Etats complices
Par Kamel Moulfi – L’argent détourné d’Algérie arrive en France «par des canaux de transfert qui sont connus, notamment via la Suisse». «Ces réseaux sont jugés acceptables par les autorités françaises.» Ces affirmations qu’il faut relire deux fois pour en croire ses yeux sont de Nicolas Beau – le «lanceur d’alerte» sur les biens d’Amar Saïdani en France – qui les livre à un confrère algérien de la presse écrite. Les deux pays cités, la Suisse et la France, seraient donc complices d’actes de corruption. A quelle place sont-ils dans le classement de Transparency International ? Pour l’année 2013, la Suisse est à la 7e place avec un score de 85, c'est-à-dire proche du 100, considéré comme indice d’un pays «très vertueux» en la matière, et la France, à la 22e position, avec, elle aussi, une bonne note, 71/100. Ou Nicolas Beau se trompe, malgré tous les éléments d’informations qu’il fournit, ou l’organisation internationale qui lutte contre la corruption donne des notes de complaisance à ces deux pays, et on est en droit de se demander pourquoi. D’autres pays occidentaux sont également cités par les médias algériens dans les affaires de corruption et de détournement de fonds. Tout le monde a compris que, pour l’affaire Sonatrach, les déclarations plus ou moins officielles de responsables américains ont suggéré qu’une partie de l’argent détourné pourrait se trouver dans des banques ou avoir servi à l’achat de biens aux Etats-Unis. Singapour et Hong Kong sont souvent cités aussi, de façon plus affirmative puisque c’est là que se trouverait la fortune mal acquise de Farid Bedjaoui, mis en cause dans l'affaire des pots-de-vin impliquant la compagnie pétrolière Saipem et Sonatrach. On dit de Farid Bedjaoui qu’il est détenteur de trois nationalités (algérienne, canadienne, française). Finalement, les pays qui ne cessent de nous donner des leçons de bonne conduite dans les affaires économiques ne sont pas exempts de reproches. Au lieu de leurs conseils, les Algériens ont besoin de leur coopération pour combattre le fléau de la corruption qui mine notre pays.
K. M.
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