Un suicide et des questions

La mort, hier matin, par pendaison, au garage du consulat général d'Algérie à Lyon, France, de M. Mohand-Amokrane Belmokhtar, attaché de chancellerie âgé de 54 ans, a mis le ministère des Affaires étrangères en émoi. Ce n'est certes pas le premier drame professionnel que la famille diplomatique algérienne a connu depuis 1962 ; elle a subi plusieurs autres épreuves pour des motifs divers et variés. Mais celui qui vient d'endeuiller le CGA de Lyon, en particulier, et le MAE, en général, a profondément bouleversé les fonctionnaires des AE par les questions cruciales qu'il soulève concernant la triste réalité qui prévaut au sein du MAE, notamment pour ce qui est de la gestion des ressources humaines, dont l'opinion publique algérienne a eu un avant-goût lors de la grève générale qui a secoué le MAE entre le 10 et le 17 février 2013, à l'initiative du Syndicat autonome des personnels des affaires étrangères, SAPAE. Les Algériens et les Algériennes avaient découvert, à cette occasion, avec un grand effarement, la situation matérielle désastreuse dans laquelle se trouvent les corps communs et les injustices dont souffrent les diplomates, notamment concernant l'évolution de leur carrière, à cause du favoritisme dont les uns et les autres bénéficient grâce au régionalisme qui mine sérieusement ce département ministériel, toujours à la recherche de sa gloire perdue. M. Mohand-Amokrane Belmokhtar, Allah yerahmou, et mes condoléances les plus attristées à sa famille, est sans aucun doute victime de l'injustice, de la discrimination et de la bureaucratie qui règnent au MAE. Ceux qui l'ont poussé au suicide seront-ils jugés et sanctionnés pour leur forfait ? Comme l'a écrit un journaliste d'un site algérien, qui a publié l'information relative à ce drame, «ces trois responsables se reconnaîtront » et tout le monde doit les connaître au MAE où ils sévissent en toute impunité en raison de leur allégeance au clan des prédateurs qui font de l'Algérie leur fief, par la force et la fraude massive, depuis 1999 notamment. En tout état de cause, un sit-in de dénonciation des mauvaises conditions de travail des diplomates et des corps commun et de soutien à la famille du défunt est prévu, ces jours-ci au MAE, où l'on évoque même la possibilité d'une grève générale.
Rabah Toubal
 

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