Une femme pour Moussa

On doit marier Moussa. Sa mère, khalti Zohra, accompagnée de quelques dames de la famille, se rend chez khalti Fatma, la mère de Djamila. Moussa fait dans le trabendisme et voyage beaucoup. Djamila, après le BEM raté, est à la maison, faisant le ménage et regardant des films turcs. Dans le tbaq, sous les youyous, de la première visite de convivialité : un tissu en mousseline, du parfum et un portable qu’offre Moussa à sa future fiancée. Djamila s’empare du portable qu’elle n’a jamais manipulé. On le lui apprend. Djamila, la promise, met le portable dans l'armoire, sous les draps.
Lundi
Djamila dort profondément. A 3h du matin, une sonnerie la réveille. Ça vient de l'armoire. Elle se lève, demi-éveillée, ouvre maladroitement l'armoire et prend le portable.
– Allo ! Djamila. C'est Moussa. Je suis en Turquie pour acheter des chaussures pour les revendre en Algérie. Dis-moi ce que tu veux que je t'achète.
– Ce que tu veux, dit timidement Djamila.
– Je vais t'acheter une paire de chaussures rouges.
– Comme tu veux !
Yak, je ne te dérange pas. Il est 6h ici.
– Non ! Non ! dit timidement Djamila en bâillant.
– Au revoir, Djamila.
Mercredi
Djamila dort, il est 4h du matin. Le téléphone sonne sur la table de chevet.
– Allo ! Djamila, c'est Moussa.
Salam aâlik.
– Je ne te dérange pas ?
– Non ! Non ! Je dormais.
– Je suis au Caire en Egypte, je dois acheter des habits pour femmes.
– C'est bien. Allah y aâounek.
– Qu'est-ce que tu veux que je te ramène.
– Ce que tu veux.
– Je vais te ramener une robe bleue avec des dorures.
Saha.
Vendredi
5 heures du matin. Le téléphone sonne, il est sous l'oreiller.
– Allo ! Djamila.
– Oui, dit-elle les yeux bouffis.
– Je ne te dérange pas ?
– Non ! Non ! Je dormais
– Je suis à Hong Kong. Il y a de belles choses. Que veux-tu avoir ?
– Comme tu veux.
– Je vais te ramener une sorte de caraco chinois.
– Merci, c'est gentil.
– Au revoir, Djamila, bonne nuit.
– Bonjour, Moussa !
Samedi
Djamila va voir sa mère dans la cuisine, le portable à la main.
Yemma, tu rends le portable, le parfum et la mousseline de Moussa. Je ne veux plus entendre parler de lui. Mann zéouèdj, habalni !
Abderrahmane Zakad (tiré d’un recueil en cours d’édition), juillet 2014
                      

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