Y a-t-il un lien direct entre l’attentat terroriste contre l’ANP à Tizi Ouzou et ceux de Tunisie et d’Egypte ?
Les récents attentats meurtriers ayant coûté la vie à quatorze soldats tunisiens dans le mont Chaambi, près de la frontière algérienne, et à vingt et un soldats égyptiens dans un point de contrôle militaire dans l'ouest du pays, sont-ils à rapprocher des attentats qui ont ciblé des soldats de l’ANP en Algérie ces derniers mois ? Au vu du mode opératoire et des «connexions» possibles entre groupes terroristes au Maghreb et au Moyen-Orient, liée a une alliance évoquée par Mokhtar Belmokhtar avec l'EIIL irakien, les similitudes sont en tout cas nombreuses entre les attentats en Tunisie et en Egypte et ceux qui ont fait trois morts et quatre blessés dans les rangs des gardes communaux dans une embuscade à Sidi Bel-Abbès et onze morts parmi les soldats de l’ANP à Tizi Ouzou en avril dernier. Malgré la sécurisation du pays ces dernières années et les succès indéniables contre le terrorisme remportés par l’Armée nationale populaire, les développements survenus au plan international concernant le phénomène du terrorisme islamiste remettent notre pays dans une zone de turbulences et multiplient les risques le long des larges bandes frontalières algériennes, notamment après la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, en Tunisie, en Egypte et au Sahel. L’épisode dramatique de Tiguentourine a servi de test à l’armée algérienne qui a montré ses capacités et sa clairvoyance. Mais le danger reste omniprésent du fait de l’internationalisation du terrorisme islamiste et de la multiplication des groupes islamistes de plus en plus entraînés et pourvus d’arsenaux militaires importants et de moyens de communication sophistiqués. Alors que dans les années 90, l’Algérie combattait un terrorisme émanant de l’intérieur, même s’il était inspiré de doctrines extrémistes importées, aujourd’hui, le danger vient de plus en plus de l’extérieur, avec des connexions à l’intérieur du territoire national à travers des poches qui subsistent notamment en Kabylie. De ce fait, la menace terroriste contre notre pays n'a jamais été aussi palpable que ces derniers temps, au vu des développements internationaux propices à une recrudescence de ce phénomène. En effet, si les violences terroristes s’amplifient en Tunisie et en Egypte, et s’ajoutent à la situation critique vécue en Libye et l’évolution de la situation au Sahel où l’armée française vient de décider de se redéployer, il est évident que toute la région encourt un grand danger d’instabilité. Dans ce contexte, l’Algérie, malgré sa longue expérience dans la lutte contre le terrorisme, pourra-t-elle continuer à y faire face avec autant de réussite si les pays voisins ne parviennent pas à faire de même sur leur sol ? Une collaboration plus soutenue entre ces pays est seule à même d’optimiser la lutte antiterroriste face à des groupes islamistes qui manifestent une tendance à l’unification.
Meriem Sassi