Quand les médias français usent de subterfuges pour contourner la question sahraouie

La chaîne de télévision franco-allemande Arte a diffusé mardi 28 avril, dans la soirée, un documentaire sur le Sahara Occidental perçu comme un plaidoyer pour la cause du peuple sahraoui qui lutte pour son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. D’ailleurs, le titre du film, tourné entièrement dans un camp de réfugiés, La dernière colonie, renseigne parfaitement sur son contenu. La diffusion de ce documentaire, d’une durée de 60 minutes, sur une chaîne de télévision française est un fait exceptionnel, font remarquer les observateurs qui suivent de près la position de la France sur la question du Sahara Occidental. D’autant plus que le film de l'Allemand Christian Gropper veut éveiller les consciences en France, en Allemagne, et plus largement dans l’Union européenne, sur un mouvement de résistance anticoloniale qui anime tout un peuple. Mais c’est dans la version allemande que ce film a été diffusé, et c’est finalement le subterfuge utilisé par Arte pour exposer la question sahraouie au public français. Cela se comprend, une version française pour un tel documentaire est impensable. Sous des dehors neutres, la position officielle de la France est, dans les faits, la négation des droits du peuple sahraoui et tend à légitimer l’occupation marocaine. Mardi, après le vote qui a renouvelé le mandat de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso), pour une autre année, jusqu’à avril 2016, le représentant du gouvernement français au Conseil de sécurité a tenu à intervenir. Son discours montre qu’il y a une vraie difficulté chez les dirigeants français à comprendre la nature du conflit au Sahara Occidental qui est une affaire de décolonisation dont la solution réside dans le référendum d’autodétermination revendiqué par le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui. Le diplomate français a lu une déclaration dans laquelle il cite des «parties» en conflit, sans préciser qu’il s’agit du Maroc et du Front Polisario, et évite de froisser le Maroc sur la question des droits de l’Homme. Il va même jusqu’à délivrer aux dirigeants marocains un satisfecit douteux sur cette question, feignant d’ignorer les violations des droits de l’Homme pourtant flagrantes commises par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés. C’est un fait admis que la torture est systématiquement pratiquée contre les militants sahraouis qui sont victimes d’arrestations arbitraires. La France semble indifférente devant les violentes répressions qui s’abattent sur les militants sahraouis chaque fois qu’ils manifestent pacifiquement pour leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Le gouvernement français ferme également les yeux sur l'exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara Occidental au mépris du droit international. Par cette attitude, la France apparaît comme le principal soutien à l’occupation marocaine dans «la dernière colonie» et contribue à retarder l’avènement d’une solution juste à ce conflit qui passe par l’autodétermination du peuple sahraoui. Dans ces conditions, il ne faut pas attendre de médias français, qui sont sous l’influence du Makhzen, qu’ils éclairent leur opinion publique sur la situation réelle au Sahara Occidental et sur la nature réelle de la question sahraouie.
Houari Achouri
 

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