Une cacophonie face à une vacance avérée du pouvoir

Par Sonia-Linda S. – L’Algérie traverse en ce moment une étape inédite de son histoire politique, celle de l’absence d’un véritable leadership à la tête de l’Exécutif. Mais ce qui ajoute une couche à cet état de délabrement généralisé, c’est visiblement le désengagement total de la rue algérienne de l’espace politique, en raison, bien évidemment, de l’inexistence d’une classe politique capable de faire bouger les lignes, sans oublier la médiocrité qui s’est emparée des médias, un secteur complément déconnecté des réalités de la société. Cette situation a permis aux opportunistes de tous bords d’envahir la scène politique, dans une ultime tentative de se positionner sur l’échiquier politique, en prévision de l’effondrement de l’actuelle direction politique, une situation fortement envisageable, compte tenu de l’état physique et mental du Président, et ce, malgré l’absence d’indices qui laissent penser que le locataire de la résidence ultra-médicalisée de Zéralda pourrait éventuellement abandonner le siège avant la fin de son 4e mandat. Cela dit, la lettre des 19 adressé au président absent est un geste désespéré d’une bande d’assoiffés de pouvoir, en panne d’idée pour faire évoluer le débat, à travers une action politique plus réaliste ; le pays a réellement besoin d’un sursaut pour en finir avec le statu quo que lui impose depuis plusieurs années le clan présidentiel. Je ne vois d’ailleurs pas l’utilité d’aller demander une audience à un président en retrait des affaires depuis longtemps, ses apparences occasionnelles sont incontestablement des manœuvres destinées à rassurer le monde extérieur et le convaincre de l’existence d’un chef à la tête de l’Etat algérien. En tout état de cause la question que tout le monde devrait se poser est celle-ci : le pays sortira-t-il indemne de cette guerre d’influence qui se joue dans le palais d’El-Mouradia, une guerre de succession menée par le frère cadet du président et son clan, composé essentiellement d’oligarques ? Cette situation intenable représente un grand danger pour la stabilité du pays et sa sécurité, car tout pourrait basculer rapidement, les Algériens ne devraient pas jouer les spectateurs indéfiniment, et voir leur pays dirigé par des vautours dont le seul souci est d’accaparer des richesses à des fins personnelles ou tribales, alors que l’écrasante majorité de la population se débat pour survivre ou se contenter des miettes.
S.-L. S.
Londres

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