Beur FM commémore le massacre du 17 octobre 1961

En partenariat avec L’Humanité, Beur FM commémore le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Un colloque est organisé aujourd’hui au palais du Luxembourg en hommage à Mouloud Aounit, Henri Alleg, Jean-Luc Einaudi, Jean-Louis Hurst et Elie Kagan. Il y a cinquante-trois ans, le massacre du 17 octobre 1961 perpétré contre les manifestations d’Algériens à Paris était et demeure encore une tragédie vive dans la mémoire collective des deux rives de la Méditerranée, estime les organisateurs qui rappellent la controverse sur le nombre de victimes des tragiques événements. Une controverse qui suscite encore des soubresauts mémoriels, comme sur la véracité des récits d’alors. De nombreux Algériens étaient sortis dans la rue manifester contre le couvre-feu qui leur avait été imposé. La commémoration de cet épisode douloureux du passé colonial de la France en Algérie est l’occasion pour rendre hommage aux victimes de la sanglante régression ordonnée par Maurice Papon, préfet de Paris à l’époque. Si le président français François Hollande a reconnu au nom de la République «avec lucidité ces faits», de nombreuses voix, notamment parmi le mouvement associatif, réclament encore un «geste très fort» de condamnation de ces crimes d’Etat. «Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes», avait-il déclaré en octobre 2012. Pas plus. Ce massacre reste ainsi une plaie pour les Algériens comme celle de 1945. Elle est pour la France une tâche noire de sa sombre histoire coloniale. Des historiens français tentent de comprendre comment ce massacre a été occulté de la mémoire collective en France. Dans un entretien au journal Le Monde, l'historien Gilles Manceron, auteur de La triple occultation d'un massacre (publié avec Le 17 octobre des Algériens, de Maurice et Paulette Péju), a décortiqué les mécanismes qui ont contribué à cette amnésie organisée. Il s'agit pour cet historien d'un événement d'une gravité exceptionnelle, dont le nombre de morts a fait dire à deux historiens britanniques (Jim House et Neil MacMaster, Les Algériens, la République et la terreur d'Etat, Tallandier, 2008) qu'il s'agit de la répression d'Etat la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine. «Comment une répression de cette ampleur a-t-elle pu ne pas être considérée pendant plusieurs décennies comme un événement de notre histoire ? L'historien Pierre Vidal-Naquet a employé le mot «énigme». «Je me suis interrogé sur les facteurs qui permettent d'expliquer comment ce massacre a été occulté de la mémoire collective», s’est-il demandé, considérant qu’il y a une volonté de faire le silence de la part des autorités françaises. «En premier lieu, bien sûr, les autorités impliquées dans l'organisation de cette répression : le préfet de police de la Seine, Maurice Papon, le Premier ministre, Michel Debré, ainsi que Roger Frey, ministre de l'Intérieur. Mais également le général De Gaulle, qui de toute évidence a pourtant été très irrité par cet épisode. Il a néanmoins voulu tirer le rideau sur cette affaire et fait en sorte que les Français passent à autre chose», a-t-il souligné. Il y a également évoqué la censure de la presse, avec l'empêchement des journalistes à se rendre sur les lieux de détention des Algériens.
S. Baker
 

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