Haddam et Dhina abandonnent-ils le projet islamique ?

L'Alliance nationale pour le changement (ANC), qui regroupe des personnalités politiques de différents horizons dont des anciens du FIS dissous, rejette l’idée d’un Etat théocratique que voulaient instaurer Abassi Madani et Ali Benhadj au début des années 1990. Dans sa charte rendue publique aujourd’hui, l’ANC, à ne pas confondre avec le parti sud-africain bien entendu, prône plutôt des valeurs démocratiques et républicaines. «L’Etat algérien est civil, respectueux de la volonté de ses citoyens telle qu’exprimée par le suffrage universel. Toute ingérence étrangère, dictature militaire ou théocratique sera rejetée», est-il précisé dans le chapitre relatif aux valeurs de cette alliance qui a repris de vieux slogans du Front des forces socialistes dont d’ailleurs sont issus deux de ses fondateurs, à savoir Karim Tabbou et Samir Bouakouir. Il est à se demander ainsi comment Anouar Haddam et Mourad Dhina ont pu apposer leurs signatures sur ce texte qui est à l’opposé de leurs «valeurs» défendues durant les années de braise. Aussi, dans cette charte, l’islam n’est plus religion de l’Etat. Il est considéré comme la religion de la majorité des Algériens, qui «a droit au respect et constitue un ciment de la société et ne doit pas être sous le contrôle de l’Etat». «Les lieux de culte ne doivent pas être utilisés à des fins partisanes. La liberté de culte et de conscience doit être garantie à tous les citoyens, notamment à ceux qui ne sont pas de confession musulmane», précise-t-on dans le même texte qui bannit «l’usage de la violence pour accéder au pouvoir, se maintenir au pouvoir, régler des différends politiques ou œuvrer pour un changement politique». L’ANC insiste sur l'identité algérienne qui repose sur trois dimensions : Islam, Arabité et Amazighité et la culture, et les deux langues (arabe et tamazight) qui constituent le socle de l’algérianité doivent être reconnues et respectées. En adhérant à cette charte, les Dhina et Haddam semblent ainsi vouloir montrer patte blanche dans l’espoir d’être autorisés à un retour sur la scène politique nationale. D’ailleurs, l’ANC dit aspirer à une véritable réconciliation nationale dans le cadre des devoirs de mémoire, de vérité et de justice et loin de tout esprit de vengeance. Ses membres s’engagent de ce fait à mener toutes leurs actions dans un cadre pacifique et proclament leur droit inaliénable à l’action politique. «Nous estimons que seul un rassemblement de toutes les forces patriotiques, au-delà des clivages idéologiques ou partisans, créera dans notre pays le nouveau rapport de forces qui amènera le changement», soutiennent-ils. Mais ils menacent cependant d’aller vers un changement sans le pouvoir s’il persiste à refuser une période de transition démocratique. «Nous sommes disposés à faire le changement, à travers une période de transition consensuelle, avec la participation du pouvoir actuel. Mais nous le ferons sans lui s’il persiste dans sa fuite en avant», clament-ils. L'ANC se définit comme un cadre d’échanges, de réflexions, de propositions et d’actions communes en vue d'un changement politique réel et de l’édification d'un véritable Etat de droit en Algérie.
Rafik Meddour
 

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