Moines de Tibhirine : deux ex-officiers de la DGSE seront entendus par un juge algérien à Paris

Selon l’hebdomadaire français Valeurs actuelles, deux responsables français, Jean-Charles Marchiani, ancien préfet du Var et ex-officier de la DGSE, et Jacques Dewatre, ancien patron de la DGSE, devraient être entendus en France en qualité de témoins par un juge d’instruction algérien dans le cadre de l’enquête sur la mort des moines de Tibhirine en 1996. Leur audition devrait se dérouler dans les prochaines semaines, précise le journal. Il s’agirait de la première étape de la mission du juge d’instruction algérien près la cour d’Alger. Cette mission intervient après un énième report de la venue du juge antiterroriste français en Algérie Marc Trévidic pour poursuivre son enquête. En juillet dernier, le juge français a exprimé son «désappointement» sur les multiples reports de sa visite qu’il ne s’expliquait pas. «En septembre-octobre, une bonne fois pour toutes, il va falloir savoir si on se moque de nous ou pas», a-t-il lâché devant la presse. «Un juge qui fait une enquête est obligé de faire une autopsie dans une affaire criminelle», a-t-il dit, laissant sous-entendre que les autorités algériennes refuseraient sa demande. Dans une commission rogatoire internationale adressée aux autorités algériennes, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux veulent notamment exhumer et faire autopsier les têtes des moines à Tibhirine par deux médecins légistes, en présence d’un expert en empreintes génétiques et d’un photographe de l'identité judiciaire. Ils ont également demandé à écouter certains témoins directs de cette affaire, dont Abderrezak El-Para, actuellement en prison, qui serait un des commanditaires de cet assassinat, avec Djamel Zitouni, le chef d’alors du GIA. Pour sa part, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, avait affirmé qu’«il n’y a aucun différend entre l’Algérie et la France au sujet de cette affaire et que la justice algérienne a chargé un juge d’instruction près le tribunal d’Alger pour mener une enquête». Longtemps présentée comme une affaire française, elle est pour une fois prise en charge par la justice des deux pays. Mais cela n’a pas l’air de plaire aux Français et plus particulièrement aux milieux anti-algériens qui cherchent à orienter l’enquête sur une seule piste, celle d’une «bavure militaire». Ces milieux inspirés s’appuyaient sur de prétendues révélations publiées dans la presse prétendant que les sept moines auraient été abattus par des tirs d’un hélicoptère de l’armée algérienne, puis sur des allégations d’un félon des services algériens, Abdelkader Tigha, résidant aux Pays-Bas, selon lesquelles l’enlèvement des moines aurait été prémédité par son ancien service, avec l’aide de membres du GIA qui auraient été retournés. Viendra ensuite une déclaration, tout aussi suspecte, de l’ex-attaché militaire à l’ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, en juin 2009, qui ravivera chez le nouveau juge Trévidic, qui succédait alors à Jean-Louis Bruguière, toutes les vieilles suspicions.
R. Mahmoudi
 

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