Le clan présidentiel anime cinq fois plus de meetings que le reste des candidats

Outre l'appui insidieux – et, à des endroits, flagrant – de l'administration, le soutien massif des nouvelles chaînes de télévision privées, saupoudré d'un zeste d'opposition factice, l'accaparement intégral – il n'y a rien de nouveau en cela – des médias lourds publics, les milliards des patrons, le candidat Bouteflika a droit à cinq fois plus de meetings que ses rivaux, puisque six personnalités politiques assurent sa campagne simultanément : Sellal, Ouyahia, Belkhadem, Ghoul, Benyounès, Saïdani et bientôt Bensalah. Ainsi, les meetings destinés à faire la promotion d’Abdelaziz Bouteflika bénéficient d’une couverture médiatique multipliée par cinq. C'est tout simplement de l'hégémonisme politique équivalent à l’abus de position dominante en économie, voire à de la concurrence déloyale, une infraction prévue par la loi de la concurrence qui sanctionne toute entreprise en situation de domination à cause de son pouvoir de marché et qui profite de sa position pour déroger aux conditions imposées par le marché. Cette campagne ressemble donc à cet «abus de position dominante», mais il semble y avoir un vide juridique qu'il faudra combler. Il faut dire que l’Algérie n’a jamais vécu une situation où un candidat à l’élection présidentielle confie sa propre campagne à des tiers pour le représenter officiellement, y compris vis-à-vis de l’administration et de l’instance de surveillance de ce scrutin. Un cas d’école qui, malheureusement, n’a pas suscité une véritable réflexion chez nos juristes et nos constitutionnalistes. Théoriquement, c’est le rôle de la Commission nationale de la surveillance de l’élection présidentielle, installée depuis plus d’un mois, de veiller au respect de la loi et des principes démocratiques. Mais que peut-on attendre d’une instance qui s’est tue sur toutes les irrégularités qui entachent le processus électoral depuis déjà la désignation impromptue du Premier ministre à la tête de la commission de préparation des ces élections, avant d’en venir à discuter de la légalité d’une campagne présidentielle par procuration ? Politiquement, cette «stratégie» adoptée par les partisans du président-candidat et imposée à tous, vise, en amont, à justifier des résultats à «la soviétique», qui soient à la mesure de la glorification de «l’homme providentiel» vanté dans tous les meetings des six doublures du candidat impotent. En un mot, elle justifiera la fraude annoncée au profit du candidat favori de l’administration et du pouvoir. Au lieu de dénoncer tous ces abus, tous les candidats, à l’exception peut-être d’Ali Benflis, semblent satisfaits des conditions dans lesquels se déroule la campagne et s’échinent, au contraire, à diversifier les thèmes de discours, pour tenter de donner à cette farce un air de pluralité qui n’existe pas réellement.
R. Mahmoudi
 

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