L’historien français Jean-Luc Einaudi nous quitte : adieu l’ami !

L’historien français Jean-Luc Einaudi est décédé samedi 22 mars, à Paris, à l’âge de 63 ans. Il mérite l’hommage que lui rendent ses amis en Algérie. Ce qu’il a fait pour établir la vérité sur les crimes du colonialisme français dans notre pays est incommensurable. Il a réussi à faire sortir de l’oubli les massacres d’octobre 1961, commis dans la capitale française, contre des Algériens sur ordre du préfet de police Maurice Papon. Le pouvoir français avait tout fait pour masquer cet acte criminel et l’effacer de la mémoire pour que personne ne sache jusqu’où la bestialité des colonialistes pouvait aller. Jean-Luc Einaudi a fait échouer cette tentative. Son livre La bataille de Paris. 17 octobre 1961 est devenu une référence incontournable et une pièce maîtresse qui accable l’Etat français en révélant son rôle dans la répression sanglante des luttes des Algériens pour le recouvrement de la souveraineté de leur pays. C’est cette dénonciation d’un crime commis par la France, son pays, durant la colonisation, et de Maurice Papon – ministre jusqu’à 1981 – qui en donna l’ordre, qui l’a fait connaître aux Algériens. Jean-Luc Einaudi est connu pour un autre livre consacré à l’affaire Fernand Iveton, militant de la cause nationale guillotiné le 11 février 1957 dans la cour de la prison de Serkadji, à Alger. Il a mis en lumière le rôle de François Mitterrand, ministre de la Justice à l’époque, qui a envoyé à la guillotine Fernand Iveton, «pour l’exemple», mais aussi bien d’autres militants de la cause algérienne, avant et après. Agissant, non pas comme historien, mais comme militant anticolonialiste et antiraciste, Jean-Luc Einaudi a fait avancer d’un grand pas le processus qui obligera, un jour ou l’autre, les autorités françaises à admettre que la colonisation a été un enchaînement de crimes contre l’humanité. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l’œuvre de Jean-Luc Einaudi, citoyen français, qui a cherché à établir la vérité sur notre lutte pour l’indépendance, et les élucubrations de Yacef Saâdi qui s’attaque, à coup de contre-vérités, à un martyr symbole comme Larbi Ben M’hidi ou à des femmes moudjahidate.
Kamel Moulfi
 

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