Israël et Qatar : deux nains ennemis sur les épaules du même géant américain

Trump Qatar
Le président américain, Donald Trump, à Doha. D. R.

Par A. Boumezrag – Entre bombardements à Gaza et frappes à Doha, les tensions entre Israël et le Qatar révèlent les limites d’un système d’alliances construit autour de Washington. Deux petits Etats aux ambitions démesurées se disputent la vue depuis les épaules du colosse américain. Mais combien de temps le géant pourra-t-il continuer à les porter sans vaciller ?

Il est des images qui valent plus qu’un long discours. Celle de deux minuscules silhouettes juchées sur les épaules d’un colosse, l’une en uniforme kaki bardé de technologie, l’autre enveloppée de soie et parfumée au gaz naturel, se disputant la meilleure vue, résume à merveille la scène moyen-orientale de ces dernières semaines. Derrière l’illustration humoristique se cache un rapport de forces bien réel : Israël et le Qatar, chacun à sa façon, profitent de la puissance des Etats-Unis pour mener des politiques qui dépassent largement leur poids réel, au risque de transformer leur perchoir en ring.

Territoire réduit, population limitée, mais puissance militaire et technologique sans égale dans la région. Depuis des décennies, l’alliance avec Washington sert à Israël de bouclier diplomatique et d’accélérateur d’innovation militaire. Résultat : une liberté d’action extraterritoriale qui s’étend désormais au-delà de Gaza. La frappe contre des responsables du Hamas sur le sol qatari illustre cette audace. Un message envoyé : un test implicite des limites de la protection américaine. Tant que le colosse garde son calme, le petit «guerrier» avance ses pions.

Le Qatar, à l’inverse, n’a ni armée massive ni technologie militaire de pointe. Sa force, c’est son gaz, son carnet de chèques et son rôle de médiateur hyperactif. Hébergeant des dirigeants du Hamas et d’autres mouvements, offrant à l’armée américaine sa plus grande base régionale (Al-Udeid), il s’est imposé comme le «passeur» obligé entre islamistes et Occident. Sa diplomatie surdimensionnée tient sur une idée simple : tant que Washington a besoin de moi, je suis protégé. Mais lorsque les missiles israéliens touchent Doha, c’est cette croyance même qui vacille. Le charmeur découvre que, sur l’épaule du géant, il n’est pas seul.

Troisième personnage de ce numéro de cirque : le géant américain. Il est à la fois tremplin, parapluie et caisse de résonance. Sans lui, Israël n’aurait pas ce statut de puissance régionale quasi intouchable ; sans lui, le Qatar ne serait pas le médiateur choyé. Mais à force de cabrioles et de coups de coude sur ses épaules, le colosse commence à tanguer. Pour Washington, la situation est un test : comment arbitrer un conflit entre deux alliés stratégiques aux intérêts divergents, sans perdre l’un ni froisser l’autre ? La question est d’autant plus brûlante que l’Amérique regarde aussi vers l’Asie et n’a plus la même patience pour les crises du Moyen-Orient.

Dans l’ombre, d’autres acteurs guettent le faux pas. L’Iran applaudit à chaque fissure entre les protégés de Washington. L’Arabie Saoudite espère redevenir l’interlocuteur pivot des Etats-Unis dans le Golfe. La Turquie rêve de récupérer le rôle d’équilibriste islamo-médiateur que Doha lui a volé. Le cirque n’est donc pas qu’un duo sur scène : c’est tout un ensemble de trapézistes, de clowns et de dresseurs qui attendent qu’un des deux nains tombe pour prendre sa place. Dans ce contexte, chaque frappe, chaque déclaration, chaque médiation dépasse le simple échange bilatéral.

Les enjeux sont dévoilés. Premier enjeu : la crédibilité américaine. Quand un protégé frappe un autre protégé sur le territoire d’un allié, c’est l’autorité du colosse qui s’effrite. A Washington, cela nourrit le débat entre ceux qui prônent un engagement ferme et ceux qui veulent réduire la voilure au Moyen-Orient. Deuxième enjeu : la sécurité du Golfe. Si Doha n’est plus perçu comme un sanctuaire, c’est tout l’édifice de bases et de médiations patiemment construit depuis vingt ans qui vacille. Troisième enjeu : le rôle de médiateur. Un Qatar affaibli, c’est un canal en moins entre Washington et ses adversaires – Hamas, Iran ou autres. L’Amérique se retrouverait privée d’un atout discret mais précieux

Dans ce jeu d’équilibristes, trois scénarios se dessinent. Dans le premier, le géant recadre ses deux passagers. Washington impose des lignes rouges, rappelle à Israël les limites de l’extraterritorialité, rassure Doha sur sa protection et le numéro continue, plus prudent mais toujours spectaculaire. Dans le deuxième, l’un des nains tombe. Doha retire certaines facilités, Israël se retrouve isolé sur l’épaule gauche et Washington doit reconstruire son dispositif régional en catastrophe. Les opportunistes investissent la brèche. Dans le troisième, le géant détourne son attention. Occupé par l’Asie ou par ses propres échéances électorales, il laisse le cirque sans directeur. Les acrobates se disputent la piste, transformant le chapiteau moyen-oriental en champ de bataille diplomatique où chacun teste ses numéros. C’est le scénario du vide stratégique, où d’autres puissances s’installent durablement.

Reste une morale simple, mais cruelle : à force de jouer aux équilibristes et de se donner des coups de coude sur le dos du même colosse, Israël et Qatar risquent de transformer leur perchoir en ring. Or, sur cette piste, le géant américain n’est pas éternellement patient. Il peut hausser les épaules, secouer ses passagers et laisser d’autres puissances s’emparer du spectacle.

Dans ce cirque géopolitique, Israël et Qatar croient tenir la vedette ; ils ne sont pourtant que des acrobates. Le seul vrai numéro décisif sera celui du géant américain : continuera-t-il à les porter ou finira-t-il par les laisser retomber sur la piste et donner la scène à de nouveaux acrobates ?

A. B.

Comment (4)

    Anonymat
    13 septembre 2025 - 10 h 20 min

    Le titre de votre article m’a suffi amplement pour ne pas lire le reste, toutefois, j’ai fait l’effort jusqu’au bout.

    Israël est un Etat voyou et paria, est un Etat criminel, les faux semblants et la fausse communication se sont définitivement effondrés comme un château de cartes, toutefois, ramené Israël au même niveau que les pseudos Etats du Golfe à l’image du Qatar est une moquerie.

    Il est clair que Israël est aidé massivement par les USA, de leur côté les israéliens travaillent nier cela revient à se mettre une balle dans le cerveau, la question qui mérite d’être posée est la suivante : pour quoi les juifs ont acquis cette influence quasi totale sur les USA.

    Pour quoi sur les décisions des américains, sur la politique étrangère américaine, les Juifs ont toujours leur mot à dire, comme on dit chez AMR ITABAK, je vous parie tout ce que vous voulez, que les F35 qui ont frappé à Doha, sont le résultat de la recherche des firmes américaines dont le financement bancaire vient exclusivement des avoirs des pays du Golfe.

    Je vous parie ce que vous voulez que le financement bancaire de l’achat des F35 américains par Israël vient exclusivement des avoirs bancaires des pays du Golfe, je vous parie ce vous voulez que les satellites américaines et Israéliens dont la Recherche et le développement puis la conception et la fabrication vient de financement bancaire des pays du Golfe que le gaz et le pétrole utilisés pour la mise en orbite des satellites vient des sous-sols des pays du Golfe.

    Les arabes en général par les dictatures qu’ils ont installées dans leurs pays respectifs ont fanatisé leur population respective, ont abruti leurs enfants, une école comme voie de garage, une université quasi inexistante, une société civile anesthésie et shootée à mort au fanatisme religieux, voilà la principale faiblesse des pays du Golfe et la principale force de l’Etat d’Israël.

    Inutile de se cacher derrière son doigt, les arabes se sont toujours trahis entre eux au profil de leurs ennemis, inutile de revenir sur les principales dates qui montre l’évidence de tout cela.

    Une chose est certaine, les arabes ont été frappé et seront encore et d’avantage frappé par leurs ennemis parce qu’ils n’ont jamais appris la leçon de leur principale faiblesse, Netanyahou a compris la mentalité arabe et se joue avec délectation, il a créé un élevage d’antisémites manipulable à volonté.

    Au moment où sous les ordres de l’armée, les pilotes israéliens humilient le Qatar, la femme de Netanyahou était reçue parait-il dans un hôtel 5 ou 7 étoiles à Doha, YETHERBENI WA BEKA, YESSEBEKENI WA CHEKA.

    Les dirigeants des pays du Golfe par volonté, ont offert le gros gourdin par lequel ils se sont faits et se feront tabasser, ainsi va le monde, les Etats est une histoire d’intérêts, le sionisme à montrer ses objectifs et ses intérêts, ou sont les intérêts des pays richissimes du Golfe.

    🇩🇿 Fodil Dz
    13 septembre 2025 - 10 h 12 min

    L’entité sioniste est le véritable allié des états-unis. Le qatar n’est qu’un bailleur de fonds. L’émirat n’a obtenu qu’un semblant de protection de la part des américains. Les promesses ne valent pas grand chose. Elles n’engagent que ceux qui les croient. Les qataris viennent de l’apprendre à leurs dépens. On dit aussi à leurs dépenses …

    Anonyme
    13 septembre 2025 - 9 h 57 min

    Le Qatar a offert, comme cadeau, à Trump lors de sa visite et comme récompense à son élection de président US, un Boeing 747. Comme si le président américain était dans le besoin. Les 7,4 milliards de Dollars du prix de ce Boeing aurait pu être investi dans un pas où des millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim

    Anonyme
    13 septembre 2025 - 9 h 55 min

    Qatar et le reste de ces pays composés d »EMIRS » comme autorités illégigitimes car mis en place par l’occident immoral méritent que ces imposteurs disparaissent pour laisser place aux peuples.

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