Bouteflika-Ouyahia : je t’aime, moi non plus !

Celui qui connaît bien Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia sait pertinemment que ces deux figures marquantes de la vie politique algérienne n'ont en commun que leur ambition démesurée et leur forte conviction qu'ils sont nés pour connaître un grand destin. Le premier, malgré une traversée du désert de 20 ans (1979/1999) et de nombreux handicaps, a finalement pu réaliser le sien, grâce à une chance et à une obstination exceptionnelles où la ruse et le relationnel ont été déterminants. Le second serait en passe de rencontrer le sien malgré les péripéties que sa brillante carrière administrative et politique a connues depuis quatre décennies. En ce sens, Ahmed Ouyahia pourrait être qualifié d'ennemi intime d'Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, qui a pourtant essayé, à plusieurs reprises, de mettre fin à la carrière d'Ouyahia, l'homme des missions impossibles, s’est, à chaque fois, à son corps défendant, résolu à lui faire appel pour l'aider à sortir des ornières dans lesquelles sa gouvernance chaotique du pays l'a plongé, depuis 1999. C'est, en effet, révéler un secret de polichinelle de dire que, comme ceux qui n'aiment pas les cadets de la Révolution, dont ils ont supprimé les écoles disséminées à travers tout le pays, Bouteflika abhorre les Enarques, dont Ouyahia est l'archétype, et qu'il ne recourt pas à lui et aux autres Enarques de gaité de cœur. Pour leur part, les membres de cette «secte», dixit Abdelaziz Rahabi, se gaussent entre eux des carences structurelles de Bouteflika «l'autodidacte, qui n'a même pas le bac», et de ses semblables, qui exploitent sans vergogne les cadres de la nation, avant de les jeter comme des citrons pressés ou des kleenex utilisés. Convaincu qu'aucun des loyaux et fidèles membres du premier cercle de son clan ne pourrait assumer la tâche ardue de conduire, avec succès, les consultations sur la révision de la Constitution, qu'il est obligé de mener avec l'opposition légale algérienne, majoritairement unie contre lui, sur injonctions du SG de l'ONU et des puissances occidentales, qui ont ouvertement critiqué sa gestion autoritariste du pays, lequel a enregistré une régression inquiétante dans de nombreux domaines depuis 1999, Bouteflika a, une fois encore, sollicité Ouyahia, pour le sortir de l'impasse, de l'isolement et de la quarantaine interne et externe où les aventuriers du clan présidentiel l'ont fourvoyé, notamment après la mascarade du 17 avril 2014. Cette fois-ci, avec la feuille de route qui a été remise à Ouyahia, Bouteflika ne lui aurait-il pas cédé, par inadvertance, les clés du palais d'El-Mouradia ? De nombreux observateurs de la vie politique, économique et sociale algérienne en sont foncièrement convaincus !
Rabah Toubal
 

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