La BAD explique les «vraies» raisons du Printemps arabe

La Banque africaine de développement (BAD) vient de rendre un rapport peu reluisant sur les régimes politiques des pays nord-africains, qui ont poussé les peuples à déclarer la guerre aux gouvernants en janvier 2011. Dans un document rendu public par le département des opérations en Afrique du nord de la BAD intitulé «Emplois, Justice et le printemps arabe : la croissance inclusive en Afrique du Nord», les économies et la gouvernance de ces pays, dont l’Egypte, la Libye et la Tunisie, sont d’emblée remises en cause, non sans énumérer d’autres raisons liées aux droits de l’Homme. Ainsi, selon la BAD «les revendications de travail et de la justice ont alimenté les révolutions», en sus «du manque d’opportunités économiques, la hausse du coût de la vie et l’écart grandissant entre les riches et les pauvres». N’ayant pas réussi à instaurer des systèmes pluralistes et une croissance inclusive de qualité, ces régimes ont buté sur un mécontentement populaire généralisé. «Peu a été fait en matière de réformes structurelles. L’histoire des transitions dans d’autres pays donne à penser que les premiers gouvernements de transition ont tendance à se détourner des changements du système juridique et réglementaire au-delà des tentatives visant à éliminer les manifestations les plus criantes des malversations qui caractérisaient les régimes précédents. A cela, il convient d’ajouter que la fragilité du système bancaire limite les possibilités de réformes du secteur financier», soulignera encore la BAD. Cette institution financière, qui emboîte par ailleurs le pas au Fonds monétaire international (FMI) qui a, lui aussi, rendu public un rapport de plus de 300 pages sur le Printemps arabe, estime que la crise entre le gouvernement et le secteur privé a accentué la colère populaire. Raison pour laquelle ladite banque préconise un «retour de la confiance des entreprises dans un environnement plus ouvert (…), en développant des institutions qui prennent en charge des interactions transparentes, basées sur des règles, entre les entreprises et les pouvoirs publics». D’ailleurs, la BAD estime que ces gouvernements détiennent des atouts, comme «les dispositions publiques» qui pourraient «aider à développer de nouvelles stratégies pour une croissance inclusive (….) comme l’amélioration de l’accès à l’emploi pour les jeunes, la réforme de l’éducation, la décentralisation des dépenses publiques et l’amélioration des prestations de services». Au plan régional et international, la BAD suggère, d’une part, à ces gouvernements une intégration meilleure basée sur des accords économiques, et d’autre part, sous-entend le rôle potentiel et complémentaire de la communauté internationale.
Yanis B.

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