La leçon tunisienne

La victoire du parti tunisien Nidaa Tounès, créé il y a de cela quelques mois et dirigé par le vétéran Béji Caïd Essebsi, un ancien ministre de Bourguiba et Benali, que d’aucuns ont comparé au bébé-éprouvette algérien, le RND, né avec une paire de moustaches poivre et sel touffues, est riche d’enseignements divers pour tous les pays arabes et musulmans confrontés au fléau de l’islamisme et de l’extrémisme islamiste. Ainsi, l’expérience tunisienne nous a montré que moins on est complaisant et moins on consent de concessions aux partis islamistes, plus ils fondent dans la matrice politique et sociale dominante, en attendant certes des jours «meilleurs», c’est-à-dire difficiles pour leurs pays et leurs peuples, dont ils exploitent les crises diverses pour redoubler leur activisme. Par contre, plus ces partis sont craints et courtisés par les dirigeants des pays où ils existent, plus ils augmenteront la pression sur eux afin d’obtenir davantage de concessions dans tous les domaines. C’est le cas notamment de l’Algérie avec les politiques laxistes voir même quasi «rédditionnistes» de concorde civile et de réconciliation nationale, qui ont octroyé unilatéralement des avantages politiques, juridiques et financiers aux extrémistes islamistes sans qu’ils aient demandé quoi que ce soit ou exprimé le moindre regret pour leurs forfaits avérés. Contrairement aux terroristes islamistes, les familles de leurs nombreuses victimes n’ont bénéficié d’aucune compensation ni forme de justice matérielle ou morale. A l’approche «crabienne» de Bouteflika, qui a trop ménagé les islamistes, sans doute par calculs politiciens, pour en faire des alliés contre des ennemis communs faciles à deviner, M. Béji a préféré la confrontation publique avec Ennahda, principal parti islamiste, au pouvoir en Tunisie depuis octobre 2011, en vue de mobiliser ses compatriotes contre ce qu’il a appelé la «peste verte». Si le premier a peu ou prou réussi à domestiquer ses alliés islamistes, en contrepartie de plusieurs postes au gouvernement, au Parlement et dans la haute administration – cela s’inscrit parfaitement dans leur stratégie d’entrisme et de noyautage des institutions de la République –, le second a considérablement amoindri Ennahda, dont il a exploité les graves lacunes relevées dans sa gouvernance chaotique de la Tunisie.
Rabah Toubal
 

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