Inquiétante et prévisible contraction des réserves de change : sombres perspectives économiques

Les sombres contours de la situation économique du pays se précisent suite à l’annonce faite ce matin par le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci. En soulignant que les réserves de change ont poursuivi leur tendance baissière pour s'établir à 159,027 milliards de dollars à fin juin 2015 contre 193,269 milliards de dollars lors de la même période de 2014, le gouverneur de la Banque d’Algérie donne un aperçu de la forte contraction des recettes pétrolières et du même coup du rétrécissement de la marge de manœuvre du gouvernement qui peine, par ailleurs, à imaginer une riposte adéquate face à la crise, hormis une tentative quasi désespérée et tardive d’attirer l’argent informel dans le giron des banques. Le seul point positif sur lequel a insisté ce matin Mohamed Laksaci, comme les membres du gouvernement avant lui, est «la faible dette extérieure située à 3,353 milliards de dollars à fin juin 2015», ce qui, selon lui, compense le niveau déclinant des réserves de change, puisqu’il «reste adéquat pour faire face au choc externe». Un diagnostic en demi-teinte à travers lequel le patron de la Banque centrale tente de laisser place à l’espoir de voir la situation du pays se redresser malgré une forte contraction des réserves de change, manne qui a toujours constitué pour le gouvernement un matelas de sécurité économique mais aussi politique. Malgré tout, les chiffres assénés ce matin ne sont certainement pas faits pour entretenir l’optimisme qui a d’ailleurs déserté les rangs de l’Exécutif depuis longtemps, même si les déclarations officielles des ministres se veulent rassurantes, au fil de leurs sorties sur le terrain. Un discours de façade qui contredit aussi en premier lieu les mises en garde faites il y a des mois par le Premier ministre qui a reconnu la gravité de la situation que vit le pays, avertissant que la baisse des prix du pétrole allait réduire comme peau de chagrin les réserves de change du pays. L’Algérie ne pourrait compter, selon lui, que sur 9 milliards de dollars en 2019 au cas où le baril de pétrole se maintiendrait sous les 50 dollars sur la durée. Reconnaissant que le pays vit une situation des plus délicates au plan économique, lors d’une rencontre avec les cadres du secteur de l’énergie, en présence notamment des nouveaux ministres de l’Energie et des Finances, Sellal avait déjà sa tête des mauvais jours, exhortant les cadres de Sonatrach à retrousser les manches pour augmenter la production et permettre au pays d’exporter plus pour assurer un niveau de recettes confortable dans les années à venir. «Le rôle du secteur de l’énergie sera décisif. Il devra nous accompagner (…) pour permettre à l’Etat d’honorer ses engagements sociaux envers les concitoyens dans les domaines tels que l’habitat, l’éducation et la santé», avait déclaré Sellal, qui avait rappelé aussi que les recettes des hydrocarbures avaient chuté de 7,8 milliards de dollars durant le premier trimestre 2015, estimant que «la situation est encore sous contrôle» tout en n’écartant pas un recours à l’endettement extérieur si les choses ne s’amélioraient pas.
Meriem Sassi
 

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