El-Adjwaa et d’autres journaux sommés de s’acquitter de leurs dettes auprès des imprimeries

Le quotidien arabophone El-Adjwa est interdit d’impression sur les rotatives publiques en raison d’un cumul de dettes jugé excessif par l’Etat, propriétaire de ces sociétés d’impression, a-t-on appris de sources sûres. D’autres journaux sont également frappés par la même mesure prise par le ministère de la Communication, laquelle vise, selon toute vraisemblance, à mettre de l’ordre dans un secteur dépravé par des «charognards» de la presse, attirés par la manne publicitaire de l’Anep. Pour qu’ils puissent être admis à nouveau auprès des imprimeries étatiques, ces journaux, à très faible tirage, doivent mettre la main à la poche et utiliser un peu de l’argent obtenu à travers la publicité publique gracieusement servie par l’Anep pour s’acquitter de factures d’impression parfois très anciennes. Le cas du journal El-Adjwa, proche du RND – Miloud Chorfi nie en être le propriétaire –, est édifiant en la matière. Ce journal, qui est appelé à payer une dette cumulée depuis des années auprès des imprimeries publiques, a particulièrement profité de la publicité étatique, grâce assurément aux «relations» dont il dispose. Dans un article mis en ligne le 9 août 2013, Algeriepatriotique révélait qu’El-Adjwa, un organe de presse insignifiant, avait empoché 113 milliards de centimes de janvier 2011 à septembre 2012, facturant la page à 500 000 DA par parution. Ce chiffre pourrait avoir atteint 180 milliards à la date de la parution de l’article en question. Au lieu d'être sanctionné après cette révélation, El-Adjwa a utilisé l'argent public ainsi détourné pour la création d'une chaîne de télévision qui a servi à la campagne électorale en faveur de Bouteflika. Le nouveau ministre de la Communication va-t-il aller plus loin, en ouvrant carrément une enquête sur ces bénéficiaires bien spéciaux de la manne publicitaire de l’Anep ? Va-t-il mettre plus de transparence de la distribution de la publicité institutionnelle ? La corporation réclame, depuis fort longtemps, de l’Etat, en plus de bannir les pratiques de clientélisme, de réviser les modalités de la contribution des pouvoirs publics au développement du champ médiatique. Autrement dit, le soutien – si nécessaire – à la presse doit obéir à des critères clairement définis et transparents. L’aide étatique à la presse doit viser l’encouragement du pluralisme de la presse et de la liberté d’expression et d’opinion. L’Etat doit protéger les journaux du pouvoir de l’argent, parfois mal acquis, qui défigure le paysage médiatique. Le nouveau ministre de la Communication, qui en connaît un bout puisqu’il servait abondamment la presse privée de publicité d’un opérateur de téléphonie mobile privé, a du pain sur la planche, car beaucoup de propriétaires de journaux ont le bras long et sont soutenus par des hommes influents du sérail.
Rafik Meddour

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