Bonne fête, nos mères, nos sœurs, nos filles, nos véritables Hommes !

Au moment où notre pays se trouve, comme il ne l’a jamais été par le passé, dans une situation difficile, marquée par l’incertitude et le manque de visibilité sur notre avenir et celui de nos enfants, je voudrais, à l’occasion de cette journée du 8 mars, rendre un vibrant hommage à la femme algérienne, et exprimer, en tant que témoin et victime de deux périodes tragiques subies par le peuple algérien, à savoir la guerre de Libération nationale et la décennie noire, toute ma gratitude et ma reconnaissance à nos mères, nos sœurs et nos filles qui ont donné leur vie pour la liberté, celles qui ont combattu l’ennemi armes à la main et celles qui ont été torturées et qui, contrairement à certains hommes, n’ont jamais trahi.
Qu’on me pardonne d’évoquer ici la mémoire de ma mère, qui a donné deux de ses fils, tombés courageusement au champ d’honneur et, qui, jusqu’à la fin de sa vie, espérait les revoir.
Je voudrais également évoquer la mémoire de :
– mon épouse, magistrat à la cour d’Alger, assassinée par des terroristes avides de sang, le 27 février 1995 à Birkhadem ;
– Hassiba Ben Bouali, Malika Gaid, Ould-Kablia, Khalti Fatiha Bouhired, l’héroïne de la bataille d’Alger, épouse du chahid Mustapha Bouhireb, et de milliers d’autres martyres ;
– khalti Houria d’Ouled Allel que les terroristes avaient obligée à assister aux supplices infligés à ses trois enfants, égorgés l’un après l’autre devant ses yeux, et qui est morte de chagrin dans l’indifférence deux mois après cet acte barbare.
– la jeune Katia froidement assassinée à Meftah pour avoir refusé de porter le voile ;
– Nour El-Houda, âgée à peine de 11 ans, qui a été soustraite de l’école à L’Arbaâ en 1995 par un groupe de criminels barbus qui l’ont violée et jetée devant une mosquée ;
– la belle Amel, égorgée publiquement à Sidi Moussa pour avoir continué à suivre des études de droit ;
– Rachida Hammadi et sa sœur Houria, journalistes à l’ENTV, lâchement assassinées le 3 mars 1995 à Châteauneuf ;
– la sœur Odette, de confession chrétienne, qui a consacré toute sa vie pour les pauvres, et qui a été assassinée à Kouba par des fanatiques islamistes ;
– l’avocate Khaddar, atrocement assassinée en 1995 chez elle avec son frère à Ouled
Ayaïch, pour avoir continué à exercer son métier ;
– khalti Fatma, à qui on a ordonné de se taire pour avoir demandé, au cours d’un meeting, la vérité sur la disparition de son fils, et qui est décédée récemment sans en avoir eu à la connaitre ;
– toutes les femmes victimes de la barbarie intégriste et de la bêtise des hommes.
Aujourd’hui, devant la lâcheté et l’impuissance de nous autres les hommes à sauver le bateau Algérie de la dérive, vous êtes, vous nos mères, nos sœurs, nos filles qui n’aviez jamais failli à l’appel de la patrie chaque fois qu’elle était menacée d’un danger imminent, les Hommes de l’Algérie.
Bonne fête !
Djamil Benrabah
 

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