Images choquantes de l’inauguration désastreuse du nouveau stade de Rabat
Par Houari A. – L’inauguration du nouveau stade de Rabat, dont le Makhzen a voulu faire un moment de «fierté nationale», a, au contraire, mis en lumière les profondes failles du Maroc en matière d’organisation d’événements sportifs de grande envergure. Le match inaugural entre le Maroc et le Niger, au lieu d’annoncer une nouvelle ère de modernité et de professionnalisme, s’est transformé en fiasco logistique et humain. Des bousculades ont éclaté aux entrées et à la sortie, causant évanouissements et blessés, les tribunes étaient jonchées d’immondices à la fin de la rencontre, et l’envahissement du terrain dès le coup de sifflet final a souligné l’insécurité flagrante de l’événement. L’ambiance chaotique, les billets vendus au marché noir à des prix prohibitifs, les tickets vendus pour des places inexistantes et les tarifs exorbitants réservés à la caste des vassaux de la cour ont choqué les Marocains, renforçant le sentiment d’injustice et de mépris de la population.
Cette inauguration ratée soulève une question cruciale : comment le Maroc pourrait-il organiser, dans à peine trois mois, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), et plus tard coorganiser une Coupe du monde, alors qu’il n’est même pas capable d’assurer le bon déroulement d’un simple match sans enjeu dans un stade flambant neuf ? L’enthousiasme gouvernemental pour ces événements internationaux est complètement déconnecté des réalités concrètes du pays. Le stade, baptisé comme de coutume au nom d’un aïeul de la famille royale, a coûté la bagatelle de 600 milliards en monnaie locale, une somme astronomique, alors même que les priorités sociales sont ailleurs.
En effet, cette inauguration survient dans un contexte social extrêmement tendu. Deux ans après le séisme meurtrier d’Al-Haouz, des milliers de sinistrés vivent encore dans des abris précaires, sans accès à des services de base. Ce contraste entre les milliards investis dans le prestige et le luxe d’un stade, et l’abandon des populations en détresse, a alimenté une vague de colère dans le pays. Pour beaucoup, cette dépense pharaonique est perçue comme un affront, une provocation envers un peuple confronté à une précarité généralisée.
La santé publique est à l’agonie, avec un système hospitalier saturé, défaillant, sous-équipé, et inégalement réparti. L’éducation est dans un état lamentable, minée par le manque d’enseignants, d’infrastructures et de réformes cohérentes. Le pouvoir d’achat, quant à lui, est laminé par l’inflation et par les conséquences du plan d’ajustement structurel dicté par le Fonds monétaire international, la dette du Maroc, qui frôle les 110 milliards de dollars, pesant lourdement sur l’économie marocaine, entre les mains d’une mafia dirigée par Mohammed VI, et réduit considérablement les marges de manœuvre de l’Etat croupion pour répondre aux besoins fondamentaux de la population.
L’inauguration du stade de Rabat n’est donc pas un simple incident isolé ; elle est le symptôme visible d’un mal plus profond : une gouvernance qui privilégie les apparences et les intérêts d’une élite prédatrice au détriment du bien-être du plus grand nombre. A l’heure où le Maroc à l’agonie rêve de grandeur internationale, il serait peut-être temps de regarder en face les urgences nationales.
H. A.
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