Macron répond à Le Pen : «Rassurez-vous, nous ne transférerons pas de technologie à l’Algérie !»

La réponse du ministre français de l’Economie et de l’Industrie à Marine Le Pen ressemble au discours de Nicolas Sarkozy à Casablanca, lors du lancement des travaux du tramway dans la capitale économique marocaine. Pragmatique et conscient de l’intérêt de l’usine Renault d’Oran pour une France en crise, Emmanuel Macron a assimilé les propos de la présidente du Front national à des «âneries», arguant que «l’ouverture de cette usine est au contraire une très bonne nouvelle pour la France». L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, avait tenu les mêmes propos au Maroc, en énumérant les nombreux avantages que la construction du tramway de Casablanca – un gouffre financier pour un Maroc surendetté et qui vit des crédits de l’Union européenne et des dons des monarchies du Golfe – allait engendrer pour l’économie française. S’agissant de l’usine Renault d’Oran, le ministre français de l’Economie et de l’Industrie a précisé, toujours dans sa réponse à Marine Le Pen, que «40 % des pièces utilisées dans l’usine algérienne, qui devrait produire 25 000 voitures par an dans un premier temps, uniquement à destination du marché local, proviendront de France et y généreront donc de l’activité». La production de 40% des pièces entrant dans le montage – et non pas la fabrication – de la Symbol française – et non pas algérienne –, signifie que des milliers d’emplois ont été sauvegardés en France contre la création de 300 en Algérie. Un chiffre insignifiant comparé au tapage médiatique qui a entouré l’inauguration de cette petite usine dans l’ouest du pays. A ses détracteurs dans l’Hexagone, le représentant du gouvernement Valls met en avant la nécessité pour la France de «créer de l’adhérence» avec l’économie de son pays. Et de réduire à néant le discours béat du gouvernement algérien : «Mais à la condition que nous gardions la propriété intellectuelle.» Sur le plan du transfert technologique, l’Algérie n’a donc rien à gagner dans ce partenariat dont on répète sans cesse de ce côté-ci de la Méditerranée qu’il est «gagnant-gagnant». Plus grave, le ministre français de l’Economie et de l’Industrie explique que la «précipitation» qui a caractérisé la construction d’une usine Renault en Algérie répondait à une course pour la «bonne affaire» : «Si Renault n’avait pas pris cette décision de relocalisation en Algérie, un autre l’aurait prise à sa place.» Allusion à l’allemand Volkswagen et à l’italien Fiat empêchés de s’installer en Algérie en raison d’une clause dans l’accord entre le gouvernement algérien et le constructeur français qui accorde à la marque au losange trois ans d’exclusivité dans le domaine du montage automobile en Algérie. D’ailleurs, l’affaire est tellement juteuse pour la France, qu’«une nouvelle vague d’investissements tricolores dans l’ancienne colonie» est annoncée : «Nous avons identifié 21 projets qui devraient permettre de créer de l’emploi en Algérie, mais aussi en France», a indiqué de son côté Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. Il s’agirait d’investissements prévus par Air Liquide, Suez environnement, Alstom et Airbus Helicopters, entre autres. La France marque ainsi un retour en force sur le marché algérien, grâce à une perche tendue par Bouteflika à la France en guise de remerciement au soutien que Paris a apporté à son très controversé quatrième mandat.
Karim Bouali

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