Piranhas d’avril
Par R. Mahmoudi – Soixante-douze postulants à la candidature pour l'élection présidentielle et la liste reste ouverte ! Cet engouement exceptionnel est la preuve, non pas d’une vitalité réelle de la classe politique algérienne, loin s’en faut, mais bien d’une dramatique banalisation de la fonction de premier magistrat de la nation. On a eu droit à un avant-goût de cette tendance à la dévalorisation de la «chose» politique lors des élections législatives de mai 2012, avec l’entrée massive de toutes sortes d’opportunistes et d’affairistes véreux et analphabètes, appâtés par les innombrables privilèges que leur conférait le statut de député et encouragés par la caste au pouvoir. Mais c’était encore à un stade moins visible et, disons-le, beaucoup moins sensible. Comment expliquer cette course enfiévrée de tous ces politiciens en herbe pour la magistrature suprême, alors que la majeure partie d’entre eux savent pertinemment qu’ils n’auront même pas les 60 000 signatures requises pour prendre réellement part à la course pour le poste de président de la République ? Certains diront que le règne finissant du président sortant et l’absence de challengers puissants dans cette drôle de bataille électorale qui s’annonce auraient attiré cet éventail de prédateurs. D’autres peuvent expliquer ce phénomène par le sempiternel appât de l’argent et des privilèges. Tout cela peut être vrai, mais on ne peut s’empêcher de constater qu’à ce stade, ce n’est plus seulement la «chose» politique qui est galvaudée dans notre pays, depuis ces dernières quatorze années, mais c’est toute l’Algérie qui est prise ainsi en otage par une caste de rentiers qui ne désespèrent pas de s’emparer de tous les espaces et de toutes les fonctions et ne s’encombrent d’aucun scrupule pour y parvenir.
R. M.
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