Dossier – Gestion d’Air Algérie : ce que l’audit commandé par Amar Ghoul va découvrir (I)

Après le crash fin juillet du vol AH 5017 de la compagnie nationale de transport aérien Air Algérie, la presse s’est légitimement interrogée sur les raisons qui ont conduit à un tel drame. Les autorités se sont comme d’habitude murées dans un silence inquiétant, laissant le soin aux médias et au gouvernement français d’informer l’opinion publique. Lorsque les responsables algériens se décident enfin à communiquer sur cet accident qui concerne un avion battant pavillon national, ils ne manquent pas d’accuser la presse d’être manipulée par les concurrents et de brandir la fameuse main de l’étranger. Mais, au fond, ces mêmes responsables savent que quelque chose ne va pas à Air Algérie. C’est ainsi que le ministère des Transports a demandé un audit de cette compagnie aérienne publique. Cet audit va assurément révéler de graves dysfonctionnements au sein de la compagnie nationale. Selon des sources très au fait du dossier, la compagnie bat de l’aile à cause d’une gestion et d’un management catastrophiques. Ceux qui connaissent bien la «boîte» ont vu leurs cheveux se dresser sur la tête tant ils redoutaient, prévoyaient même la survenue de drames pareils et s’attendaient à ce que ces malheurs poussent les autorités à une refonte radicale de la compagnie nationale. L’un des points noirs qui vont être sans doute consignés dans le rapport de l’audit est le sureffectif qui représente le principal boulet pour le développement d’Air Algérie. Les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête d’Air Algérie n’ont jamais eu le courage de prendre à bras le corps ce problème. Nos sources attestent que l’entreprise compte pas moins de 10 000 employés pour 42 avions soit 238 agents par avion contre seulement 68 agents par avion à la Royal Air Maroc (3 265 agents pour 48 avions). «Un record mondial !» s’exclament nos sources. Autre fait grave : les gestionnaires d’Air Algérie ont offert sur un plateau d’argent les données sur sa clientèle en déléguant la gestion de cet aspect à Mercator, filiale d’Emirates, une compagnie concurrente de plus en plus présente sur le marché national. Cette dernière a donc accès à des informations sensibles dont celles relatives à l’inventaire de siège, les réservations et les recettes commerciales. «La plateforme de réservation et celle de gestion des recettes commerciales de la compagnie nationale reposent sur des applications (MARSAH et RAPID) développées et domiciliées au niveau d'un concurrent ! «Pour les moins initiés, dont le ministre des Transports, il faut savoir que le système de réservation, le revenu management et les recettes commerciales sont le nerf de la guerre d'une compagnie aérienne. Chez les grandes compagnies, l'accès aux bureaux de tels services est réglementé et sécurisé au même niveau qu'une centrale nucléaire», révèle notre interlocuteur. Ainsi, les responsables de la compagnie nationale tendent la joue aux concurrents pour se faire gifler et crient ensuite au sabotage et à la manipulation.
Hani Abdi
(Suivra)

 

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