L’armée royale s’entraîne de plus en plus près de la frontière ouest

Constatation faite sur le terrain : l’armée du commandeur des croyants est en exercice permanent dans plusieurs endroits à la frontière ouest. L’aérodrome militaire d’Oujda a été réaménagé ces derniers jours. La ville de Figuig a connu un renforcement d’auxiliaires de l’armée. Tandis que la population oujdie s’attendait toujours à une éventuelle réouverture de la frontière. A vrai dire, les Oujdis ne sont pas favorables à toutes les critiques des médias marocains envers l’Algérie. Bouâmrane, un commerçant, et son ami, un hôtelier, espèrent que tout le contentieux entre les deux pays sera épuré, pour le problème du Sahara, diront-ils, seule l’organisation d’un référendum mettra fin à ce conflit qui n’a que trop duré. «Moi, dira Bouâmrane, j’ai la moitié de ma famille résidant dans la wilaya de Tlemcen, nous avons un sang algéro-marocain.» Ainsi, une visite éclair à Oujda démontrait combien le désespoir anime la population, qui depuis le début du siècle dernier se considère plus algérienne que marocaine. Mais l’influence du Makhzen et son DST présent en permanence ont obligé tous les commerçants à collaborer, à espionner les Algériens. Sur la route de Nador, El-Hoceima, le long du trajet, on a été apostrophé par des jeunes qui proposaient la vente de cannabis à des prix réduits. Nous avons compris de ces jeunes que le cannabis dont ils disposaient ne fait pas partie de la récolte supervisée par les éléments du Makhzen. Ils ajoutent que les éléments des services marocains – ils les appellent el-mkhaznia – contrôlent toutes les ventes de kif et assurent le transport jusqu’à la frontière. Toute la récolte est dirigée vers l’Algérie, nous expliquent ces jeunes qui, chômage oblige, se sont convertis en dealers pour le compte des gros bonnets qui roulent en 4X4 noires. A Chefchaouen, une ville retirée de l’axe routier, les éléments de la Gendarmerie royale sont tous issus de Rabat et gardent l’œil vigilant sur la population et les visiteurs étrangers. Pour passer inaperçu, nous explique Si Fettou, il faut porter la tenue locale : «Nous les Rifains, nous sommes contrôlés et surveillés à l’extrême.» Il ajoute que son père était au maquis en Algérie de 1959 à 1962. A la sortie de Nador, la caserne militaire des auxiliaires a été réhabilitée depuis le mois d’octobre, avec l’installation de bataillons de militaires transférés du centre de l’Atlas de Taza et Fès.
Cheikh Hamdane
 

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