Haftar donne 48 heures aux Qataris et aux Turcs pour quitter la Libye

Les forces du général Khalifa Haftar ont lancé un ultimatum de 48 heures, à partir de samedi soir, aux Qataris et Turcs pour quitter la Libye, menaçant d’arrêter toute personne de ces deux nationalités une fois l’ultimatum expiré, rapporte Reuters. Selon l’un des porte-parole de Haftar, cet ultimatum a été lancé suite à la découverte de la présence d’agents des services de renseignement turcs et qataris dans plusieurs régions du pays. Ce dirigeant militaire libyen, en guerre contre les milices takfiristes depuis quelques semaines, rejoint ainsi le ministre de l’Intérieur de l’actuel gouvernement qui, dès le premier jour de son investiture, avait donné le ton : «Le Qatar, a-t-il déclaré, a dépassé toutes les bornes dans son immixtion dans les affaires libyennes.» Cette première déclaration du nouveau ministre à la presse en dit long sur la prise de conscience des Libyens et leur détermination à s’affranchir de cette oppression de l’émirat qatari qui pèse sur eux depuis la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Le responsable libyen n’a pas mis de gant pour accuser le Qatar d’être derrière les groupes armés qui sévissent aujourd’hui dans son pays et empêche la construction d’un Etat viable. La Libye était pendant plus de deux ans classée comme un «Etat failli». Ce réveil, bien que tardif, des dirigeants est largement salué par les pays de la région, qui ont tant souffert de la situation d’instabilité qui règne dans ce vaste pays, devenu lieu de concentration de tous les groupes armés affiliés à Al-Qaïda. A l’origine de ce réveil, le coup de sang d’un ancien commandant des forces terrestres, le général Khalifa Haftar, qui a pris, seul, la décision de combattre les milices islamistes. Il l’aurait fait au nom de l’armée de son pays qui n’existe plus. Ses premiers succès ont vite créé un nouveau rapport de forces politiques à Tripoli, où les islamistes pro-qataris, majoritaire au Parlement, ont aussitôt cédé face aux libéraux. La disqualification du gouvernement de Miitig, par une décision de justice, dénote cette audace retrouvée par les Libyens pour se libérer du joug islamiste. Un scénario à l’égyptienne est en train de se dessiner dans ce pays, où la société civile a osé manifester, pour la première fois, contre le diktat des milices, à Benghazi, deuxième ville du pays. Comme en Egypte, il a fallu attendre l’intervention des militaires qui, en pleine domination des Frères musulmans, ont décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière. L’insurrection populaire du 30 juin dernier, appuyée ou inspirée par l’armée, a emporté les Frères musulmans, en même temps qu’elle a sonné le glas du règne de Doha en Egypte. Les nouveaux dirigeants n’ont pas hésité à refuser un prêt de 2 milliards de dollars que l’émirat du Qatar – qui entretemps avait changé de main – avait gracieusement accordé à l’Egypte au temps de l’islamiste Mohamed Morsi. Le Qatar est également désavoué en Tunisie, où la mobilisation des forces patriotiques, appuyées discrètement par l’institution militaire, a poussé les pro-qataris du mouvement Ennahda à revoir à la baisse leurs ambitions de pouvoir et accepter des compromis substantiels avec les autres courants politiques. Ce recul des islamistes privera la Tunisie, comme ce fut le cas pour l’Egypte, des aides du Qatar et le plongera dans une situation de quasi-faillite. C’était pour les Tunisiens le prix à payer. Cette urgence a amené le nouveau gouvernement, début mai dernier, à chercher de l’aide chez le voisin algérien sous forme de prêt non remboursable. Tous les pays n’ont pas cette chance ou cette intelligence d’échapper aux rets d’un autre prédateur islamiste, l’Arabie Saoudite, après s’être affranchis du joug qatari.
R. Mahmoudi
 

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