Maâti Monjib ou le théâtre obscène de la gâterie géopolitique entre Paris et Rabat

Maâti Monjib
La France est coupable de non-assistance à personne en danger. D. R.

Par Mohamed El-Maadi – Il y a des silences qui puent la compromission. Celui de la France face au calvaire du journaliste et historien franco-marocain Maâti Monjib est de ceux-là. Pendant que ce dernier se laisse mourir à petit feu dans les geôles du Makhzen, réduit à la grève de la faim pour réclamer son droit de sortir du royaume-prison, Paris détourne impudiquement les yeux. Pourquoi ? Parce que cela ferait tache dans le théâtre obscène de la «gâterie géopolitique» entre la France et le Maroc.

Le régime marocain est devenu, pour les élites françaises, la maîtresse de substitution parfaite : docile, rentable, muette. Une bonne copine diplomatique qu’on se tape dans les arrière-salles feutrées de la géostratégie. Pas de vagues, pas de presse, pas de morale. Tout ce qui sort de cette relation est avalé, digéré, nié. Et, surtout, tout ce qui gêne – comme un intellectuel malade et persécuté – est discrètement enterré.

Maâti Monjib n’est pas un inconnu. Son œuvre démonte pièce par pièce le système autoritaire marocain. Son engagement pour une presse libre lui a coûté sa liberté, ses biens, son emploi, sa santé. Mais il est aujourd’hui une figure gênante. Trop lucide, trop sincère, trop en contradiction avec les intérêts franco-marocains. Pendant qu’il se bat pour respirer, Boualem Sansal, lui, trône sur les plateaux de télévision, transformé en idole par un appareil médiatique français qui adore les écrivains exotiques tant qu’ils servent les obsessions occidentales : islamophobie, totalitarisme, algérianité négative.

Sansal est le dissident convenable, calibré pour la République. Maâti Monjib, lui, est l’«emmerdeur» de trop. L’homme qu’on préfère voir s’éteindre sans bruit. Et dans cette inégalité de traitement entre deux figures, ce n’est pas seulement l’hypocrisie française qui se dévoile, mais son cynisme le plus abject, le plus ordurier.

Car que voulez-vous attendre d’un Etat dont certains ministres se sont livrés, impunis, à des actes qu’on n’oserait pas nommer dans une fosse ? Quand le pouvoir politique s’envoie des enfants, la tête dans leurs excréments, il ne faut pas s’étonner que la souffrance d’un homme honnête dans une cellule marocaine soit perçue comme une anecdote. La France officielle a perdu toute boussole morale. Elle se vautre dans une diplomatie obscène, faite de caresses sales, de contrats dissimulés et d’avalements politiques.

Le Maghreb, dans ce jeu sordide, n’est qu’un décor où la France joue à l’ancienne : on flatte le Maroc, on dénigre l’Algérie, on divise pour mieux régner. Mais tout cela finira par lui exploser au visage. Car les peuples, eux, n’oublient pas. Et les humiliés d’aujourd’hui sont les mémoires explosives de demain.

M. E.-M.

Comment (4)

    Hocine-Nasser Bouabsa
    7 juin 2025 - 15 h 51 min

    Maâti Monjib est un véritable résistant marocain. C’est un homme libre, même si on veut le liquider à petites flammes en l’embastillant.

    Maâti et Sansal, deux « Français » à qui le régime français réserve deux traitement différents. On ignore le premier, qui est pourtant un vrai militant des droits de l’Hommes, mais on fait la guerre contre l’Algérie pour le second qui n’est pourtant qu’un véritable imposteur. « Les deux poids, deux mesures » de la France et des pseudo-intellectuels européens faussaises, sont une honte pour tout esprit libre.

    Mon soutien total et liberté à Maâti. Longues années de prison pour le harki Sansal.

    Anonyme
    7 juin 2025 - 12 h 37 min

    Entre COPROPHAGES de ce calibre on se fait des gâteries que même le Bousier répugnerait à y penser …

    Le roi vicieux de la honte... des Arabes!
    7 juin 2025 - 12 h 20 min

    Merci, M. Mohamed El-Maadi, de partager l’histoire de ce grand et courageux homme, Maâti Monjib, qui lutte contre l’injustice du roi malade et vicieux M6.
    Rabat est devenu Paris! Bienvenue dans la « ville lumière chérifienne » de la ploutocratie et de la soumission, où vous allez évidemment vous faire plaisir.
    Le régime de paris est un gouvernement de tripatouillage, d’intrigues avec des partis d’extrême droite qui sont passés de la haine au meurtre, des regards ironiques au droit de tuer tous les musulmans, et le climat politique raciste et islamophobe est devenu époustouflant.
    Le Makhzan n’a jamais été du côté des opprimés, mais une porte dérobée pour le retour discret de la france dans la région sensible, du Sahel, dont elle a été évincée. Ce vassal de la france néocolonialiste, selon la feuille de route annoncée par le régime parisien, intimide et maltraite son peuple, le laissant dans les pires conditions humaines
    Parfois, les personnes les plus brisées sont celles qui se dressent contre l’autocratie et l’injustice du roi de haschisch vicieux, qui luttent contre son système autoritaire et corrompu et qui détiennent les outils nécessaires pour aider les autres dans leur engagement en faveur d’une presse libre.
    Il y a mieux que la « ville lumière chérifienne » du royaume du vicieux roi M6, bien sûr, il y a des gens dans ce monde qui n’ont peut-être pas de diplômes prestigieux, de CV étincelants ou de passés idylliques. Ils sont discrètement enterrés, isolés pour être oubliés, leurs paroles mutés pour ne pas être entendus, épuisés et écrasés par l’injustice d’un système impitoyable et corrompu,… mais, ils portent et conservent quelque chose de bien plus précieux: le cœur, le courage et une raison de persévérer.

    Que Dieu vous aide, M. Maâti Monjib, et ce qui vous est destiné trouvera toujours son chemin vers vous – même si le roi vicieux dit non!

    Fodil Dz
    7 juin 2025 - 10 h 43 min

    La france et le maroc sont devenus « les mousquetaires de la compromission ». La devise de ce couple infernal est: « un pour tous, tous pourris ! ».

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