Mouvement de redressement à l’UGTA : Sidi-Saïd sur la sellette

Un comité national revendiquant la «réappropriation» de l’UGTA par les travailleurs a été créé par des syndicalistes. Dans un véritable réquisitoire dressé contre la gestion du secrétaire général Abdelmadjid Sidi-Saïd, ils reprochent, entre autres, à ce dernier son soutien à un quatrième mandat en faveur du président sortant. Le Comité national de réappropriation et de sauvegarde (CNRS-UGTA) est donc né et un appel est lancé en direction de «l’ensemble des travailleurs et les syndicalistes intègres, soucieux du devenir de leur organisation» à créer des comités locaux, de wilaya et régionaux, ainsi que des comités au niveau de tous les entreprises, administrations et espaces de travail. «Nous, syndicalistes et travailleurs venus d’horizons divers, sommes rassemblés autour du seul objectif, à savoir la réappropriation de l’UGTA et sa restitution aux travailleurs», indiquent les initiateurs de cette action, appelant les cadres syndicaux à se joindre à la démarche «pour cet ultime combat pour l’honneur, la dignité et le changement démocratique au sein de l’organisation». C’est donc un véritable mouvement de redressement de l’UGTA qui est ainsi mis sur œuvre, afin, explique-t-on, de permettre aux travailleurs de se réapproprier une organisation qui leur appartient.
Les initiateurs dressent un constat des plus sévères du règne, depuis 17 ans, du successeur d’Abdelhak Benhamouda à la tête de l’organisation. «Obnubilé et acquis corps et âme à la défense d’un hypothétique quatrième mandat et d’une victoire à la présidentielle qui ne peut avoir lieu que par la fraude et le bourrage des urnes, Sidi-Saïd rame à contre-courant des souhaits et des attentes du monde du travail, et va à l’encontre des vœux et des espoirs immenses des travailleurs», lit-on dans la déclaration du CNRS qui ne semble pas digérer la mobilisation de la Centrale et de ses moyens en faveur du candidat Bouteflika. «La responsabilité pleine et entière de cette situation incombe en premier lieu à son chef, imposé au onzième congrès par un triumvirat d’hommes du pouvoir venus à son secours et agissant en violation totale des statuts de l’organisation et des lois de la République», dénonce le comité. Ce dernier considère, en effet, que «le summum de l’inféodation, de la soumission la plus basse et de la trahison la plus abjecte a été atteint, après le lâche assassinat d’Abdelhak Benhamouda, avec l’intronisation de l’actuel secrétaire général à la tête de l’organisation».
«Aujourd’hui, quel bilan et quels enseignements faudrait-il tirer de dix-sept années d’immobilisme, de collaborationnisme, de gabegies, de gestion autoritaire et de règne absolu ?» s’interrogent les rédacteurs de la déclaration. Ils estiment que «le chef actuel de l’UGTA, avec quelques-uns de ses sbires, continue, d’une part, d’entraîner cette organisation syndicale dans les méandres de la turpitude et de la compromission en la maintenant et en l’enfonçant davantage sous la tutelle du pouvoir politique et, de l’autre, en réprimant toutes les velléités d’indépendance et de rupture». Pour eux, «l’organisation syndicale d’Aïssat Idir est aujourd’hui otage d’une poignée de pseudo-syndicalistes jaunes, acquis à la seule cause de la défense de leurs intérêts et la préservation de leurs privilèges». Les fondateurs du CNRS appellent, par conséquent, le patron de l’UGTA à partir et à rendre la Centrale «à ses véritables propriétaires qui ne sont autres que les travailleurs qui se chargeront de l’épurer par les voies démocratiques des éléments responsables de son affaiblissement, de lui insuffler un nouvel élan, une nouvelle dynamique, de nouvelles mœurs, de nouvelles pratiques et une nouvelle politique syndicale». L’omnipotent chef de l’UGTA a déjà été critiqué pour sa gestion des affaires de l’organisation, mais cela fait longtemps qu’il n’avait pas eu droit à une telle volée de bois vert.
Amine Sadek
 

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