Une diplomate européenne renvoyée pour avoir signalé une mafia marocaine
Par Nabil D. – Jana Chaloupkova, ancienne chargée d’affaires à l’ambassade de la République tchèque à Rabat, où elle a été en poste de 2018 à 2019, a révélé des faits graves dont elle fut témoin pendant sa mission au Maroc. Dans un entretien à une Web TV, la diplomate tchèque affirme avoir découvert un réseau de trafic de migrants, conduit par des Marocains avec la complicité des autorités locales. Mme Chaloupkova a détaillé le procédé suivi par les trafiquants, en affirmant que ses tentatives d’alerter sur ces pratiques illégales n’ont eu aucun écho. Bien au contraire.
«Normalement, les demandeurs de visa doivent se déplacer eux-mêmes à l’ambassade, munis de leurs documents, afin de répondre aux questions. Mais, à Rabat, l’activité d’un groupe était suspecte. Une personne intermédiaire se déplaçait au consulat, alors que cela est interdit», a-t-elle expliqué, en soulignant avoir signalé plusieurs cas similaires, d’autant qu’il devenait clair qu’il s’agissait bel et bien d’une organisation criminelle. Un Franco-Marocain semble être à la tête de ce réseau, pense la diplomate congédiée pour avoir informé qui de droit de ce qu’il se passait au Maroc, tout en précisant que les autorités marocaines n’ont pas été coopératives.
«C’est toujours le même procédé. La personne intermédiaire ne présente pas les documents comme cela est exigé par la loi Schengen. Les demandeurs de visa en question ne travaillent pas, ne savent ni lire ni écrire. Ils ne parlent pas français. Leurs documents ne sont pas valides. Ils n’ont aucune idée sur la République tchèque. Nous remarquons de suite que ce ne sont pas des touristes», a-t-elle fait savoir, en indiquant qu’elle a enquêté sur le sujet de façon informelle car, «malheureusement, les autorités marocaines n’ont montré aucune disposition à me renseigner de manière officielle» sur les personnes concernées.
«Je suis devenue une victime, parce que, quand j’ai informé de ces activités illégales, en juin 2019, j’ai été rappelée à Prague et j’ai perdu mon travail, bien que les directives de l’Union européenne et les lois de la République tchèque sont censées me protéger», a-t-elle regretté. «Depuis six ans, je me bats pour être rétablie dans mes droits mais, depuis février 2023, j’ai été exclue définitivement de la fonction, si bien que je me retrouve au chômage et sans aucun moyen de subsistance», a-t-elle fait remarquer.
La diplomate tchèque a subi un harcèlement en règle pendant qu’elle exerçait ses fonctions à Rabat, où un complot a été monté contre elle pour la pousser hors de l’ambassade, car elle représentait une sérieuse entrave au trafic en question. Elle a affirmé avoir été au courant que quelque chose se tramait contre elle et qu’elle a été victime d’une cabale, allant jusqu’à être traitée de souffrir de troubles psychiatriques. Plus grave, elle a révélé avoir été menacée par des agents secrets marocains qui ont laissé entendre qu’elle pouvait être assassinée. «Je ne savais pas qui était derrière ces menaces, mais ce dont je suis certaine, c’est qu’elles émanaient de gens qui étaient en contact avec le palais royal», a-t-elle assuré.
Si des doutes pouvaient subsister sur le caractère mafieux de l’Etat voyou du Maroc et sur la complicité suspecte de l’Union européenne à l’égard de ce régime scélérat, le témoignage de cette diplomate tchèque ne souffre aucune ambiguïté, bien qu’elle sache pertinemment que son cri d’alerte ne sera pas entendu par une Europe corrompue jusqu’à l’os.
N. D.
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