L’école en retard
Par Kamel Moulfi – Cette année encore, beaucoup de parents d’élèves doutent de l’efficacité du système éducatif dans notre pays et ne s’attendent à aucune performance de sa part. Ce qui le prouve, c’est la ruée dès les premières semaines vers les cours de soutien qui s’avèrent un créneau des plus florissants et qui se développent indépendamment, et même dans l’indifférence, du débat autour de la question inutile : faut-il ou ne faut-il pas les autoriser ? La demande pour des cours d’excellence dans certaines matières peu pourvues en enseignants de qualité est très forte. Les parents sont contraints, eux aussi, à des «heures supplémentaires» jusqu’à tard le soir, pour accompagner puis raccompagner leurs enfants sur de longues distances parfois. Certes, cet investissement constitue un bon signe, puisqu’il consiste à placer tout en haut de l’échelle des valeurs le savoir, car il ne s’agit pas seulement d’avoir un diplôme dans la forte concurrence qui se déroule sur le marché du travail. Seulement, l’école algérienne publique, dans ses trois paliers – le secteur privé dans l’éducation étant très marginal –, est en retard sur ce besoin social qui s’exprime de façon évidente et à chaque occasion. En retard, d’abord, visiblement, du point de vue des infrastructures dont l’insuffisance se traduit par la surcharge des classes qui créé un climat peu propice à un bon enseignement. On entend beaucoup parler de constructions et de livraisons d’établissements scolaires, mais en même temps, les gens continuent de se plaindre des très longs trajets que doivent faire leurs enfants pour aller au collège ou au lycée. Dans le chapitre des conditions matérielles, les cantines ne sont pas généralisées partout, ce qui, combiné à l’éloignement du domicile, entraîne une contrainte lourde à supporter pour les élèves. Enfin, le plus important dans ce système : l’enseignant, dont la situation sociale semble avoir connu une amélioration qui en fait à nouveau une profession respectable, mais qui peine à dispenser une formation de qualité. Le secteur de l’éducation ne souffre pas d’un problème de budget. Où est alors le problème ?
K. M.
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