Les va-t-en-guerre vaincus

L’Algérie a finalement su convaincre ses partenaires qu’il fallait réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une aventure militaire au Mali. La résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’unanimité de ses 15 membres, laisse toute son importance au processus politique qui doit permettre à ce pays de résoudre par le dialogue la crise qui le secoue depuis plusieurs mois. La diplomatie algérienne a indéniablement pesé dans la nouvelle approche adoptée par des pays qui ne voyaient rien d’autre que la solution militaire au Nord-Mali. A force de persévérance et allant pratiquement à contre-courant des tendances bellicistes, dominantes à un moment, les Algériens ont réussi à faire prévaloir un autre ordre de priorité qui privilégie ce qui est appelé «processus politique». La responsabilité première dans ce processus est dévolue par la résolution du Conseil de sécurité aux autorités maliennes. Une feuille de route «pacifique» leur est suggérée avec au bout «des élections présidentielles et législatives crédibles et sans exclusive d’ici à avril 2013». Le cadre est également fixé : un dialogue politique large et ouvert. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’objectif du rétablissement de «l’ordre constitutionnel et l’unité nationale» mais aussi l’autorisation donnée au Conseil de sécurité pour le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma). On est loin du schéma d’intervention étrangère appliqué en Libye et même en Côte d’Ivoire ou de celui mis en échec en Syrie. Médiation, dialogue, négociations, les mots qui donnent son sens à la résolution du Conseil de sécurité ne laissent entendre aucun bruit de bottes des va-t-en-guerre partisans de la solution militaire. La position algérienne transparaît quasiment dans toutes les lignes de cette résolution, et elle est nette dans la demande faite aux autorités de transition maliennes de mettre en place rapidement un cadre «pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays qui ont rompu tout lien avec une organisation terroriste, tout particulièrement avec Al-Qaïda et les groupes affiliés, dont le Mujao, et qui acceptent sans conditions l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat malien, dans le but de répondre aux préoccupations de longue date des populations du nord du pays». La voix de la paix a fini par l’emporter. C’est bon signe.
Cherif Brahmi