solution plus rigoureuse , les bousbiriens ne dégageront que par la force des fusils !

    Le Front Polisario est un mouvement de libération nationale et le représentant légitime du peuple sahraoui reconnu par l’ONU.
    Oui à un référendum d’autodétermination dans le cadre du droit international.
    La propagande marocaine ne pourra jamais ébranler la détermination le peuple sahraoui de libérer leurs terres occupées illégalement.
    Vive la RASD. 🇪🇭

    🇩🇿 Fodil Dz
    23 juillet 2025 - 10 h 09 min

    Le royaume des songes et des mensonges et son makhzen sont habitués à faire de leurs défaites des victoires et de leurs échecs des réussites. Ils ont l’impression d’avoir bien avancé sur le dossier du Sahara Occidental mais ce n’est qu’une illusion.

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