14 Juillet : «La France demandera bientôt à l’Algérie de reconnaître les bienfaits de la colonisation»

La décision du président Bouteflika de faire participer des soldats de l’ANP au défilé du 14 Juillet en France suscite à la fois une levée de boucliers et une gêne. Embarrassée par une telle initiative unilatérale, la classe politique proche des cercles du pouvoir tente, tant bien que mal, de justifier cette participation en des termes polis mais qui cachent mal un malaise apparent. «Normal» pour les uns, «compréhensible» pour les autres, l’accord secret passé entre Bouteflika et Hollande – quand ? – n’a, en tout cas, pas été annoncé officiellement par les autorités politiques algériennes. Il faudra sans doute attendre la veille ou le jour même du défilé pour qu’un communiqué soit publié par la présidence de la République via l’agence gouvernementale APS pour «informer» l’opinion publique, de manière sibylline, de la participation algérienne aux festivités du 14 Juillet auxquelles la France a toujours accordé une importance primordiale, même en temps de crise. Glissée subrepticement entre deux sujets anodins, la nouvelle de la présence, lundi prochain, de soldats de l’ANP sur les Champs Elysées, aux côtés de militaires de soixante-dix-neuf autres pays, est parvenue aux Algériens par le biais d’officiels français, dont les propos seront confirmés par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une banale visite au port d’Alger. Un confrère installé à Nice, nous a, pour sa part, adressé un message dans lequel il se dit offusqué de ce que «les apatrides de l'OAS ont actuellement le vent en poupe : stèles commémoratives qui fleurissent un peu partout en France, glorifications des leaders de l'OAS, etc.» «Ceux-là mêmes qui ont torturé, violé et assassiné des milliers d'Algériens exigent maintenant une totale réhabilitation de leurs leaders», fulmine ce confrère, qui juge logique que François Hollande se taise face à cette insulte envers les victimes de cette organisation terroriste : «Que le pouvoir socialiste ne réagisse pas est dans l'ordre des choses», écrit ce citoyen algérien qui relève la réaction molle du pouvoir à Alger : «Mais que l'Algérie officielle fasse profil bas m'intrigue». «Quant à la participation de nos soldats aux commémorations du 14 Juillet, s’indigne ce journaliste, cela me révolte profondément», car «c'est une insulte à la mémoire de nos martyrs et à toutes les victimes de la France coloniale». Et de conclure, non sans ironie : «Non seulement ils (les Français, ndlr) ne reconnaissent pas leurs crimes, mais, à ce rythme, ils vont bientôt nous demander de reconnaître les bienfaits de la colonisation.» Le cri de colère de ce compatriote résume la désillusion de tout un peuple dont les dirigeants décident en son nom, outrepassant royalement son sentiment sur des questions qui engagent son avenir ou qui, en l’occurrence, ont trait à sa mémoire, son passé, son histoire.
M. Aït Amara

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