Le valet critique Kamel Daoud et les médias français aux masques fissurés
Par Sid Ali Mokhefi – Il y a des plumes qui ne se contentent plus d’écrire : elles griffent, lacèrent, se parent de vertu mais se nourrissent du dénigrement. Kamel Daoud est de celles-là. Il se proclame libre, mais il est devenu le valet critique d’une presse française qui a troqué l’indépendance journalistique contre les ordres silencieux de ses actionnaires. On lui donne la scène, il livre son monologue, toujours le même : l’Algérie serait incapable de se tenir debout sans la France, ses alliances seraient des ombres coloniales. Et lorsqu’il parle de la rencontre entre Tebboune et Meloni, il convoque le mot «postcolonial» comme un vieux fantôme à ressusciter pour plaire à son lectorat parisien.
Mais l’histoire n’a pas besoin de ses métaphores bancales. L’Italie n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a aidée à briser ses chaînes, Enrico Mattei en tête, finançant le FLN et relayant la cause indépendantiste au mépris des pressions françaises. Quand la décennie noire a enveloppé le pays de son voile sanglant, Alitalia continuait de voler vers Alger tandis que tant d’autres lui tournaient le dos. Aujourd’hui, ce partenariat ne fait que se renforcer : énergie, agriculture, infrastructures, avec des accords concrets, loin des postures théâtrales. C’est une relation de respect et de pragmatisme, là où la France s’accroche encore à ses discours de repentance ou d’arrogance.
La presse parisienne, elle, s’empresse de repeindre cette alliance d’un vernis sombre. Ses rédactions se disent indépendantes, mais elles sont devenues des vitrines pour des intérêts privés : luxe, armement, télécoms. Elles se parent de grands principes – droits humains, égalité, féminisme – mais ferment les yeux sur les zones d’ombre de leurs chroniqueurs vedettes, car l’important n’est pas la vérité, mais l’histoire qu’elles veulent raconter.
Kamel Daoud, cette «plume courageuse», a pourtant été condamné pour violences conjugales en Algérie. Les mêmes médias qui l’élèvent en symbole se taisent sur ce passé. Une plume qui a levé la main sur une femme peut-elle vraiment parler de morale ? Peut-elle décemment juger une nation et ses alliances ? Non. Mais cela n’a aucune importance pour ceux qui le publient : il est utile, et c’est tout ce qui compte.
L’Algérie n’a plus besoin des récits parisiens pour se construire. Elle choisit ses partenaires, et l’Italie a une place de choix, non par nostalgie, mais par fidélité et efficacité. L’alliance Tebboune-Meloni n’est ni une soumission ni une mise en scène, c’est une affirmation de souveraineté. C’est ce que ni Daoud ni ses employeurs, ne supportent : un pays qui agit selon sa propre boussole, sans tendre la main pour demander l’approbation de Paris.
Le vrai postcolonialisme n’est pas dans la relation Algérie-Italie, il est dans ces plumes et ces journaux qui continuent à parler de nous comme si nous leur appartenions. L’Algérie n’écoute plus leurs leçons. Elle avance. Et ni un valet critique ni des médias aux masques fissurés ne pourront l’empêcher de tracer sa voie.
S.-A. M.
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