Pourquoi l’Algérie refuse-t-elle le transfert de Rafik Khalifa pour assister à son procès en France ?

Le procès de Rafik Khalifa, le fondateur du groupe éponyme, poursuivi en France pour banqueroute et détournements de fonds, va s’ouvrir ce lundi à Nanterre, en banlieue parisienne, en l'absence du principal intéressé, emprisonné en Algérie après son extradition de Grande-Bretagne. Selon une source judiciaire française citée par l’agence AFP, le gouvernement français a demandé le transfert du «golden boy» algérien à Paris le temps du procès, mais, toujours d’après la même source, le gouvernement algérien n'a pas donné suite à cette demande. «Alger ne veut pas d'un grand déballage public à Nanterre sur les circonstances réelles dans lesquelles cette énorme escroquerie, qui a ruiné des milliers de personnes sans qu'aucun contrôle ne soit exercé, a été mise en place », explique, à ce propos, la source en question. «On aimerait que ce procès donne les clés pour comprendre l'ascension fulgurante de M. Khalifa» qui a bâti en très peu de temps, à la fin des années 90, un empire présent dans les secteurs aérien, bancaire et pharmaceutique, mais aussi les médias et les transports, relève cette source judiciaire. «Mais les débats risquent d'être décevants en l'absence du principal prévenu. Lui seul a les réponses», prévient-on. Le procès qui se tient donc en l’absence du principal accusé risque de tourner court et de ne pas contribuer à comprendre la grande machination fomentée à travers un géant au pied d’argile qui n’a pas tardé à s’effondrer. Pourquoi donc le gouvernement algérien n’a pas donné suite à la demande française ? Que veut-on cacher ? Que craint-on avec la comparution de Rafik Khalifa devant la justice ? N’est-ce pas là une manière d’empêcher la vérité d’éclater au grand jour dans une affaire qui a participé à ruiner d’honnêtes citoyens, mais aussi des institutions ? Rafik Khalifa est devenu pour le système Bouteflika une «boîte de Pandore» qu’il ne faut surtout pas ouvrir, au risque d’assister au grand déballage qui ne manquera pas d’éclabousser de hautes personnalités aux commandes de l’Etat, mais aussi celles gravitant autour du pouvoir. Le procès de Paris concerne, en sus de Rafik Khalifa, dix autres personnes, dont son ex-femme, un notaire, des anciens représentants du groupe Khalifa en France, ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique. Ils sont accusés d'avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d'actifs, notamment trois avions d'une valeur de 5,5 millions d'euros, une douzaine de voitures de luxe, une villa à Cannes de 35 millions d'euros où Khalifa organisait de somptueuses réceptions, avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, notamment.
Amine Sadek
 

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