Retailleau se mue en Papon : quand la France réactive ses méthodes coloniales
De Paris, Mrizek Sahraoui – Gardons-le en tête : lorsque Bruno Retailleau et la galaxie d’extrême-droite parlent de sans-papiers, de clandestins, de problème migratoire, d’OQTF, ils désignent un(e) Algérien(ne), et rien d’autre. Ce codage racial, hérité des sinistres Bureaux arabes de l’ère coloniale, revêt désormais l’uniforme républicain.
Qualifié de ministre raciste par plusieurs députés de LFI, Bruno Retailleau a lancé, mercredi et jeudi passés, une vaste opération coup de poing contre les étrangers en situation irrégulière. Sous le prétexte du «contrôle des flux migratoires», le patron de la Place Beauvau a, en effet, supervisé en personne une véritable chasse aux sans-papiers dans les gares, les métros, les supermarchés, et même dans les bus circulant sur l’ensemble du territoire national, surtout dans ceux en provenance et à destination des pays voisins, Belgique, Italie, Espagne.
Pas moins de 4 000 policiers, gendarmes et militaires ont été déployés dans les gares françaises, avec des contrôles au faciès systématiques ciblant les Maghrébins et les ressortissants venus du continent africain. L’opération a, également, mobilisé les soldats de l’opération «Sentinelle», dispositif initialement dédié à la lutte antiterroriste que le premier policier de France a détourné vers la traque des étrangers en situation irrégulière. Pour ceux qui doutaient encore de l’installation durable d’un racisme d’Etat en France, l’opération mise en scène du ministre de l’Intérieur leur offre une cruelle confirmation.
Pour que cette croisade, c’en est une, ait un large écho médiatique à des fins électoralistes, il s’est carrément déplacé à la gare du Nord entouré d’une planquée de policiers et d’une nuée de caméras. Notamment de celles des médias appartenant à Vincent Bolloré, l’oligarque qui a fait son beurre, son argent du beurre en Afrique, avec le sourire des Africains sur le gâteau.
La séquence a tourné en boucle ininterrompue sur les chaînes du milliardaire breton afin de relayer la comédie sécuritaire du ministre de l’Intérieur dans le but de faire monter l’audimat de la haine anti-étrangers. Les observateurs y ont vu, là, la remise au goût du jour des méthodes coloniales par le ministre de l’Intérieur – déjà en campagne pour 2027– dont l’unique projet politique se résume à l’immigration. Un sujet qui arrive, pourtant, à la sixième place des préoccupations des Français, selon toutes les études d’opinion, excepté, bien évidemment, celles réalisées pour le compte des médias d’extrême droite.
Cette seconde opération en deux mois (après celle des 20 et 21 mai dernier), et qui sera sûrement suivie par d’autres, révèle une stratégie totalement assumée : le projet Périclès, œuvre concoctée par des milliardaires catholiques intégristes qui rêvent d’une France sans islam, sans Algériens, transformée en Vatican bis.
M. S.
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