Violence dans les stades : l’Etat combat un monstre qu’il a créé

Longtemps passif et inerte, l’Etat peine à trouver la parade pour juguler les violences dans les stades. Acculés par le drame qui s’est produit à Tizi Ouzou, à savoir le décès suite à des jets de pierres du joueur de la JSK Albert Ebossé et les vives condamnations suscitées au niveau international, les dirigeants algériens, ceux du football en particulier, multiplient les déclarations dans la presse sur la préparation d’une batterie de mesures pour lutter contre ce fléau qui gangrène les stades et qui tue à petit feu le sport de compétition. Aujourd’hui, le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, a appelé les directeurs des 23 wilayas abritant les clubs de Ligues 1 et 2 de football à «appliquer avec rigueur, et dans l'immédiat, les nouvelles directives décidées lors de la dernière réunion interministérielle visant à lutter contre la violence dans les stades». «L'incident ayant coûté la vie à Albert Ebossé est dramatique, mais il ne s'agit pas de traiter ce cas en particulier. Notre but est de lutter intelligemment contre la violence dans les stades, et de manière durable, car personne n'est à l'abri. Ce qui s'est passé à Tizi Ouzou peut se reproduire ailleurs, et c'est justement ce que nous cherchons à éviter», a indiqué le ministre qui fait état de «six principales directives à appliquer dans l'immédiat. A commencer par «l'établissement d'un fichier national des supporters, pour identifier et interdire l'accès au stade aux voyous». Tahmi a appelé également à équiper, au plus vite, les grandes enceintes sportives de caméras pour renforcer la vigilance, ainsi que la formation des stadiers, en étroite collaboration avec la Sûreté nationale. Autre directive : la gestion rationnelle des infrastructures sportives en évitant de les utiliser à des fins lucratives pour «développer le sport à travers tout le pays, et rien d'autre». Tahmi a insisté également sur «la commission de sécurité» qui «doit être toujours active pour pouvoir intervenir rapidement, si besoin est». De telles directives sont-elles suffisantes pour juguler un phénomène qui s’est bien développé et propagé durant les deux dernières décennies ? Suffit-il de hausser le ton devant les responsables du secteur pour venir à bout de cette violence qui a chassé les amoureux du football des stades et qui a contraint les vrais supporters des clubs de suivre de chez eux les matchs ? Assurément pas. D’abord, il faudra construire de vrais stades, aux normes internationales de sécurité. Ensuite, encourager les vrais fans du sport à créer de véritables associations de supporters disciplinés. Et pour traiter la violence dans les stades, il faudra s’attaquer à la violence tout court, là où elle se manifeste. Il ne faudra plus que le policier reste les bras croisés devant des scènes obscènes et des comportements agressifs et déplacés de nos jeunes dans la rue ou ailleurs. L’Etat doit reprendre ses droits et faire régner l’ordre et la sécurité, en faisant preuve de fermeté et de rigueur face aux auteurs de ces violences auxquels il faudra signifier clairement qu’ils ne pourront plus jamais bénéficier de l’impunité ambiante.
Rafik Meddour
 

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