Grine ministre de la Communication : le Monsieur Presse de Djezzy pour museler les journaux ?

La corporation est sous le choc. Le chargé des relations avec la presse chez Djezzy, Hamid Grine, a été désigné ministre de la Communication (voir article par ailleurs). Une telle nomination suscite une pléthore d’interrogations. Qui est Hamid Grine ? Ancien journaliste sportif, celui qui deviendra «écrivain» plus tard s’exila au Maroc durant les années du terrorisme, où il passera plusieurs années, avant de retourner en Algérie après l’amélioration de la situation sécuritaire. Dès son retour, il sera employé par l’Egyptien Naguib Sawiris à la tête de la communication de sa filiale algérienne d’Orascom Telecom Holding, Djezzy, qu’il ne quittera pas jusqu’à sa désignation au gouvernement. Pourquoi ce choix ? Selon toute vraisemblance, celui qui a gavé les journaux de publicité, des années durant, a été choisi pour faire taire la presse. En effet, qui osera tenir tête au véritable «rédacteur en chef» des plus grands titres ? On se souvient que l’ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien El-Khabar, Mahmoud Belhimer, avait rendu public, il y a quelques années, à partir de son exil américain, un échange épistolaire vigoureux entre lui et le Monsieur Presse de Djezzy  dans lequel ce dernier le menaça de le faire «virer» par ses «employeurs». Un autre journaliste raconte qu’au début des années 2000, alors qu’il avait rédigé un article sur les faux chiffres de Djezzy et une chute de 30% de ses ventes, il s’était vu opposer un refus catégorique de sa publication de la part des responsables du journal pour lequel il travaillait. Ce journaliste, aujourd’hui installé en France, écœuré par la mainmise de la société de l’Egyptien Sawiris sur les médias algériens, a fini par claquer la porte et quitter le pays aussi. L’arrogant Hamid Grine s’est toujours targué de «nourrir» la presse et ne se gênait pas de le répéter, sans vergogne, aux directeurs de journaux qui lui obéissaient au doigt et à l’œil contre l’achat d’espaces publicitaires qui se chiffraient par plusieurs milliards de centimes par mois. Certains quotidiens engrangeaient jusqu’à trente millions de dinars mensuellement. Le choix de Hamid Grine ne peut répondre à une autre logique que celle de mettre au pas les quotidiens «récalcitrants» qui se sont violemment opposés au quatrième mandat de Bouteflika. Après avoir distribué la publicité de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, Hamid Grine sera désormais appelé à gérer la très convoitée publicité institutionnelle via l’Anep, cette manne grâce à laquelle le pouvoir en place achète sa paix médiatique. Pour cela, le CV de Hamid Grine semble le mieux indiqué pour remplir cette mission.
M. Aït Amara

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