CAN-2013 : coup d’envoi sur fond d’incertitude pour le pays hôte

La 29e édition de la Coupe d’Afrique des nations, dont le coup d’envoi sera donné samedi à Johannesburg (Afrique du Sud), s’annonce des plus indécises pour un grand nombre de sélections, notamment celle du pays hôte qui s’apprête à organiser un tel évènement pour la seconde fois de son histoire. Affichant clairement ses ambitions qui passent inéluctablement par le sacre final, la sélection sud-africaine semble revoir quelque peu à la baisse ses prétentions, eu égard à ses dernières sorties ratées contre la Norvège et l’Algérie. Des résultats inattendus qui ont déclenché une vague de critiques acerbes contre l’entraîneur Gordon et sa troupe déclarés «inaptes» à imiter leurs valeureux prédécesseurs de 1996 qui avaient décroché le premier titre africain en football de l’Afrique du Sud. Même si le football n’est pas le sport favori en Afrique du Sud, il n’en demeure pas moins qu’il provoque une ferveur particulière lorsque le Bafana Bafana sont concernés. Le titre de 1996, qui venait une année après celui du rugby avec les fameux «Springboks» en Coupe du monde, a créé un tel engouement que le football a gagné beaucoup de place dans le cœur des Sud-Africains, explique Clive Barker, l’ex-sélectionneur national de la sélection de 1996. «Nous étions une démocratie nouvelle et nous avons vu comment la victoire de la sélection de rugby avait contribué à unir la nation. Je suis absolument ravi que nous sommes parvenus à réussir à faire la même chose parce que le football depuis de nombreuses années a joué un grand rôle dans notre nation et provoqué une union exceptionnelle des Sud-Africains», affirme t-il.
Zuma tout comme Mandela
Il est loin ce temps, puisque aujourd’hui la donne a changé et si l’apartheid a cessé d’exister, les Sud-Africains restent partagés sur leur équipe, conséquemment aux derniers résultats en matchs amicaux qui ont plongé les supporters des Bafana Bafana dans le doute total. Les critiques de la presse ont accentué cette impression même si les appels à la mobilisation ne cessent de s’amplifier : Hauweng (On y va !) Bafana Bafana, Hauweng Afrique du Sud ! Sortez les vuvuzelas et portez vos maillots avec fierté. «Unissons-nous et apportez le soutien aux garçons !» s’exclame un célèbre chroniqueur de la TV locale qui appelle à cesser les critiques pour pousser les Bafana Bafana vers la victoire finale. Même le président Jacob Zuma s’est mis de la partie en rendant visite cette semaine aux joueurs dans leur camp d’entraînement, histoire de les encourager et de les motiver dans cette période d’extrême tension que vivent les joueurs et l’entraîneur Gordon Igesund. Une visite qui pourrait avoir l’effet escompté, rappelle Clive Barker qui se remémore de la visite qu’avait effectuée le leader charismatique du pays, Nelson Mandela, à quelques jours du début de la compétition en 1996 et ses répercussions positives sur le moral des joueurs. «Lorsque Mandela est arrivé à la veille du match d’ouverture contre le Cameroun, nous avons senti le poids de notre responsabilité pour rendre fière notre nation. Il s’est adressé à nous en nous disant : tout le pays est avec vous», affirme le célèbre entraîneur. La visite de Zuma aura-t-elle un tel effet ? «Oui», répond sans hésitation Barker qui pense que tout les Sud-Africains seront derrière les Bafana Bafana, surtout si le match d’ouverture contre le Cap Vert se passe bien.
Gagner le Cap-Vert même par un tout petit but
«Si on gagne le Cap-Vert même par un petit but, tout sera permis, comme cela a été le cas pour nous en 1996 après notre victoire contre le Cameroun», explique-t-il sans occulter toutefois que les matchs contre l’Angola et le Maroc seront également des tests difficiles.
L’ex-coach n’hésite pas lui aussi à appeler au soutien du public. «Madiba magic (public magique) est le véritable 12e homme, c’est la force motrice derrière l’équipe», affirme Barker précisant que le public a été pour beaucoup dans le succès de 1996. Les propos mesurés de l’ex-entraîneur national ne sont pas partagés par bon nombre de Sud-Africains qui ne voient pas leurs favoris passer la phase de poule. «Nous n’avons pas d’équipe à même d’aller loin dans cette CAN. Regardez les matches contre la Norvège et l’Algérie, on n’a même pas réussi à marquer un but. Alors comment gagner si on ne marque pas», avoue dépité Peter, un vendeur dans un magasin d’équipements sportifs à Rustenburg. Un découragement qui risque vite de s’estomper si les Bafana Bafana battent le Cap-Vert et plongent le pays dans une totale frénésie. Alors là qu’on soit à Johannesburg et son ghetto de Soweto, Pretoria, Polokwane, Cap Town, Durban ou à Rustenbug, les sons assourdissants des vuvuzelas ne cesseront de résonner de la nuit.
R. S.
 

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