La DGSN investit les réseaux sociaux pour soigner son image

Visiblement ébranlée par les vidéos et les photos chocs des maltraitances de citoyens par des policiers lors de manifestations pacifiques qui ont fait le tour de la planète grâce à la démocratisation des réseaux sociaux sur le net, la police algérienne tente de rafistoler son image écornée. C’est ainsi que les responsables de la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale), interpellés sans aucun doute par l’ampleur des réactions au niveau national et même international, ont, selon toute vraisemblance, décidé de jouer la carte de la communication avec le public par Internet afin d’atténuer les effets dévastateurs de la diffusion à grande échelle des photos en question. Après avoir retapé son site web dont les informations sont aujourd’hui actualisées quotidiennement, la police algérienne a intégré officiellement les réseaux sociaux et se dotant d’une page facebook afin d’être très près des tumultes et autres courants qui traversent la société. La DGSN se félicite d’ailleurs que son site web et sa page facebook aient dépassé la barre des 600 000, entre «J’aime» et «Visiteurs». Ce qui, d’après la DGSN, «traduit un grand intérêt porté par les internautes à leur police». La police s’engage, ainsi, à «fournir plus d’actualités sur les nombreuses activités de ses différents services» et à «contribuer inlassablement, et au quotidien, à la dispense de conseils et recommandations en matière de prévention». Certes, ces tentatives restent louables de la part de la Sûreté nationale, mais leur portée ne peut s’avérer qu’insuffisante vu que l’image de la police se trouve complètement altérée par les comportements doublement condamnables, voire inhumains, de certains policiers dont les images et les vidéos ont été massivement relayées à travers le net. Que ce soit à Ghardaïa où les policiers se sont carrément mis du côté des Châambas contre les Mozabites, et de manière inacceptable, surtout que cela vient d’un corps de sécurité censé, en ces temps-là de confrontations intercommunautaires, plutôt s’interposer pour éviter le pire. Les images diffusées sur le net ont mis en évidence cette partialité des policiers, ce qui d’ailleurs avait sorti de sa réserve le patron de la police, le général-major Abdelghani Hamel, qui a ordonné une enquête sur ces dépassements. La violence qui s’est abattue sur les manifestants du mouvement Barakat lors de rassemblements pacifiques à l’occasion de la dernière campagne électorale ont ensuite démontré que ce qui s’était passé à Ghardaïa n’était pas un acte isolé. Là aussi, les images de policiers, molestant par-ci, violentant par-là des jeunes, des vieux, des femmes ont choqué plus d’un. Au point d’amener Hamel à dégager publiquement la responsabilité du corps qu’il dirige dans la répression des manifestants, accablant directement l’administration qu’il pointe du doigt. «C'est l'administration qui réquisitionne la police qui ne fait qu'exécuter les instructions», avait-il asséné. Ce qui s’est, ensuite, passé à Tizi Ouzou avec la répression d’une marche pacifique à l’occasion du Printemps berbère le 20 avril dernier a fini de défigurer durablement l’image de la police chez nos concitoyens qui n’ont d’ailleurs pas hésité à le dénoncer sans ambages. La police était apparue plus comme un appareil de répression digne des années de plomb sous Boumediène que comme un corps de sécurité censé protéger le citoyen. Pour toutes ces raisons, la tâche des responsables de la DGSN de tenter d’améliorer un tant soit peu l’image écornée de la police s’avère plutôt compliquée, même en réussissant à se frayer un chemin au sein des réseaux sociaux.
A. Sadek

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