Marché automobile en Algérie : la grande arnaque

Après avoir connu un véritable boom plusieurs années durant, le marché de l’automobile en Algérie est au bord de l’essoufflement. Presque tous les concessionnaires ont fait face durant la première partie de l’année en cours à des baisses parfois très importantes du niveau des ventes, confirmant la dégringolade du marché algérien automobile, entamée en 2013. Durant le premier semestre 2014, les concessionnaires automobiles ont écoulé 183 601 véhicules neufs contre 251 253 unités durant la même période de 2013, soit une baisse de 27%. Une telle situation, encore plus catastrophique pour certaines marques, a contraint les concessionnaires à consentir d’importantes remises pour parvenir à écouler leurs véhicules. Les réductions sur les prix des véhicules atteignent parfois des seuils inespérés pour les clients il y a peu. Le tableau des prix affichés sur les sites spécialisés permet de découvrir ce qui s’apparente à une énorme braderie du véhicule neuf, puisque les remises vont du très symbolique 10 000 DA pour les petites cylindrées dénudées, véritables cercueils roulants, à 350 000 DA, voire plus, pour les berlines moyenne gamme supérieure. Et si les concessionnaires peuvent se permettre d’accorder de telles remises, c’est que leurs marges bénéficiaires doivent être vraiment très larges. Sinon, ils ne se seraient pas risqués à vendre à perte. Cela veut dire aussi que ces représentants des marques étrangères brassent des bénéfices considérables depuis des années, et ce n’est qu’aujourd’hui que leur vente ont chuté de manière notable qu’ils ont consenti à offrir des remises afin de relancer leurs ventes. Et si l’on suit cette logique, on comprendra facilement que le client algérien demeure le dindon de la farce puisqu’il a toujours acheté un produit beaucoup plus cher que son prix réel. Le client algérien est ainsi pris entre le marteau de la cupidité des concessionnaires et l'enclume des taxes nombreuses et excessives imposées par l'Etat (TVA, TVN, taxe douanière, etc.), ce qui augmente le prix du véhicule d'à peu près 30%. Le client algérien est donc déplumé sans qu’il sache la réalité du marché et le prix réel du produit qu’on lui vend. Cette situation fait, évidemment, le bonheur de ces marchands sans scrupules qui profitent du circuit pour s’offrir des yachts et des villas à l'étranger grâce aux «pigeons» algériens, puisqu’une partie de l’argent en devises n'est pas rapatriée en Algérie. L’arnaque ne s’arrête pas là. Il est devenu presque comme une procédure admise de tous que les délais de remise des véhicules après paiement d'une avance s’étirent parfois trop longtemps sans que le client ait une voie de recours. Devant l’indifférence générale, il est donc contraint de prendre son mal en patience, en attendant une hypothétique livraison qui, parfois, prend des mois et des mois. Et comme les concessionnaires sont parmi les annonceurs les plus importants de la presse en Algérie, il devient strictement interdit à cette dernière de faire part des nombreuses doléances des citoyens arnaqués.
A. Sadek
 

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